Consultant indépendant sur l’énergie et le climat, chercheur associé du centre énergie et climat de l'Ifri
Actu-Environnement : Vous critiquez la stratégie du gouvernement en matière d'éolien. Ne vous semble-t-elle pas à la hauteur ?
Cédric Philibert : Dans ce domaine, les intentions du gouvernement ne sont pas claires. Certes, il met en chantier une loi d'accélération des renouvelables. Mais après avoir donné un sérieux coup de frein à l'éolien terrestre, en reculant à 2050 l'objectif fixé pour 2030. La vision pour l'énergie présentée par Emmanuel Macron, le 10 février, à Belfort, épouse en réalité le scénario le plus nucléaire de l'étude « Futurs énergétiques 2050 » de RTE (Réseau de transport d'électricité), qui inclut 14 EPR, des Small Modular Reactor (SMR) et la prolongation de 24 000 mégawatts des parcs nucléaires actuels jusqu'en 2050.
AE : L'éolien et le nucléaire ne peuvent-ils pas se compléter ?
CP : En 2050, un certain nombre de centrales auront dépassé soixante ans. Or, si le programme industriel « Grand Carénage » en cours vise leur prolongation de quarante à cinquante ans, celle-ci n'est pas encore garantie. Encore moins jusqu'à soixante ans. Par ailleurs, d'ici à 2035, aucun nouveau réacteur nucléaire ne pourra être mis en service, sauf l'EPR de Flamanville. Or, on assiste à l'épuisement du parc. On l'a vu de façon spectaculaire avec les problèmes de corrosion sous contrainte, sur des réacteurs...