Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Les risques sanitaires liés à l'exploitation nucléaire en France

L'énergie nucléaire Actu-Environnement.com - Publié le 09/05/2011
L'énergie nucléaire  |    |  Chapitre 7 / 9
Effets biologiques de la radioactivité

Les éléments radioactifs émettent des rayonnements alpha, bêta et gamma. Les rayonnements gamma sont des ondes électromagnétiques tandis que les rayonnements alpha et bêta sont des particules. Grâce à leur énergie, les rayonnements ionisants sont pénétrants, c’est-à-dire qu’ils peuvent traverser la matière.
Lorsqu’un rayonnement pénètre la matière, il interagit avec elle et lui transfère de l’énergie. Une forte irradiation provoque des effets immédiats sur les organismes vivants comme, par exemple, des brûlures plus ou moins importantes. Les expositions à des doses plus ou moins élevées peuvent également avoir des effets à long terme sous la forme de cancers et de leucémies.

Mais les conséquences sur la santé dépendent de la dose reçue, en fonction de l'intensité de la source radioactive, de sa proximité, de la nature des rayonnements émis et du temps d'exposition. Les particules alpha et bêta ne pénètrent pas profondément les organismes et libèrent toute leur énergie de manière localisée. Les rayonnements gamma peuvent pénétrer très profondément et étalent ainsi leur dépôt d’énergie. Au final la dose d'énergie déposé peut être la même mais les impacts seront différents. Pour rendre compte de la nocivité plus ou moins grande des rayonnements à dose absorbée égale, il a fallu introduire une nouvel unité : le sievert (Sv).

Selon l'IRSN, 0,1 sievert (100 mSv) est ''la dose au-delà de laquelle un excès significatif de cancers solides a pu être mis en évidence à ce jour''; à l'instar de leucémies (provoqué notamment par le strontium), tumeurs de la thyroïde (impacté par l'iode) ou des poumons (plutonium). Les cellules de la paroi digestive et de la moelle osseuse, ou encore les tissus embryonnaires et les organes reproducteurs (contaminés par le césium) sensibles aux radiations peuvent alors être affectés.

Cette valeur de 100 mSv ''ne doit pas être considérée comme un seuil en dessous duquel tout risque dû aux rayonnements ionisants pourrait être écarté'', prévient l'Institut. Une exposition de l'ordre de 1 sievert peut aussi entraîner un syndrome d'irradiation aiguë (diarrhée, nausée, érythème, brûlures…) tandis qu'une dose au-delà de 6 Sv peut être mortelle.

L


L'exposition à la radioactivité en France © IRSN

Quelle gouvernance française en matière de surveillance radioactive ?

La réglementation en vigueur
En France, les dispositions relatives au contrôle des activités nucléaires sont inscrites dans le Code de la Santé Publique (CSP) et la loi du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire (loi TSN) en application de la directive européenne Euratom 96/29 du 13 mai 1996 fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire de la population et des travailleurs (repris dans le Code du travail). Le CSP définit les principes de radioprotection (justification, optimisation, limitation) basés sur la législation de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) et repris par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et les exploitants d'activités nucléaires (EDF, Areva, CEA) sont les principaux acteurs qui assurent le contrôle de la surveillance des taux de radioactivité dans l’environnement en vue d’évaluer l’exposition de l’ensemble de la population (travailleurs et public). D’autres acteurs de la société, notamment associatifs (commissions locales d’information (CLI), associations de surveillance de la qualité de l’air (Airparif en Ile-de-France), associations de défense de l’environnement (Criirad…), participent également à des activités d’étude ou de surveillance radioactive.

Concrètement, l'ASN, ''autorité administrative indépendante'', assure en France le contrôle de la sûreté nucléaire et la radioprotection visant à protéger les travailleurs, le public et l'environnement des risques liés aux activités d'énergie nucléaire. Son objectif est d'empêcher ou de réduire les effets nocifs des rayonnements ionisants produits ''directement ou indirectement''.

140 incidents de niveau 1 relevés par l'ASN en 2010

Deux typologies d'évènements nucléaires sont distinguées afin d'évaluer les conséquences sur les populations et l'environnement. Il s'agit des événements de niveaux 1 à 3 de l'échelle INES (Internationale des Evènements Nucléaires), sans "conséquence significative" qui sont qualifiés d'incidents et ceux des niveaux supérieurs (4 à 7) qualifiés d'accidents. ''Les événements qui surviennent en France chaque année ne sont généralement pas classés ou sont classés au niveau 1 de l'échelle INES'', rappelle l'ASN. En 1999, 3 événements ont été classés au niveau 2 de l'échelle, et aucun aux niveaux supérieurs, indique l'Autorité.
En 2010, l’ASN a mené 1.964 inspections révélant 1.107 incidents en France, dont 141 classés de niveau 1 et 3 de niveau 2.


Plus de 25.000 prélèvements de l'IRSN effectués par an

L'ASN s'appuie aussi sur des expertises techniques extérieures, notamment celles de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire qui rend 700 avis par an en moyenne à l'Autorité. Créé en 2001, l'IRSN (ex: Service Central de Protection contre les Rayons Ionisants, SCPRI) a pour rôle d'assurer la surveillance de la radioactivité de l’environnement (air, eaux de surface et souterraines, chaîne alimentaire de l'homme, surveillance continentale terrestre), autour des sites nucléaires et sur le reste du territoire national. L'Institut effectue des mesures en continu du rayonnement ambiant dans l’air ou dans les fleuves. Pour ce faire, il s'appuie sur des réseaux de télésurveillance en continu permettant la transmission "en temps réel "des résultats, à l’aide de balises automatiques. Ce qui permet d'alerter une personne d’astreinte de l’IRSN en cas d’élévation inhabituelle de radioactivité.
Parmi ces réseaux figure Teleray, dédié à la surveillance du rayonnement gamma ambiant de l'air (19 millions de mesures par an), constitué de 165 balises en France métropolitaine. 7 de ces balises sont installées outre-mer (Tahiti, Nouvelle-Calédonie, Antilles, Saint-Pierre-et-Miquelon et Réunion). 7 stations du réseau Hydroteleray sont également dédiées à la surveillance des fleuves recevant les effluents des centrales nucléaires, en amont de leur débouché en mer ou de leur sortie du territoire national.

Des prélèvements d’échantillons (poussières de l’air, eau, sols, sédiments, produits animaux ou végétaux) sont ainsi traités et analysés par l'Institut. Au total, environ 600 stations réparties sur le territoire, fournissent chaque année près de 23.000 échantillons, sur lesquels sont pratiquées plus de 27.000 analyses de radioactivité. La grande majorité de ces échantillons (67 %) provient du réseau de prélèvements Opera-Air composé de plus de 51 stations, dont 32 à proximité des installations nucléaires. Ce réseau permet de suivre quotidiennement la radioactivité des particules en suspension dans l’air (aérosols).

Quelles normes ?

La réglementation française fixe les limites de doses équivalentes annuelles 1 millisievert (mSv) pour la population et 20 millisieverts en moyenne annuelle pour les travailleurs (35 mSv jusqu'en juin 2005). Il s'agit de la dose efficace maximale admissible par an d'irradiation, ne devant pas être dépassée. ''Les risques associés à ces doses sont extrêmement faibles'', explique l'ASN. ''Les limites réglementaires sont plus élevées pour les travailleurs que pour le public car les travailleurs du nucléaire bénéficient d'un suivi médical particulier, renforcé par rapport au grand public, pour vérifier périodiquement leur bonne santé, leur aptitude à travailler sous rayonnements ionisants et l'absence d'effets dommageables qui pourraient être dus à ces rayonnements'', ajoute l'Autorité.

D'après l'IRSN, la population française est exposée chaque année à une dose efficace par habitant de 3,7 mSv. 2,4 mSv sont liés à la radioactivité naturelle (radon, rayonnement tellurique, rayonnement cosmique, alimentation) ; 1,3 mSv sont engendrés par l’activité humaine (activités médicales : 1,3 mSv ; activités industrielles : 0,03 mSv).
La limite de 1 mSv/an concerne donc le public en général représentant environ 40 % de l’exposition naturelle. Les limites de doses équivalentes admissibles pour le cristallin et pour la peau sont fixées respectivement à 15 mSv/an et à 50 mSv/an (par cm2 de peau quelle que soit la surface exposée).

Rachida Boughriet

Vers un abaissement des seuils européens de contamination des aliments ?
Depuis 1987, après l'accident de Tchernobyl, trois types de normes concernent les denrées alimentaires, les enfants et le bétail. Elles vont de plus de 500 Becquerels (Bq) par kilos ou litres pour l'iode à 1.000 Bq pour le césium. La Commission a depuis début avril 2011, provisoirement réduit les seuils de contamination radioactive des denrées importées du Japon, suite à la catastrophe de Fukushima. Cette réduction des seuils pourrait avoir des répercussions sur le futur règlement européen visant à réviser les niveaux admissibles des denrées, selon l'eurodéputée Europe Ecologie Les Verts (EELV) Michèle Rivasi qui demande d'appliquer ces normes japonaises. Pour le césium, les seuils passeraient ainsi de 1.000 Bq/l pour les liquides et les produits laitiers à 200 Bq/l, et de 1.250 Bq par kilo pour les aliments solides à 500 Bq. Le texte va être examiné devant le Conseil des ministres de l'UE avant l'été. La Commission pourrait proposer de nouvelles normes en mars 2012.


Pour en savoir plus

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

Retour au sommaire

RéactionsAucune réaction à cet article

 

Réagissez à cet article ou posez une question

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- disposant d'un porte-monnaie éléctronique
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
[ Tous les champs sont obligatoires ]
 

Partager