Organisé par Danish Trade Council France à la Maison du Danemark en avril dernier à Paris, le Colloque sur ''Energie-L'exemple danois'' a convaincu les quelque 200 participants réunis. Avec 20 % de la puissance totale installée en 2005 et une perspective de 29 % en 2010, ce pays occupe en effet la première place en matière de consommation d'énergie renouvelable. La méthode ? Une réduction de la dépendance vis-à-vis des importations en pétrole, la sécurité d'approvisionnement par la diversification des carburants et des accumulateurs de chaleur, la réduction des émissions de C02 grâce aux énergies renouvelables (ENR) et l'épuration des rejets industriels. ''Le principe consiste à jouer sur la flexibilité des différents combustibles et à utiliser les énergies les plus rentables du moment dans un contexte de bonne concurrence, résume Lars Gullev, Président de Danish Board of District Heating. Cette approche composite interconnectée aux réseaux de distribution permet d'augmenter la sécurité et l'efficacité de la fourniture, tout en réduisant les coûts.''
Résultat ? En 1984, le Danemark importait 100 % de son pétrole, alors que cette énergie ne représente plus que 5 % à l'heure actuelle ! C'est aussi le premier exportateur mondial d'éoliennes, fournissant près de la moitié de la puissance totale installée dans le monde. Au Danemark, cette capacité de production est d'environ 3 100 mégawatts, dont 420 MW en mer. Elle permet de couvrir environ 20 % de la demande en électricité et génère quelque 20000 emplois. Ainsi, les coûts ont été réduits de 75 %, passant de 16€/par KWh à 4 centimes d'Euro entre 1973 et 2003. Outre le vent, les autres sources d'ENR les plus utilisées sont l'incinération des déchets, le bois, la paille et le biogaz, dont 24 % sont utilisées dans l'alimentation en électricité et 13 % pour le chauffage.
Pierre angulaire de la politique danoise, le chauffage urbain fournit pratiquement 60 % de la surface totale des habitations chauffées sur la base d'une production en cogénération. En effet, la majeure partie de l'énergie provient simultanément d'usines combinées de chauffage et d'électricité, fonctionnant au charbon, au pétrole, au gaz naturel, aux déchets, à la biomasse, voire à partir de pompes à chaleur (PAC). Efficacement surveillée et contrôlée, la consommation garantit aux usagers à la fois un maximum de confort et une économie maximale. ''Il est évident que ces objectifs de maîtrise de l'énergie ne peuvent être atteints que si une majorité des villes à population dense est pourvue en installations de ce type, souligne le président. En outre, la réduction de 25 %/m2 des consommations dans les logements tient aussi à une bonne isolation du bâti, à l'efficacité des équipements et au comportement des usagers !''.
Dans tous les cas, la production combinée de chauffage s'avère inférieure en coût à celle des systèmes individuels.
Pour soutenir le développement du chauffage urbain, les pouvoirs publics ont adopté un certain nombre de mesures. Notamment : la mise en œuvre de mesures juridiques obligeant les propriétaires d'immeubles à se raccorder au chauffage urbain ; l'interdiction du chauffage électrique dans les constructions neuves ; une forte taxation des combustibles fossiles utilisés pour le chauffage ; une campagne d'isolation des réseaux enterrés ; des subventions d'investissement pour les services publics qui rénovent et complètent leurs réseaux, ainsi que des subventions d'investissement aux consommateurs qui optent pour ce système, etc. En outre, presque toutes les sociétés de chauffage urbain sont détenues par les consommateurs, soit directement sous forme de coopératives, soit indirectement en tant que sociétés municipales. Ainsi, tous les budgets et prix sont transparents. Une motivation supplémentaire pour proposer aux clients les meilleurs services au prix le plus bas possible, et pour les banques, d'offrir des conditions optimales puisque les garanties offertes sont élevées !
S'il n'existe pas de normes ni de standards obligatoires spécifiant des solutions techniques détaillées au niveau des composants ou des critères de conception à respecter (ce sont les fonctions qui sont prescrites), l'évolution technologique se révèle en revanche, très dynamique et d'une grande diversité. En témoignent les systèmes présentés ce jour-là, par les sociétés danoises*. À noter le soutien public pour la recherche, le développement et la démonstration des technologies, ainsi que des aides à l'investissement pour le matériel normalisé relatif aux énergies renouvelables. Le tout avec des tarifs favorables pour l'électricité réintroduite dans le réseau public… sans seuil minimal !
*A2SEA (éolien offshore), Alstom Power FlowSystems (tubes pré-isolés), Antritz (granulation de biomasse), Arcon Solvarme (capteur solaire thermique), Brunata (compteur électronique de mesure des consommations), Danfoss (centrale compacte), Hydro-X (anti-tartre et corrosion), Kamstrup (télé-relevé), OKR Cleaning (décalaminage à air comprimé), Sprout Matador (pellets de bois).
Site de l'Ambassade Royale de Danemark-Danish Trade Council, www.amb-danemark.fr