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Qualité de l'air dans les bureaux : un approfondissement nécessaire des connaissances

Qualité de l'air intérieur : une prise de conscience tardive pour un enjeu majeur Actu-Environnement.com - Publié le 28/11/2011
Qualité de l'air intérieur : une prise...  |    |  Chapitre 4 / 7
Plusieurs enquêtes nationales et européennes sont menées actuellement sur la qualité de l'air dans les immeubles de bureau. Elles permettront de prouver l'existence de sources de pollution spécifiques à ce cadre de travail, mises en avant par quelques études.

© 06photo

Après le logement, le bureau constitue l'endroit dans lequel une partie importante de la population active passe le plus de temps par jour. Malgré ce constat, la qualité de l'air dans les immeubles de bureau est assez méconnue, les seules études disponibles étant soit trop anciennes, soit trop parcellaires. "Cette absence de données sur l'exposition des travailleurs dans ce type de bâtiments ne permet pas d'estimer les risques sanitaires à l'échelle nationale ni de mettre en place des politiques de gestion au regard de la qualité de l'air intérieur", précise l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (Oqai). Pourtant, le bureau n'échappe pas aux pollutions intérieures et aux concentrations de gaz irritants qui ont au final des conséquences sur la santé des employés. Maux de tête, essoufflements, vertiges ou encore réactions allergiques sont quelques symptômes couramment identifiés, mais ces pathologies sont souvent multiples et plurifactorielles. D'où une réelle difficulté à lier ces dernières à un contaminant particulier de l'air intérieur des bâtiments tertiaires.

Le double effet des systèmes de ventilation

Dans les immeubles de bureau de grande hauteur, l'impossibilité d'ouvrir les fenêtres conditionne le renouvellement de l'air au bon fonctionnement des systèmes de ventilation. Or, ce dernier peut aussi constituer une source de pollution et engendrer des effets négatifs sur la qualité de l'air intérieur. Les filtres arrivés à saturation peuvent en effet relarguer les polluants préalablement filtrés. Des réactions entre les polluants fixés sur le filtre sont également possibles et aboutissent à la création de composés plus nocifs. Une maintenance accrue de ces systèmes de ventilation est donc primordiale pour réduire ce type de problème.
Par ailleurs, "le réaménagement d'espaces en bureaux et le fractionnement de salles de réunion conduisent dans certains cas à des dysfonctionnements se traduisant par un inconfort majeur pour les occupants", ajoute l'Oqai. Une bouche de soufflage pouvant être située dans un bureau alors que celle dédiée à l'extraction sera dans un autre…
Des sources spécifiques de pollution

Les nombreux polluants (composés organiques volatils COV, particules, biocontaminants …) présents dans les immeubles de bureaux sont généralement les mêmes que ceux trouvés dans l'habitat. Quelques différences sont quand même à noter, notamment l'absence de monoxyde de carbone ou d'oxydes d'azote en raison de l'interdiction de fumer dans les lieux publics. A l'inverse, certains polluants présentent des concentrations plus élevées, suggérant l'existence de sources de pollution plus spécifiques comme le bâti et l'agencement intérieur. Une étude réalisée en 2005 par des chercheurs de l'université de Concordia à Montréal (Canada) a ainsi montré que "les matériaux de construction peuvent fortement affecter la qualité de l’air intérieur, et notamment les matériaux poreux qui sont non seulement des sources, mais aussi des puits de COV". Certains matériaux d'isolation dans ce type d'immeubles et sur les encadrements de fenêtre présenteraient aussi des contaminations bactériennes et fongiques, susceptibles de produire des mycotoxines.

Selon une étude de l'Ineris publiée en 2009 (et intitulée "Etat des connaissances sur les émissions des appareils de bureautique et les risques sanitaires potentiels associés"), les ordinateurs, imprimantes et photocopieuses sont des émetteurs reconnus de polluants. Par exemple, les imprimantes, notamment laser, émettent des COV, des particules (PM10) et de l'ozone lors de leur fonctionnement. En effet, les imprimantes laser utilisent la chaleur et la pression pour fixer l'image sur le papier, et cette chaleur favorise l'évaporation de COV. Les sources de COV peuvent aussi être les plastiques et les circuits imprimés constituant ces imprimantes, en particulier pour l'émission de toluène, d'éthylbenzène et de styrène. L’ozone est, quant à lui, formé lors de la décharge électrostatique qui a lieu pour chaque impression, à partir du dioxygène. Enfin, des particules de carbone sont également émises à partir de l'encre utilisée.

L'utilisation de certains produits d'entretien, émetteurs de COV (alcools, éthers de glycol, cétones…), est également fréquente dans les bureaux et pourrait contribuer à provoquer des réactions chimiques diverses et potentiellement nocives. Ainsi, l'ozone émis en quantité importante par les imprimantes et photocopieurs peut réagir avec les terpènes issus des produits de nettoyage pour former des polluants secondaires tels que le formaldéhyde et les particules ultrafines. Concernant le formaldéhyde, il est aussi présent dans de nombreux panneaux agglomérés à la base de beaucoup de meubles de bureau. Un meuble en cette matière peut diffuser du formaldéhyde durant près de 15 ans, mais l'émission sera nettement plus importante les premières semaines.

Des études françaises et européennes afin de mieux estimer les pollutions

Pour compléter les connaissances sur la qualité de l'air dans les bureaux et dresser un état du parc des immeubles tertiaires en France, une campagne nationale a été lancée par l'Oqai. "Deux ans de préparation ont été nécessaires pour établir des protocoles de mesure et d'enquêtes répondant aux objectifs fixés. (…) Ces protocoles ont été élaborés avec l'appui d'un groupe de travail d'une vingtaine de spécialistes de la métrologie, de la mesure des expositions, de la santé, de l'hygiène professionnel et des statistiques", indique l'Observatoire. Débutée récemment, la campagne est organisée en deux temps, sur à peu près le même modèle que l'étude européenne dans les immeubles de bureau (HOPE). Entre 2011 et 2014, la première phase, qui implique 300 immeubles, consiste à réaliser des enquêtes avec des questionnaires portant sur le bâtiment, ses équipements, son environnement mais également le confort et la santé perçus par les occupants. Des mesures environnementales (COV, aldéhyde, température, humidité relative et CO2) seront aussi effectuées dans cinq espaces de travail choisis pour être représentatifs des bureaux de l'immeuble.

Menée à partir de 2015, la deuxième phase portera uniquement sur 50 bâtiments et sera dédiée à l'approfondissement des mesures. Pendant une semaine, un grand nombre de paramètres sera évalué : concentrations en PM10, PM2,5 et particules ultrafines ; les fibres minérales artificielles et les fibres d'amiantes ; les COV et aldéhydes ; l'ozone ; les allergènes acariens, de chat et de chien ; les endotoxines et la flore bactérienne ; les paramètres relatifs à l'aération. Les résultats obtenus permettront ensuite d'élaborer des recommandations pour améliorer la qualité de l'air intérieur. Par ailleurs, en même temps que cette campagne nationale, la Direction générale de la recherche de la Commission européenne a lancé en 2010 l'étude Officair qui sera déployé dans huit pays européens. A la différence de celle d'Oqai, "l'étude inclut des indicateurs relatifs à la santé des occupants des bureaux avec quelques mesures supplémentaires comme celle du NO dans l'air exhalé et celle de la stabilité du film lacrymal", détaille l'Observatoire, également partenaire de ce programme.

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