C'est une machine hors norme, aux promesses ambitieuses, qui s'assemble dans le sud de la France depuis plusieurs années. Iter, le plus grand programme de recherche international, associe 35 pays, dont sept membres principaux que sont la Chine, l'Europe, l'Inde, le Japon, la Corée, les États-Unis et la Russie. Tous ont mis en commun des moyens humains, industriels et financiers, pour démontrer que l'énergie de fusion nucléaire, celle qui se crée à l'intérieur du soleil, peut être reproduite sur Terre. La technologie s'est imposée dans les années 1960, mais le chantier pharaonique n'a débuté qu'en août 2010. Aujourd'hui, 85 % du génie civil des bâtiments sont achevés, et laissent la place à la phase d'assemblage de la machine baptisée Tokamak.
Des ressources à créer
Le combustible de la fusion est composé à 50 % de deutérium et à 50 % de tritium, deux isotopes d'hydrogène. Si le deutérium est extrait de l'eau depuis soixante ans, le tritium n'existe pas à l'état naturel. Le projet Iter va donc également inventer des modules tritigènes pour fabriquer du tritium au sein même du Tokamak.
Le gros avantage de la fusion par rapport à la fission nucléaire est qu'elle ne produit pas de déchets à haute activité. Aussi, elle serait plus sûre, il n'y aurait pas de risque d'emballement de la réaction ni de risque de fonte du cœur. « Dans une installation de fusion, on n'a jamais plus de 1 ou 2 grammes de combustible gazeux. La machine est alimentée en continu. Dès qu'un paramètre n'est pas nominal, tout s'arrête ; et si on perd le refroidissement, ce n'est pas grave », explique Robert Arnoux, ancien grand reporter au quotidien « La Provence » et auteur de plusieurs livres sur le nucléaire, aujourd'hui responsable de la communication du projet Iter. L'objectif d'Iter est de produire 500 mégawatts de chaleur en injectant dans le plasma 50 mégawatts de puissance. À terme, si les essais sont suffisamment concluants, les prochaines centrales nucléaires à fusion, qui pourraient apparaitre en 2050 dans certaines régions du monde, produiront autant que des centrales nucléaires à fission, ni plus, ni moins.
Un projet aussi local qu'international
La phase d'assemblage de la machine va encore durer huit ans. Si la crise de la Covid-19 a ralenti les opérations, la guerre en Ukraine n'aurait pas d'impact. La Russie est censée envoyer des éléments très importants pour finaliser l'assemblage. Le coût estimé du projet est d'environ 22 milliards d'euros. La France y contribue à hauteur de 10 %, mais en tant que pays d'accueil du projet, elle profite d'avantage des retombées économiques, notamment pour toutes les entreprises nationales et surtout locales qui y participent. C'est pourquoi les collectivités territoriales se sont fortement impliquées : la Région Paca, les Bouches-du-Rhône, le Pays-d'Aix, le Var, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence ont ainsi apporté 467 millions d'euros.