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Filière meubles : une mise en place difficile

Déchets : la responsabilité élargie des producteurs prend de l'ampleur Actu-Environnement.com - Publié le 27/09/2010
Déchets : la responsabilité élargie des...  |    |  Chapitre 7 / 7
   
Filière meubles : une mise en place difficile
   
Contrairement à celle consacrée aux déchets dangereux des ménages (voir chapitre précédent), la filière des déchets d'ameublement a été moins anticipée car elle ne découle pas d'un engagement du Grenelle. Prévue au 1er janvier 2011 par la loi Grenelle II, la filière ne devrait pas voir le jour avant la fin 2012.

''Cette date a été fixée tout en sachant qu'elle ne serait pas respectée, constate Philippe Joguet, chef du service Réglementations et développement durable à la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD). ''La création de cette filière est à l'initiative des parlementaires. A mon avis, la démarche que proposait le gouvernement était plus rationnelle : d'abord expertiser la filière pour la mettre à plat, avant de la figer dans le marbre''.

Moins compliquée que pour les déchets diffus spécifiques - ou déchets dangereux des ménages - la définition du périmètre de la nouvelle filière n'est pas sans poser quelques difficultés, d'autant plus que la loi précise que les meubles des professionnels et des particuliers sont concernés.

''Devraient être intégrés dans la filière tous les biens meubles dont la fonction principale est l’ameublement d’un lieu, incluant tant ceux provenant des ménages que ceux provenant des professionnels ou des collectivités'', explique Yannick Prebay, chef du bureau de la qualité écologique des produits au ministère de l'environnement. ''La frontière est parfois floue avec les éléments de décoration ou ceux liés à la structure des bâtiments''. Les tables de jeu (bridge, billard) ou les pianos ne devraient pas être concernés, leur fonction étant avant tout ludique ou décorative.

''Deux paramètres distinguent notre activité'', rappelle Jean-Charles Vogley, directeur de la Fédération française du négoce de l'ameublement et de l'équipement de la maison (Fnaem). ''Nos produits ont une très longue durée de vie : 12 ans pour une literie en moyenne, 23 à 24 ans pour une cuisine, 12 à 13 ans pour les meubles ''meublant'', et ce avant réemploi. Car dans 46,5% des cas, les consommateurs gardent leurs meubles ou les donnent''. Soit un très fort taux de rémploi.

Des incertitudes en matière de mode de traitement

Cela ne simplifiera pas le mode de collecte de ces déchets, et donc leur traitement, qui constituent les grandes difficultés de la filière. ''Une bonne partie de la « crème » des déchets d'ameublement n'arrive jamais dans la filière de gestion des déchets, constate Yannick Prebay. Les gros gisements vont être constitués de parties de meubles difficiles à traiter : panneaux de particules, pièces plastiques, pièces multimatériaux…''. Les panneaux de particules peuvent bénéficier d'une valorisation matière, mais celle-ci est actuellement très réduite. Ils sont principalement incinérés de manière à traiter correctement les composants dangereux qui les composent. Même le bois massif ne trouvera pas forcément d'exutoire autre que l'incinération, puisqu'il est le plus souvent traité.

Les matelas posent également un problème particulier. Par leur taille, ils perturbent le fonctionnement des incinérateurs dont ils peuvent boucher les fours. Ils perturbent également les décharges en se décomposant difficilement et ne produisant pas de biogaz. Aucune voie de réutilisation, notamment du fait de questions sanitaires, ou de valorisation n’existent réellement pour l’instant et la viabilité économique des projets en cours se pose, indique Yannick Prebay. La création de la filière REP devrait enfin permettre de développer une solution spécifique pour ces déchets - broyage avant valorisation énergétique, voire recyclage. La Fnaem souhaite ainsi qu'une partie du financement de la filière soit accordée à la recherche et développement sur la recyclabilité des matériaux.

Le coût de la filière devrait se chiffrer en centaines de millions d'euros et atteindre une fourchette haute de 500 millions d'euros par an, pour un gisement de 1 à 2 millions de tonnes par an. Quant à la collecte, elle pourrait s'appuyer sur un réseau d'ores et déjà existant dans les collectivités, et constitue déjà un important rouage de l'économie sociale et solidaire. ''Rapporter ses meubles en magasin ne me paraît pas très réaliste, estime Jean-Charles Vogley. Dans le secteur de la vente à emporter, qui représente en volume 65% du marché de l'ameublement domestique, le consommateur emporte le meuble dans plus de 95% des cas. Je le vois mal, après usage, démonter ses meubles qui prendront alors trois fois plus de volume que lors de l'achat, les mettre dans sa voiture et les ramener en magasin''.

''De nombreuses collectivités ont déjà monté une filière de collecte des meubles, confirme Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce, qui souhaite que ces initiatives et ces collectivités soient valorisées''.

Victor Roux-Goeken

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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