Ainsi depuis mars 2005, de nombreuses mesures ont été prises notamment un arrêté de restriction d'eau et un ravitaillement en eau douce par bateaux. La faible quantité d'eau disponible faisant craindre une dégradation de sa qualité et des risques de non potabilité, un ravitaillement et une distribution de bouteilles d'eau ont été nécessaires. D'autres aménagements ont parallèlement été réalisés comme par exemple la recherche d'eau souterraine et l'installation de nouvelles stations de captage d'eau de ruissellement. Mais les recherches n'ont rien donné et il ne pleut toujours pas. Récemment les réserves de l'île ont été réapprovisionnées par bateaux et disposent actuellement de 113.000 m3. Depuis le 13 février dernier, les habitants et touristes actuellement présents sur Belle-île-en-mer peuvent de nouveau consommer l'eau du robinet et la distribution hebdomadaire d'eau embouteillée a été suspendue.
Alors que s'annonce un nouvel été de sécheresse l'île va se doter de deux installations de dessalement d'eau de mer qui seront mises en place par Saur France. Une première unité mobile, en cours d'installation à proximité de la plage des Grands-Sables, sera opérationnelle à compter d'avril prochain. D'une capacité de 25 m3/h, cette unité va augmenter la quantité d'eau disponible sur l'île de 100.000 m3 supplémentaires. La Communauté de Communes de Belle-île-en-mer s'appuiera sur la solidarité départementale et le concours de l'Agence de l'Eau pour financer cette opération.
Une seconde station d'une capacité identique viendra compléter ce dispositif début juin, portant la capacité d'approvisionnement en eau potable à 50 m3/h, soit 1.000 m3/jour. La production journalière de ces deux stations mobiles de traitement renforcera les ressources disponibles sur l'île évitant ainsi la situation critique de fin 2005. L'exploitation de ces deux unités, prévue jusqu'à la fin 2006, pourrait être prolongée en cas de besoin.
Conçues et réalisées par la Société Lorientaise de Construction Electromécanique (SLCE), ces stations de traitement d'eau utilisent la technologie de l'osmose inverse qui, par filtrage, retient de 98 à 99% du sel ainsi que les bactéries et micro-organismes contenus dans l'eau de mer. Un mètre cube d'eau potable est ainsi produit pour 3 m3 d'eau de mer pompés.
À plus long terme, la Communauté de Communes de Belle-île-en-mer a prévu de lancer deux nouvelles études pour résoudre son problème d'approvisionnement en eau. La première concernera la recherche d'eau de ruissellement souterraine. La seconde aura pour objet d'étudier les différentes solutions tendant la mettre à l'abri de telles pénuries : usine fixe de dessalement, canalisation sous-marine…Toutes ces solutions seront étudiées, aucune ne sera privilégiée, aucune ne sera écartée, a déclaré Jean-Yves Bannet, président de la Communauté de Communes.
Parmi toutes les techniques possibles, nombreuses sont les îles qui optent pour le dessalement d'eau de mer et plus particulièrement les îles touristiques qui voient leur consommation d'eau augmenter considérablement en période estivale. C'est le cas par exemple de Majorque (Baléares) dont l'usine couvre entre 12% et 25% de son approvisionnement selon la saison.
Aujourd'hui, la production mondiale d'eau douce à partir d'eaux saumâtres ou salées dépasse 25 millions de m3 par jour. Les principaux pays producteurs sont : l'Arabie Saoudite (25 %), les États-Unis (15 %), les Émirats Arabes Unis (10 %) et le Koweït (5 %). Le développement de la technologie de l'osmose inverse a permis de réduire les coûts et de participer au développement de la filière. Entre 1990 et 2001, le procédé est passé de 40 à 53% de part de marché et devrait atteindre les 70% à l'horizon 2020. L'Espagne, l'Algérie et la Chine ont déjà choisi le dessalement d'eau de mer pour assurer leur approvisionnement en eau potable. Londres y songe également à partir des eaux de la Tamise. Un projet est en cours pour l'installation d'une usine de dessalement implantée dans la commune de Newham, à l'est de Londres. Utilisant la technologie de l'osmose inverse, la station aura une capacité maximale de production quotidienne de 150.000 m3 correspondant à la consommation de 900.000 personnes. Sa mise en service est prévue pour 2008.