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Un an après le tsunami de l'Océan Indien, les conséquences environnementales sont encore visibles

Ravagés par un tsunami en décembre 2004, les littoraux de l'Océan Indien peinent à se relever. Même si la priorité est donnée au rétablissement social et économique, l'environnement apparaît comme indissociable du processus de reconstruction.

Risques  |    |  F. Roussel
   
Un an après le tsunami de l'Océan Indien, les conséquences environnementales sont encore visibles
Pêcheur en Indonésie
   
Le 26 décembre 2004, un tsunami ravage les côtes des pays de l'Océan Indien comme l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, l'Inde et même la Somalie. Le bilan fait état de plus de 250.000 personnes tuées ou disparues. Les dégâts matériels sont considérables tandis que tout l'écosystème côtier est altéré.
Un an après, les conséquences sociales, économiques et environnementales de cette catastrophe naturelle majeure sont encore très difficilement quantifiables. L'ONU estime tout de même que les dommages globaux pourraient excéder les 10 milliards de dollars. L'heure est à la reconstruction des lieux de vie : habitations, écoles, hôpitaux mais aussi hôtels et restaurants pour relancer l'économie touristique vitale pour la plupart des pays touchés.

Sur le plan environnemental, tout reste à faire. Si le tremblement de terre de grande profondeur à l'origine du tsunami ne semble pas avoir affecté le milieu marin au large, les zones côtières, en revanche, ont été altérées : récifs coralliens détruits par la violence des flots ou par les débris charriés par la mer, mangroves dévastées, terrains agricoles inondés, plages érodées, etc. Les zones proches du littoral ont disparu, la plage a disparu, les rizières ont été transformées en lagons côtiers, explique Faizal Parish, directeur du Centre international de l'environnement en Malaisie. Mais les dommages les plus importants sont invisibles : pollution des sols par des produits chimiques déversés lors de la destruction des infrastructures, contamination des sources d'eau potable, salinisation du milieu. Aux Maldives, l'eau de mer a endommagé les 1.200 fermes et parcelles de terrain des petits exploitants. Au Sri Lanka, 62.000 puits d'eau douce ont été souillés par l'eau salée ou par les eaux d'égout. Des traces de cadmium et d'amiante, substances toxiques et cancérigènes, ont été retrouvées dans l'eau à des concentrations pouvant représenter un danger pour l'Homme. Aux Maldives, une grande partie des infrastructures environnementales, telles que les décharges et les centres de traitement de déchets a été endommagée, en particulier dans les secteurs urbains. Dans la région d'Aceh en Indonésie, ce sont les installations portuaires qui ont été les plus touchées : installations de stockage d'huile ou de matériaux toxiques, cales des bateaux, etc.
Plus grave encore, en Somalie, le raz-de-marée a fait remonter à la surface les déchets radioactifs déversés au large des côtes somaliennes, durant les années 90, par des pays occidentaux. Profitant de l'instabilité du climat politique en Somalie, en guerre civile permanente depuis la fin de 1990, de nombreux pays occidentaux auraient proposé à l'Etat somalien de stocker des déchets toxiques en échange d'armes. Les autorités n'ayant ni les moyens, ni les compétences pour surveiller et contrôler les choses, tous les abus étaient possibles. Une partie des conteneurs, en dépôt dans les fonds marins depuis des années ont refait surface et leur état d'usure avancée inquiète les autorités, d'autant que ces objets flottants non clairement identifiés demeurent à quelques centaines de mètres du rivage. Les premiers effets de cette présence indésirable se font déjà ressentir chez les populations locales qui se plaignent depuis d'infections respiratoires, de saignements de bouche et de problèmes de peau.
Les espèces animales sauvages semblent avoir peu souffert du cataclysme : peu de poissons ont été rejetés par le raz-de-marée et peu de grands mammifères ont été retrouvés noyés. Seuls les impacts sur les sites de ponte des tortues luth au sud des Iles indiennes Andaman et Nicobar préoccupent particulièrement le WWF indien.
Mais d'autres évaluations sont encore nécessaires et seront bientôt conduites dans plusieurs régions sur l'état des parcs marins et côtiers, les espèces en danger notamment le dugong, les pêcheries, les sources d'eau douce et l'érosion des plages.

Cependant, même si la nature n'a pas été épargnée, elle a permis dans de nombreux cas d'amortir la violence du tsunami en constituant une première ligne de défense. Il apparaît que les mangroves, les dunes de sable ou les récifs de corail ont diminué la violence des vagues. Par exemple au Sri lanka, la majeure partie des parcs nationaux de Bundala ont été épargnés parce que les dunes de sable côtières ont complètement arrêté le tsunami qui n'a pénétré la région qu'au niveau des embouchures des fleuves. Cependant plusieurs études démontrent que la protection a été plus efficace là où les milieux étaient entretenus ou protégés. Les mangroves exploitées et non gérées ont subi de plein fouet le tsunami sans protéger l'intérieur des terres.

Un an après cette catastrophe, la reconstruction est en cours mais prendra beaucoup de temps. La priorité a été donnée à la reconstruction sociale et économique des secteurs touchés mais l'environnement n'a pas été oublié particulièrement dans les secteurs touristiques où il constitue un aspect non négligeable. Les plages et les fonds marins ont été nettoyées et les récifs de corail ont été reconstruits quand ils pouvait l'être. Mais les associations de défense de l'environnement alertent sur les conditions de remise en état. Ils dénoncent notamment une replantation des mangroves et une reconstruction des infrastructures le long des côtes réalisées en dépit du bon sens. Des étangs pour la pisciculture ont été construits dans des zones qui ne devraient pas être habitées... Elles sont susceptibles d'être frappées par un nouveau tsunami, met en garde, un expert du Forum indonésien pour l'environnement ou WHALI (Wahana Lingkungan Hidup Indonesia).
Pourtant face aux conséquences de cette catastrophe, les gouvernements pourraient prendre conscience de la fragilité de l'homme face à la nature et de la nécessité de se développer en accord avec les risques naturels. Une gestion équilibrée des côtes, l'intégration du risque dans la construction des infrastructures et la nécessité de mise en place d'un système d'alerte sont quelques exemples des recommandations effectuées par le PNUE dans son rapport sur les conséquences du tsunami publié en mars 2005.
D'ailleurs de nombreuses études sont conduites depuis le raz-de-marée pour mieux connaître le phénomène des tsunamis et leur relation avec les mouvements des fonds marins (tremblements de terre, éboulements, glissements de terrain). La prise de conscience pour ce type de risque remonte à moins de dix ans et les scientifiques en sont toujours à recenser les zones sous-marines à risques, qui cumulent forte pente, accumulation de sédiments meubles et présence d'une faille à proximité.
Mieux connaître les tsunamis c'est essayer de les prévoir. Mais de nombreux facteurs rentrent en compte et il est encore très difficile d'évaluer les conditions de formation d'un tsunami, son amplitude, sa direction ou encore sa vitesse. Les calculs nécessaires sont tels que, lorsque qu'un séisme se produit, dix heures sont nécessaires pour savoir s'il y aura un tsunami et où il frappera. Mais le facteur temps est le paramètre majeur dans ce type de phénomène. Sachant qu'une vague mettra par exemple 5 à 6 heures pour parcourir la distance qui sépare la zone sismique de l'Alaska d'Hawaï, il n'est pas possible d'attendre l'annonce du séisme pour lancer les calculs. Les scientifiques cherchent donc à établir des scénarios à l'avance qui simule la force et la localisation du tsunami pouvant être engendré et les font correspondre lorsqu'un séisme se déclenche.
C'est pourquoi un système d'alerte comme il en existe pour l'Océan Pacifique où les tsunamis sont fréquents est nécessaire et permet de compléter les scénarios scientifiques. L'Océan Indien ne possède pas encore de système performant mais depuis un an les Etats concernés s'activent pour le mettre au point sous l'égide de l'UNESCO. Un réseau d'alerte aurait pu sauver des milliers de vies en Inde et au Sri Lanka. Il aurait en revanche été inutile pour Sumatra, situé à proximité immédiate de l'épicentre, où 131.000 personnes ont péri et des dizaines de milliers d'autres restent portées disparues. En effet, le raz-de-marée du 26 décembre 2004 était exceptionnel. Avec 9,3 degrés sur l'échelle de Richter, le séisme déclencheur était le deuxième plus important mesuré dans l'histoire. Il a donné naissance à une houle pouvant atteindre le mètre d'amplitude, alors que, pour un « gros » tsunami, elle est plutôt de l'ordre de la vingtaine de centimètres.
Le groupe intergouvernemental de coordination, créé en août 2005 pour administrer le futur système d'alerte, s'est réuni une deuxième fois en Inde la semaine dernière. Ce fut l'occasion pour tous de promettre que les équipements seront opérationnels comme prévu, en juin 2006. Malheureusement, le financement n'est pas à la hauteur des espérances. Seulement cinq des douze millions de dollars nécessaires au projet ont pour le moment été versés. Patricio Bernal, secrétaire exécutif de la commission intergouvernemental de l'UNESCO, lance un appel à ceux qui gèrent les fonds des nations donatrices de l'ONU pour qu'ils soient conscients qu'il y a un besoin urgent de ressources.

Réactions1 réaction à cet article

Tsunami

Article très intéressant qui m'a ^permis de faire mon exposé sur les tsunamis. Merci.

Mylène | 10 mai 2009 à 12h11 Signaler un contenu inapproprié

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