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Actu-Environnement

Vers une nouvelle science de l'adaptation

Changement climatique : le casse tête de l'adaptation Actu-Environnement.com - Publié le 21/07/2015

L'adaptation au changement climatique nécessite de bien connaître les périls auxquels la société est exposée. Une analyse nécessaire, mais utile seulement si elle s'accompagne de transformations concrètes pour limiter voire supprimer ces risques.

Changement climatique : le casse tête...  |    |  Chapitre 1 / 5

Un message clair et sans l'encombrante diplomatie, c'est ce qu'a demandé la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal aux 2.000 scientifiques réunis à l'Unesco début juillet pour évoquer Notre Avenir Commun face au Changement Climatique (conférence Our Common Future Under Climate Change). La création "d'un corpus de connaissance solide pour adosser les décisions politiques à une compréhension du changement climatique" est une condition nécessaire au succès selon Flavia Schlegel, sous-directrice générale à l'Unesco en charge des sciences exactes et naturelles. "Pour nous hisser à la hauteur de ces défis, nous avons besoin d'une science plus intégrée, s'appuyant sur toutes les disciplines, y compris les sciences humaines et sociales, et combinée aux connaissances autochtones". En effet, en matière de changement climatique, l'enjeu n'est pas seulement d'amener toutes les sciences à dialoguer entre elles, mais aussi à les partager avec tous les citoyens et les décideurs politiques, "et ce n'est pas là une tâche facile", a insisté Flavia Schegel.

La dialectique de l'atténuation et de l'adaptation

L'objectif que s'étaient fixé les organisateurs de cette conférence scientifique était ambitieux : il s'agissait non seulement de faire état de la connaissance actuelle de toutes les dimensions du défi posé par le changement climatique, mais aussi d'explorer l'ensemble des options d'atténuation et d'adaptation pouvant conduire à la mise en place de solutions durables et équitables pour l'ensemble des états et des régions du monde. Atténuation et adaptation : deux mots clés pour parler du changement climatique et se projeter dans un siècle riche en défis. Deux approches aux significations différentes, mais complémentaires. Quand l'atténuation s'attaque aux causes du problème, par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'adaptation cherche à réduire les risques associés aux conséquences des changements climatiques. Pas question de se passer de l'une des deux approches car, même si les émissions devaient décroître fortement dans la décennie à venir, l'adaptation serait quand même nécessaire pour faire face aux changements globaux qui déjà se mettent en place.

La science de l'adaptation

C'était là l'un des messages portés par le Professeur Saleemul Huq, chercheur associé à l'Institut International pour l'Environnement et le Développement de Londres et expert en matière de liens entre le changement climatique et développement durable, notamment dans les pays en développement. Le Pr. Huq appelle la communauté scientifique à reconnaître la naissance d'une nouvelle science dans la place croissante prise par les recherches et études consacrées à l'adaptation au changement climatique au cours de la dernière décennie.

Le concept d'adaptation tel que l'aborde le Pr. Huq revêt plusieurs aspects. Tout d'abord, parler d'adaptation suppose de reconnaître et d'accepter le phénomène des changements climatiques. Une part significative de la population mondiale, pour l'essentiel dans les pays les moins avancés (PMA), y est confrontée quotidiennement. Pourtant, les "pays occidentaux" et la communauté scientifique se contentent encore trop souvent d'analyses très générales des problèmes et échouent à aborder la phase de discussion relative à la proposition de solutions.

Pourtant, l'enjeu de l'adaptation est bien d'apporter des solutions au problème, et non pas seulement de l'analyser. "Nos connaissances sur l'adaptation vont évoluer en combinant la pratique et l'apprentissage : nous allons apprendre en faisant", a souligné le Pr. Huq.

La première étape est de mettre fin à la mal-adaptation. Le siècle passé et le commencement de ce siècle-ci ont été marqués par un processus de vulnérabilisation des environnements. L'arrêt de la mal-adaptation va de pair avec le fait de ne plus accroître la vulnérabilité des éco-systèmes. L'étape suivante est d'améliorer l'adaptation et de mettre en place une série d'investissements résistants au climat. La troisième porte sur l'adaptation transformative, "qui ne consiste pas simplement à étudier les risques auxquels il faut faire face, mais qui porte en germe l'opportunité pour nous de nous retrouver dans une situation plus favorable qu'à l'origine", explique Le Pr. Huq. "A nous de saisir ce défi comme d'une raison pour évoluer, pour créer des possibilités nouvelles, et non simplement comme un phénomène aux effets indésirables", ajoute-t-il.

L'adaptation et les nouvelles dimensions de la co-production de connaissance

La co-production de la connaissance est également un élément clef de l'équation. En matière d'atténuation, comme c'est le cas pour d'autres champs d'investigation, le paradigme actuel veut que la connaissance soit produite dans le nord (c'est-à-dire dans les pays développés), puis transférée au sud (notamment aux PMA) ; de même, les pays riches mènent la recherche dont il résulte de nouvelles technologies qui font l'objet de transferts aux pays en développement. En matière d'adaptation, "ce n'est pas la seule dimension et, de fait, on assiste peut-être à un renversement du sens du transfert ", explique le Pr. Huq. A ce jour, les 48 PMA ont opéré davantage de planification, sont plus avancés dans la mise en œuvre et gravissent la courbe d'apprentissage des pratiques d'adaptation. De là découlent deux nouvelles dimensions du transfert de technologie et de connaissance : entre pays du sud d'une part, et des pays du sud vers les pays du nord d'autre part.

Co-production de la connaissance, clarté du message scientifique, liens entre science et politique, démocratisation de la production et du transfert de connaissance. Tous ces éléments associés à l'adaptation au changement climatique font de celle-ci plus qu'une science : une attitude. Une approche nécessaire qui devrait être reconnue et légitimée par la population mondiale, espérons-le, à l'occasion de la COP 21 à Paris. Il appartient aux décideurs politiques, scientifiques, médias, entreprises multinationales et citoyens qu'il en soit ainsi.

Massimiliano Granceri, Doctorant à l'ENPC sur les écosystèmes

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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