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Sécuriser les ressources dans un contexte de tensions croissantes

Quel avenir pour les matières recyclées ? Actu-Environnement.com - Publié le 10/09/2012

Avec l'épuisement des ressources minérales et fossiles, les matières recyclées bénéficient d'un soutien renouvelé. Un mouvement qui s'amplifie, comme l'illustre les initiatives des pouvoirs publics relatives aux métaux stratégiques.

Quel avenir pour les matières recyclées...  |    |  Chapitre 2 / 12
Sécuriser les ressources dans un contexte de tensions croissantes
Environnement & Technique N°317 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°317
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Depuis les années 1970, à la suite notamment du premier rapport du Club de Rome, la question de l'épuisement de diverses ressources fait l'objet d'un vif débat. S'il est loin d'être clôt, comme l'illustre la polémique relative au pic pétrolier, personne ne remet aujourd'hui en cause le caractère hautement stratégique des réserves énergétiques et minérales. Il est ici surtout question d'assurer un approvisionnement à un coût raisonnable.

Des ressources de moindre qualité et plus onéreuses

On entend par réserve la partie économiquement valorisable d'une ressource compte tenu des technologies et des débouchés actuels. Paradoxalement, bien que l'extraction des minerais puise dans les réserves connues, ces dernières peuvent néanmoins augmenter. En effet, la découverte de nouvelles ressources exploitables, ou la possibilité de puiser dans des ressources connues mais jugées jusqu'alors inexploitables, permet leur réévaluation à la hausse.

Néanmoins, le maintien du volume des réserves disponibles masque une baisse de qualité de la ressource. Anne-Sophie Audion, Ingénieur géologue au service Ressources minérales du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), expliquait à l'occasion du séminaire du Centre technique des industries de la fonderie (CTIF) en juin 2012, que le minerai contenant plus de 1,5% de cuivre s'épuise, imposant l'exploitation de minerais nettement moins riches (de l'ordre de 0,4% à 0,8% pour le minerai primaire). L'enjeu à court et moyen termes ne se pose donc pas nécessairement en terme de quantité mais plutôt en terme de coûts, surtout lorsque la demande croît.

Du côté des coûts d'extraction, l'accès aux métaux dépendra progressivement de procédés de valorisation onéreux, ainsi que de la mise en exploitation de gisements dans des zones à risques géopolitiques élevés. Une tendance qui devrait se traduire selon la spécialiste du BRGM par le développement de mines géantes, la poursuite en très grande profondeur ou en exploitation souterraine de l'activité des mines à ciel ouvert, l'automatisation des installations, la valorisation accrue des sous produits miniers et la recherche de gisements non-conventionnels tels que les nodules polymétalliques. Seuls les plus grands groupes miniers mondiaux pourront réaliser de tels investissements. Une situation qui fait craindre une dépendance accrue vis-à-vis de certains de ces grands groupes ou de certains Etats accueillant ces mines géantes.

Quasi-monopole sur certaines ressources stratégiques

L'UE s'inquiétait en 2008 du quasi monopole de certains pays sur certains métaux : la Chine produit 95% des terres rares utilisées dans de très nombreux produits de haute technologie, le Brésil produit 90% du niobium indispensable à certains alliages d'acier et l'Afrique du Sud produit 79% du rhodium nécessaire aux filtres catalytiques des voitures. Face à ces risques stratégiques, l'UE militait déjà pour le développement du recyclage des matières premières stratégiques (cf tableau ci-après). En 2012, la plainte relative aux terres rares déposée devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) par les Etats-Unis, le Japon et l'Union européenne (UE) contre la Chine confirme les tensions géopolitiques liées aux ressources les plus convoitées.

Le phénomène devrait s'accentuer puisque les métaux recherchés sont de plus en plus nombreux pour répondre à une demande croissante de produits toujours plus variés. Anne-Sophie Audion, rapportait qu'une cinquantaine de métaux sont recherchés aujourd'hui, contre une quinzaine durant la décennie 1990 et une dizaine lors de la décennie précédente. Cette évolution s'explique par la hausse de la demande en bien et service associée à la croissance économique. Au fur et à mesure que le PIB s'élève, les besoins en infrastructures se réduisent au profit des produits électroménagers et de l'automobile. Une troisième phase voit apparaître l'émergence de la demande en produits de loisir (télévision par exemple) et en technologie de l'information.

Vers la ressource "déchets"

Dans ce contexte, les déchets recyclables constituent un enjeu en matière d'approvisionnement. A cet égard, la Feuille de route pour une Europe efficace dans l'utilisation des ressources présentée par la Commission européenne en septembre 2011 propose de "diminuer notre dépendance à l'égard des importations de matières premières", notamment en s'assurant que "d'ici à 2020, les déchets [soient] gérés comme des ressources". Une généralisation de la collecte sélective, un recyclage de haute qualité et le développement de marchés fonctionnels pour les matières recyclées, sont préconisés pour y parvenir.

L'approche semble d'autant plus intéressante que la production de déchets atteint un niveau astronomique. "Chaque année, dans l'Union européenne, nous jetons 2,7 milliards de tonnes de déchets", rappelle la Commission, ajoutant qu'"en moyenne, seuls 40% de nos déchets solides sont réutilisés ou recyclés". Et de poursuivre : "dans certains États membres, plus de 80% des déchets sont recyclés, preuve qu'il est possible d'utiliser les déchets comme une ressource clé dans l'UE".

De même en France, les liens entre approvisionnement en ressources rares et recyclage se sont resserrés puisque la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) du ministère de l'Industrie coordonne les deux sujets. Certaines orientations de cette direction générale traduisent clairement que les pouvoirs publics considèrent maintenant le recyclage comme un enjeu de sécurisation des approvisionnements et non plus comme un des modes de gestion des déchets.

Ainsi, la DGCIS pilote le Comité stratégique des éco-industries (Cosei) créé en juillet 2008 par les ministres de l'Ecologie et de l'Industrie et dont l'un des objectifs est de travailler sur le traitement des déchets. Un groupe de travail, intitulé Valorisation industrielle des déchets, est présidé par Igor Bilimoff, le directeur général de la Fédération des entreprises du recyclage (Federec), ce qui éclaire sur le traitement des déchets qu'il entend promouvoir. De même, le plan Ambition Ecotech lancé en janvier 2012 par le Cosei prévoit des mesures pour promouvoir l'utilisation des matières recyclées dans l'industrie. Par ailleurs, la DGCIS coordonne les actions du Comité pour les métaux stratégiques (Comes) créé en janvier 2011 et qui "propose toute mesure permettant de renforcer la sécurité d'approvisionnement française (…) notamment en ce qui concerne les possibilités d'économies ou les substitutions de matières premières, leur récupération et leur recyclage", précise clairement le décret portant création du comité publié le 24 janvier 2011.

Philippe Collet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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