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La ville post-carbone en 2050

Transition écologique : l'avenir des villes en question Actu-Environnement.com - Publié le 04/11/2013

Il n'y aura pas de transition réussie vers une société bas carbone sans l'implication des villes énergivores. En plein débat en France sur une décentralisation des compétences en matière d'énergie, le renforcement du rôle des territoires se pose.

Transition écologique : l'avenir des...  |    |  Chapitre 2 / 8
Environnement & Technique N°330 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°330
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Selon l'agence internationale de l'énergie (AIE),les villes abritent aujourd'hui environ la moitié de la population mondiale (3,5 milliards d'habitants), mais représentent les deux tiers de l'utilisation d'énergie. En cause : la consommation plus élevée des habitants de combustibles fossiles. D'après l'AIE, en 2050, les villes concentreront près de 6 milliards et demi d'urbains appelés à concilier leurs besoins croissants en énergie sans aggraver le changement climatique. Selon les prévisions du Conseil mondial de l'énergie (WEC), la demande d'énergie devrait en effet connaître une hausse de 27 à 61% d'ici à 2050, poussée par la pression démographique et l'urbanisation croissante des pays en développement.

Les villes, actrices de la transition énergétique

Assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique tout en préparant "l'après pétrole", tenter de sortir du nucléaire et tirer parti des ressources locales renouvelables… sont le casse-tête des politiques énergétiques d'aujourd'hui et de demain de l'échelle internationale à locale. L'intervention des villes dans ces questions y étant indispensable.

Près de 4.000 villes européennes, signataires de la Convention des Maires se sont déjà engagées à respecter ou même aller au-delà des objectifs de baisse des émissions de CO2 (20%) fixées par Bruxelles pour 2020 dans son paquet climat-énergie. En France, quelques 390 plans climat énergie locaux, ont été définis prévus par le Grenelle. Auxquels s'ajoutent les communes, les écoquartiers ou les écocités qui participent aux mouvements citoyens des "villes en transition" dans l'Hexagone. Et autres projets locaux de mobilité durable, de bâtiments à énergie passive ou positive : "la dynamique est lancée", estiment l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et la mission prospective du ministère de l'Écologie dans leur rapport intitulé "repenser les villes dans la société post-carbone". Ce rapport, paru en septembre 2013, est le fruit d'une collaboration de plus de trois ans et élabore des scénarios partant de l'expérience des villes européennes et françaises.

"La ville de 2050 est déjà aux trois quarts construite"

Comment agir ? À quel rythme ? Avec quelles contraintes et quels coûts-bénéfices estimés ? "Le fait que la ville soit construite aux trois quarts ne veut pas dire qu'il n'y ait pas beaucoup de choses à faire d'ici 2050", indique Eric Vidalenc, prospectiviste à l'Ademe et co-auteur du rapport avec Jacques Theys du ministère de l'Ecologie.

Au coeur de la transition énergétique et accueillant 10 millions d'habitants supplémentaires, les villes françaises vont devoir "s'adapter à des transferts de population et d'activités importants, se rénover, moderniser leurs infrastructures". Il s'agit de ruptures "majeures" que tous les acteurs "devront progressivement anticiper", indique le document. "Tout peut changer même avec une structure pour partie donnée : l'énergie dans les bâtiments, la mobilité, les modes de vie", ajoute M. Vidalenc.

D'autant que les villes françaises concentrent plus de 80% des habitants et des bâtiments, près des 2/3 de la mobilité automobile et plus de 70% de la consommation d'énergie finale… A l'échelle locale, plusieurs leviers pourraient conditionner "la réussite" de la transition énergétique future en s'attaquant aux secteurs les plus énergivores : le bâtiment et les transports. Il s'agit d'éviter toute vision qui serait "court-termiste" et d'optimiser les systèmes de transport (covoiturage, autopartage…) mais également de faire évoluer les infrastructures (transports en commun, véhicules électriques...), explique M. Vidalenc. Par exemple en matière de bâtiment : être en mesure d'allier efficacité passive (isolation du bâti) et efficacité active (domotique). L'enjeu serait également "une remise à plat du système fiscal", "une maîtrise de l'étalement urbain de la rente foncière" et d'accélérer "l'innovation" autour du numérique "en envoyant un signal-prix clair sur ces marchés" : Smart phone, open data, compteurs intelligents sont autant de "solutions rapidement accessibles à des coûts limités sans oublier les modes de vie qui pourront permettre de nouvelles solutions et pratiques sobres", analyse-t-il.

"Les villes ont une responsabilité et peuvent agir pour faire évoluer significativement les questions énergétiques à leur échelle mais pas seulement via notamment leur rôle dans les réseaux internationaux. Il faut toutefois leur en donner les moyens et offrir un cadre d'action adapté aux territoires", souligne M. Vidalenc.

En Europe, là où une décentralisation énergétique existe, "l'engagement des villes a aussi fait progresser la production locale d'énergies renouvelables (notamment la bioénergie) ainsi que les réseaux de chaleur". Au Danemark, laville de Frederikshavn sera d'ici 2015, la première ville européenne à utiliser 100% d'énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydroélectrique, marémotrice, géothermique ainsi que la biomasse).

Quelle marge de manœuvre en France ?

   
Pénétration des Enr à l'horizon 2050 © Ademe
 
   
Et en France ? Si la décentralisation est actuellement en débat au Parlement, quel mix énergétique prévaudra en 2050 ? Présenté en mai dernier devant le Conseil national du débat sur la transition énergétique, un des scénarios élaboré par l'Ademe prévoit d'ici 2050, une consommation énergétique totale presque divisée par deux par rapport à 2010 et une pénétration massive des énergies renouvelables dans tous les vecteurs (électrique, chaleur, gaz…), en parallèle d'une part du nucléaire réduite à 50%. Le secteur des transports ainsi que le secteur du bâtiment participeraient chacun à hauteur de 40% à la baisse de la consommation énergétique. En 2050, les services de mobilité représenteraient 30% des flux de voyageurs urbains. Dans le domaine des transports de personnes, "le gaz et l'électricité se substitueraient au pétrole" et seraient pour moitié d'origine renouvelable ! Ces résultats ne sont cependant possibles que grâce à des changements "considérables" non seulement dans les techniques, mais aussi dans la rénovation des bâtiments, la transformation du parc de véhicules : 1/3 du parc serait composé de véhicules électriques en 2050 par exemple.

Si le scénario de l'Ademe est "volontariste", quelle pourra être la marge de manœuvre des élus d'ici à 2050 ? En matière d'énergie les compétences des collectivités locales sont limitées par rapport à celles des grands opérateurs nationaux. "Mais personne n'a pas de vision claire des avantages et des inconvénients d'une décentralisation énergétique", estiment les élus sollicités pour réagir aux scénarios construits dans le rapport "villes post-carbone". Est-ce aux collectivités locales de s'investir dans les nouveaux réseaux : infrastructures pour les véhicules électriques, smart grids… ? Qui est responsable de quoi en ce domaine et qui financera à long terme ? Autant de questions en suspens. La transition énergétique prévue par l'Etat est évaluée à 20 milliards d'euros d'investissements par an.

Rachida Boughriet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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