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Protection des captages d'eau potable contre les micropolluants d'origine agricole

Micropolluants : la lutte s'intensifie Actu-Environnement.com - Publié le 28/11/2016
Micropolluants : la lutte s'intensifie  |    |  Chapitre 5 / 11
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L'activité agricole implique l'utilisation de substances chimiques qui peuvent avoir un effet à faible dose sur l'environnement et les eaux, en appliquant des produits phytosanitaires pour la protection des cultures. La pollution engendrée par ces micropolluants d'origine agricole peut être qualifiée de ponctuelle ou diffuse. Les sources de pollutions diffuses sont difficilement identifiables, et concernent souvent une surface importante d'un territoire. Ces molécules peuvent se retrouver progressivement dans les nappes, parfois plusieurs années après leur émission, par transfert progressif à travers les différentes couches du sol.

   
Place des principaux acteurs dans la réalisation des différentes phases de la démarche de protection des 500 premiers captages prioritaires. Source : APCA, 2015.
 
   
La Directive cadre sur l'eau (DCE) fixe au niveau européen des objectifs environnementaux comme la non dégradation et l'atteinte du bon état chimique de toutes les masses d'eau, qu'elles soient destinées à l'alimentation en eau potable ou non. Dans le cadre de cette directive, les Etats membres doivent notamment agir pour protéger leurs captages d'eau potable afin de maintenir voire de lutter contre la dégradation de la qualité de la ressource. Bien que l'eau distribuée soit de bonne qualité, l'objectif est d'améliorer la qualité de l'eau brute en réduisant les émissions à la source, moins coûteux sur le long terme que les traitements curatifs selon la Cour des Comptes.

La lutte contre les pollutions agricoles est un enjeu à la fois d'environnement et de santé publique. Entre 1998 et 2008, 878 captages ont été abandonnés à cause d'une dégradation de la qualité de l'eau vis-à-vis des polluants agricoles. Soit environ 18% des cas d'abandon. En France, près de 3.000 captages d'eau potable ont été identifiés comme étant sensibles aux pollutions diffuses. Depuis 2009, 534 captages, parmi les plus sensibles, doivent faire l'objet d'un plan d'actions pour lutter contre les pollutions diffuses. Depuis le 1er janvier 2016, se sont ajoutés 500 nouveaux captages prioritaires, portant à 1.000 le nombre de territoires pour lesquels une démarche de protection doit être déployée.

Etat d'avancement de la démarche de protection des 500 captages prioritaires

Lors de l'établissement des 500 premiers captages prioritaires en 2009, les ministères en charge de l'écologie, de l'agriculture et de la santé avaient fixé pour objectif de définir un plan d'actions, pour chaque captage, au plus tard fin 2012. Or en 2015, une enquête réalisée par les Chambres d'agriculture sur ces 500 premiers captages prioritaires révèle que pour 2% de ces captages, l'aire d'alimentation du captage (AAC) n'est pas encore délimitée et que 62% des captages ont un plan d'actions opérationnel. Les objectifs initiaux des ministères ne sont pas encore réalisés. Il est dorénavant demandé que ces 1.000 captages prioritaires doivent bénéficier d'un plan d'actions avant 2021.

Les étapes de la démarche de protection des captages

Les territoires concernés par un captage prioritaire sont des zones à enjeu fort qui impliquent une grande diversité d'acteurs, ayant des intérêts parfois divergents. L'enjeu pour la profession agricole est de pouvoir adapter des pratiques respectueuses de l'environnement tout en assurant une production agricole économiquement viable. Les exemples de démarches réussies mettent souvent en lumière le bénéfice des partenariats locaux, rassemblés autour d'intérêts communs, pour lutter efficacement contre les pollutions diffuses.

La connaissance du territoire, un levier d'efficacité primordial

Le caractère "diffus" des micropolluants agricoles nécessite souvent d'agir sur leur pression d'utilisation à l'échelle d'un territoire. Pour préserver la qualité de l'eau d'un captage contre les polluants d'origine agricole, ce territoire sera défini comme l'AAC, soit la surface sur laquelle l'eau qui s'infiltre ou ruisselle alimente le captage. Cette délimitation est déterminée par une étude hydrogéologique qui définira par la suite les zones les plus vulnérables aux transferts des polluants.

Mais pour identifier les sources de polluants agricoles à l'échelle du territoire, il est nécessaire de réaliser une étude de diagnostic des pressions agricoles. Cette étape doit permettre d'apprécier les pratiques agricoles des agriculteurs et leurs marges de manoeuvre possibles pour réduire l'utilisation de produits phytosanitaires. La connaissance du territoire et des mécanismes de transfert de polluants dans les nappes est une étape essentielle pour connaître l'impact des activités du territoire mais aussi pour impliquer les acteurs.

Par conséquent, la définition d'un état initial partagé est essentielle pour fixer des objectifs clairs lors de l'élaboration du plan d'actions. A partir de ces études préalables, la collectivité responsable du captage, ou le bureau d'études, définit un plan d'actions visant à lutter contre les pollutions diffuses. Ce plan est mis en oeuvre en associant l'ensemble des acteurs agricoles et non agricoles du territoire ainsi que les services de l'Etat.

Mobiliser massivement les agriculteurs pour protéger la ressource en eau

Pour améliorer efficacement la qualité de l'eau, les plans d'actions doivent être acceptés par le plus grand nombre. C'est une étape indispensable pour engager collectivement les exploitants agricoles vers une dynamique de changement. En effet, pour que les opérations de protection de la qualité de l'eau soient durables, elles doivent intégrer une approche territoriale, des projets de terrain partagés et adaptables à toutes les exploitations. De telles démarches reposent sur une dynamique de territoire concertée, pour concilier intérêts économiques et environnementaux des exploitations.

Les Chambres d'agriculture, fortement engagées

Les Chambres d'agriculture accompagnent, sensibilisent les agriculteurs à la lutte contre les pollutions diffuses et ponctuelles sur les aires d'alimentation de captage via l'animation de plans d'action agricoles. Pour ce faire, elles mettent à disposition des outils adaptés : conseils personnalisés et accompagnement collectif des agriculteurs, diagnostics d'exploitation, animation de réseaux de fermes de référence et organisation de démonstrations au champ. Elles jouent également un rôle majeur en matière de transmission de connaissances et de formation. Elles accompagnent aussi les collectivités pour l'amélioration de la qualité de l'eau sur les territoires à travers la mise à disposition de compétences pédologiques, agronomiques, cartographiques et d'animation territoriale pour le suivi de plans d'action ainsi que par le développement de démarches multipartenariales sur les aires d'alimentation de captages.

Les Chambres d'agriculture sont engagées à toutes les étapes de la démarche de protection des captages. Leur multicompétence est mise à profit dans les comités de pilotage, la réalisation des études, l'animation et le conseil grâce à la relation privilégiée avec les agriculteurs. En effet, les Chambres d'agriculture animent ou sont déjà identifiées pour animer près de 69% des plans d'actions sur les captages prioritaires.

Léonard Jarrige, Chargé de missions, animateur du réseau qualité de l'eau de l'Assemblée permanente des Chambres d'agriculture (APCA)

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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