Cette déclaration a recueilli 33 voix contre 32. Heureusement pour lever le moratoire adopté en 1982, il faut une majorité de 75% des voix. Ce vote n'a donc pas été suffisant pour autoriser une reprise effective de la chasse et reste au stade de déclaration pour l'instant.
Toutefois pour l'IFAW (Fonds international pour la protection des animaux) qui était présent en tant qu'observateurs aux côtés de soixante-six pays et de nombreuses organisations écologistes internationales, l'arrivée pour la première fois à la CBI cette année de nouveau pays pro chasse comme le Cambodge, les Iles Marshall, le Mali, la Gambie et le Togo a permis de faire adopter la déclaration. Après avoir subi plusieurs échecs sur des propositions politiques, le Japon partisan de la chasse a hâtivement fait passer cela pour une victoire, indique l'IFAW. De nombreux autres pays, opposants à la chasse, ont tout aussi rapidement souligné le fait que la déclaration n'était pas contractuelle pour les états membres.
Les pays partisans de la chasse emmenés principalement par le Japon, l'Islande (qui pratiquent déjà une chasse dite « scientifique ») et la Norvège ont pourtant pour la première fois remporté une victoire sur les pays protecteurs des grands mammifères.
La France a jugé inquiétante cette résolution. Pour tous les pays qui comme la France estiment que la conservation des cétacés et la préservation de l'environnement marin sont un devoir et une responsabilité, l'adoption de cette résolution est inquiétante, indique le Ministère de l'Écologie et du Développement Durable dans un communiqué.
La France estime que la chasse à la baleine est une pratique d'un autre âge, sans justification économique et prévient que, face aux efforts des pays pro-chasse, la France reste plus que jamais déterminée, avec les pays protecteurs, à pérenniser l'existence du moratoire.Pour Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, cette résolution montre qu'il convient d'être plus que jamais vigilant et de mobiliser les pays protecteurs sur tous les fronts.
En dépit de l'interdiction de la pêche à la baleine, le Japon, gros consommateur de la chair de baleine, tue toujours des baleines sous prétexte de recherches scientifiques. Chaque année, le Japon tue plus de baleines en haute mer (plus de 1000 cette année seulement) et rien n'a été fait à la CBI cette semaine pour changer cela, souligne le Dr. Joth Singh, Directeur de la Protection de la Faune et de l'Habitat d'IFAW .
Malgré cet échec des pays protecteurs des grands mammifères, le bilan de la 58ème Commission Baleinière Internationale reste positif, selon eux sur d'autres points. Le comité scientifique et le comité de conservation continueront notamment à explorer, à inventorier et à dénoncer les risques des pollutions acoustiques des exercices navals militaires et des campagnes sismiques de prospection sous-marine d'hydrocarbures ainsi que les risques de collision entre les baleines et les navires, notamment les navires à grande vitesse. Un atelier dédié aux maladies infectieuses et autres risques sanitaires susceptible d'atteindre les baleines devrait également être organisé avant la prochaine réunion annuelle qui se tiendra en Alaska. Enfin, un projet français de sanctuaire baleinier dans les Zones Economiques Exclusives a été présenté et ouvert aux autres nations caraïbes. Ce projet, qui comprend les eaux sous juridiction française de la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et de Saint-Barthélémy, vise à assurer la conservation des habitats et des espèces de cétacés présents dans cette zone, dont plusieurs espèces de baleines (baleine à bosse, cachalot, rorquals…) et de petits cétacés (globicéphale, grand dauphin, dauphin tacheté pan-tropical …) dans des zones importantes pour le repos, l'alimentation, la reproduction ou l'élevage des jeunes. Le sanctuaire doit permettre de compléter efficacement le régime juridique de protection intégrale de toutes les espèces de mammifères marins par la délimitation d'une zone où les activités humaines néfastes à la conservation de ces espèces peuvent être contrôlées, voire interdites dans le cadre d'un processus de concertation entre tous les acteurs : administrations, élus, usagers de la mer, scientifiques et associations de protection de la nature. Tout en étant, dans un premier temps, une démarche nationale inscrite dans la stratégie française pour la biodiversité, le projet de sanctuaire a vocation à y associer les pays de la Caraïbe intéressés par une démarche commune de conservation des cétacés.
En attendant la prochaine session qui doit se tenir à Anchorage, en Alaska, du 28 au 31 mai 2007, le Japon a d'ores et déjà annoncé qu'il réunirait les pays pro-chasse début 2007 pour décider de la marche à suivre, et notamment des moyens d'obtenir la majorité de 75% requise pour reprendre la chasse commerciale.