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Actu-Environnement

Les USA n'auront finalement pas signé l'arrêt de mort du climat à Montréal

Alors qu'elle s'annonçait plutôt mal, la conférence de Montréal a été le terrain de deux victoires : la survie de Kyoto après 2012 et l'engagement des États-Unis à discuter de la lutte contre le réchauffement climatique.

Gouvernance  |    |  C. Seghier
La Conférence des Nations Unies sur les changements Climatiques, qui a rassemblé 9.400 personnes s'est conclue le 9 décembre dernier après 15 jours de négociations difficiles.
Plusieurs pays, dont le Canada et la France, avaient appelé mercredi les Etats-Unis à cesser de se tenir en marge des efforts internationaux de lutte contre le réchauffement climatique. Mercredi, le Premier ministre canadien, Paul Martin, avait déclaré que l'effet de serre exigeait une réponse mondiale. Aucune nation ne peut s'isoler de la communauté internationale face au réchauffement planétaire, avait-il lancé, en accueillant une centaine de ministres de l'Environnement.
Dans un message vidéo adressé aux participants à la conférence, le président français Jacques Chirac avait appelé la communauté internationale à se rassembler dans l'engagement et dans l'action contre le changement climatiquese rassembler dans l'engagement et dans l'action contre le changement climatique.
La coopération scientifique est indispensable pour mettre au point de nouvelles sources d'énergie, des technologies plus propres. Mais ces sauts technologiques n'apporteront pas de solution miracle et l'espoir de progrès futurs ne saurait nous exonérer de nos responsabilités présentes, avait indiqué le président français.

Plusieurs milliers de personnes avaient aussi participé, samedi 4 décembre à Montréal, à une grande manifestation de soutien a la lutte contre le réchauffement climatique, en marge de la conférence de l'ONU. Organisée a l'initiative de vingt-cinq groupes environnementaux, syndicaux et étudiants, cette marche avait pour objectif d'exiger des mesures concrètes contre le réchauffement climatique de la part des gouvernements.

Mais dans la nuit de vendredi à samedi, les Etats-Unis se sont toutefois engagés à discuter sur le réchauffement climatique sans toutefois s'engager à quoique ce soit. Après avoir menacé d'opposer leur veto, l'administration Bush a fini par donner son accord à un texte dans lequel les 189 pays membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques signée en 1992, s'engagent dans un dialogue sur le réchauffement de la planète sans calendrier contraignant. Comme nous nous y attendions, l'administration Bush était venue avec le mandat clair de tenter de faire dérailler le processus. La délégation américaine a d'ailleurs quitté un temps la table des négociations, pendant que le reste de la communauté avait résolument décidé de continuer à avancer. L'administration Bush a dû céder et souscrire à l'accord unanime de la communauté internationale, déclare, dans un communiqué, Laetitia De Marez, chargée de campagne climat pour Greenpeace France. Il ne fait aucun doute que la forte présence de la société civile américaine à la conférence a eu un effet considérable sur le cours de la négociation. Des représentants de plusieurs groupes environnementaux américains avaient présenté une pétition signée par plus de 600 000 de leurs concitoyens devant le consulat américain à Montréal, pressant les Etats-Unis de s'engager dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Près du quart des sénateurs américains avait écrit une lettre, le 5 décembre dernier, au président George W. Bush pour lui demander de participer aux discussions sur la réduction des gaz à effet de serre. Le démocrate Jeff Bingaman et la républicaine Olympia Snowe avaient notamment rappelé, dans cette lettre cosignée par 22 sénateurs, que les Etats-Unis ont l'obligation de participer de façon constructive aux négociations sur le réchauffement climatique, aux termes de la Convention sur le changement climatique issue du sommet de Rio de 1992.

Ayant rejeté le protocole de Kyoto en 2001, les Etats-Unis ne voulaient pas entendre parler d'une extension des engagements de ce traité après son échéance en 2012, misant plutôt sur des percées technologiques.
Après ce revirement, ces discussions informelles viseront à faire revenir ultérieurement les Etats-Unis dans les négociations climatiques et à impliquer les pays émergents comme la Chine et l'Inde, dont les émissions de CO2 explosent actuellement et pourraient, ensemble, dépasser vers 2015 celles des Etats-Unis.

Nous avons finalement atteint ce que plusieurs croyaient inatteignable, une décision qui lance un dialogue sur l'action de coopération à long terme contre les changements climatiques, s'est réjoui M. Dion dans son discours de clôture.
Ce fut l'une des conférences de l'ONU sur les changements climatiques les plus productives, a fait savoir Richard Kinley, chef par intérim du Secrétariat de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique.

Par ailleurs, après une nuit de blocage par la Russie et sans les États-Unis, les pays membres de Kyoto ont approuvé samedi l'extension du protocole de Kyoto au-delà de 2012. Un nouveau groupe de travail a été formé pour traiter des engagements futurs des pays développés après 2012. Ce groupe de travail commencera ses activités en mai prochain.

Au cours de la première semaine de la Conférence, les modalités de fonctionnement du protocole de Kyoto, mises au point dans les accords de Bonn en juillet 2001 et de Marrakech en novembre 2001, ont été acceptées. Un régime de sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas leurs engagements en 2012 a été adopté. Les règles d'établissement des inventaires d'émission et le fonctionnement des échanges de droits de pollution ont notamment été fixés. Ces règles allègent les obligations des pays industriels en prenant en compte le stockage du CO2 par les arbres en croissance. Le Protocole de Kyoto est bien plus fort aujourd'hui qu'il ne l'était il y a deux semaines. Cette première réunion historique des parties à ce protocole a reconnu l'urgence représentée par la menace des changements climatiques envers toutes les populations, notamment les plus pauvres. Les décisions prises ici ouvrent la voie pour une action de long terme, explique Laetitia De Marez.

La conférence a également validé une série de mécanismes d'application de Kyoto, adoptés en 2001 à Marrakech. Les Parties se sont notamment entendues sur des améliorations à apporter au fonctionnement du «mécanisme pour un développement propre», un instrument du Protocole qui permet aux pays industrialisés de compenser partiellement leurs émissions en finançant des projets de réduction d'émissions de gaz à effet de serre dans des pays en voie de développement.
Le processus des méthodes a été simplifié, et sa structure de gouvernance, renforcée. Les pays développés se sont engagés à financer le fonctionnement du mécanisme de développement propre avec plus de 13 millions de dollars américains en 2006-2007. Dans le cadre de ce mécanisme unique, des pays développés peuvent investir dans des projets de développement durable dans des pays en développement, aidant ainsi ces derniers à améliorer la qualité de vie de leurs citoyens tout en leur permettant d'obtenir des quotas d'émission », explique Richard Kinley. Rappelons que les premiers projets ont été approuvés cette année et plus de 300 projets sont attendus dès l'année prochaine.

La conférence a aussi décidé de traiter la question des émissions générées par la déforestation dans les pays en voie de développement. Les efforts de lutte contre la déforestation d'un pays du Sud pourraient lui donner droit à des crédits de CO2, monnayables sur les marchés des droits de pollution. La conférence a demandé à un organisme technique de la Convention, qui se réunira à Bonn, en Allemagne, en mai prochain, de se saisir du dossier.

De plus, le second mécanisme de Kyoto, soit la Mise en œuvre conjointe qui permet aux pays développés d'investir dans d'autres pays développés, notamment des pays à économie en transition de l'Europe centrale et de l'Europe de l'Est, et d'obtenir des quotas d'émission de carbone qu'ils peuvent utiliser pour respecter leurs engagements en matière de réduction des émissions, a été lancé. Sa structure de gouvernance a aussi été établie.

Le fonctionnement du Fonds d'adaptation qui doit permettre aux pays en développement de faire face aux conséquences du changement climatique et créé en 2001 dans le cadre du protocole de Kyoto a été précisé. Il sera fiancé par une taxe de 20 cents perçue sur chaque crédit d'émission émis au titre du MDP.

Les pays se sont aussi entendus sur de nouvelles façons de favoriser le développement et le transfert des technologies. Parmi les technologies qui ont retenu l'intérêt, le piégeage et le stockage du carbone – qui implique le stockage souterrain du carbone.

Le ministre canadien de l'Environnement, Stéphane Dion, qui présidait la conférence, s'est félicité qu'un dialogue pour l'avenir ait été ouvert : des décisions clés ont été prises dans plusieurs secteurs. Le Protocole de Kyoto a été mis en marche, un dialogue concernant l'avenir a été ouvert et les Parties ont réalisé des progrès dans leurs efforts d'adaptation et d'application du programme de travail régulier de la Convention et du Protocole.

Même si la conférence Montréal présente des résultats positifs, il reste à espérer que l'accord Américain ne restera pas au stade de l'intention. Car il convient de noter que cette nouvelle attitude à une conséquence indirecte : en revenant de manière inattendue sur sa position, l'administration Bush a créé un soulagement qui contribue à omettre l'évidence : elle sera dispensée de toute mesure de réduction de pollution, au moins jusqu'aux prochaines discussions…


Les émissions mondiales de CO2* :
En 2003, les émissions mondiales de CO2 dues à l'énergie ont atteint 6,8 millions de tonnes de carbone (Mt C) selon cette méthode de calcul (approche sectorielle), soit un bond de 20,5% depuis 1990, dont la responsabilité, à hauteur de deux tiers, revient à trois pays : la Chine, les Etats-Unis et l'Inde ; néanmoins, c'est la Corée qui enregistre la progression la plus spectaculaire, en doublant ses émissions. S'agissant de l'Europe, la situation est contrastée : les records sont enregistrés en Espagne (+51,5%), au Portugal (+48,8%), en Irlande (+37,9%) et en Grèce (+28,2%) : la croissance économique explique l'essentiel de ces évolutions. À l'inverse, sa réunification profite à l'Allemagne, dont les émissions perdent 11,6%. Le Royaume-Uni, avec –5,5%, bénéficie de la dématérialisation de son économie et d'un transfert massif du charbon vers le gaz. Du côté des dix nouveaux pays adhérents à l'UE (dont la contribution au total UE est limitée à moins de 15% en 2003), la baisse est significative, de –25,2%, du fait de la restructuration de leurs économies, limitant ainsi la hausse des émissions de l'UE à +1,4%, contre +3,1% pour l'ex-UE à 15.
Comparées à 2002, les émissions mondiales gagnent 4,1% en 2003 ; à elle seule, la Chine y contribue pour plus de la moitié, dépassant la barre symbolique d'un milliard de tonnes de carbone, soit une envolée d'environ 16%.

Selon les estimations de l'Observatoire de l'énergie, les émissions de CO2 en France corrigées du climat restent quasiment inchangées en 2004 (-0,1%, mais +0,7% en climat réel) et affiche une tendance à la hausse, de +0,2% par an, depuis 1990, ce qui conduit à un dépassement d'environ +3,1% par rapport au niveau de référence de 1990, contre une baisse d'environ -23% depuis 1980. Par secteur d'activité, l'évolution est contrastée : les émissions dues à la production d'électricité thermique sont en baisse du fait d'un moindre recours au charbon et au fioul ; du côté de la consommation finale, l'industrie et les transports sont orientés à la hausse (respectivement de +0,4% et +0,7%), alors que les émissions inhérentes au résidentiel-tertiaire affichent une baisse de –0,4%.

*Source : Direction Générale de l'Énergie et des Matières Premières,Observatoire de l'économie de l'énergie et des matières premières - Observatoire de l'énergie (Novembre 2005)

Réactions1 réaction à cet article

sur changement climatique Monréal

bonjour!
voilà un résultat plein d'espoire dans la mesure où les questions se rapportant à la lutte contre le réchauffement de la planète et son corolaire les dérèglements climatiques commencent à être pris en charge par la conférence de Monréal
mais la question du reboisement à grand echelle de part le monde n'a pas été mise en évidence de comme moyen complémentaire de lutte contre le réchauffement de la planète
c'est la préoccupation de notre association reboiser le sahara Algérien et Africain
reboiserlesahra@yahoofr
merci pour vos encouragements

DAOUD | 15 décembre 2005 à 11h39 Signaler un contenu inapproprié

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