Ce rapport précise également les sommes comparativement assez faibles qui seraient engagées si les températures étaient maintenues à des niveaux acceptables. Selon lui, les actions entreprises dès aujourd'hui pour limiter la hausse des températures à 2°C permettrait d'éviter 12 trillions de dollars de dommages annuels en 2100. En plafonnant la hausse des températures à 2°C, le coût du changement climatique ne s'élèverait en 2100 « qu'à » 3 trillions de dollars par an.
Pour Anne Bringault, directrice des Amis de la Terre France, il est temps pour le gouvernement et pour les futurs candidats aux élections de sortir des politiques du court terme. Nous devons commencer à réduire fortement nos émissions de gaz à effet de serre dès maintenant pour éviter la catastrophe dans les années à venir, ajoute-t-elle.
D'autres rapports se sont penchés sur cette question. La Lettre de la SNDD** rapporte les propos Sir Nicholas Stern, conseiller économique du chancelier de l'échiquier britannique Gordon Brown et ancien responsable des études économiques de la Banque Mondiale, lors d'une réunion ministérielle du G8+5 au Mexique le 3 octobre dernier. Lutter contre le changement climatique coûtera beaucoup moins cher que l'inaction, qui serait particulièrement désastreuse pour les pays pauvres, a-t-il indiqué lors de la présentation en avant-première des conclusions d'un rapport que lui ont demandé le premier ministre britannique Tony Blair et M. Brown, après le sommet du G8 de Gleneagles en juillet 2005. Selon Sir Nicholas, la réduction des émissions en vue de stabiliser à long terme la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère autour de 550 ppm CO2 eq aura probablement un coût net de l'ordre de 1% du Produit intérieur brut mondial en 2100. À l'opposé, les impacts attendus d'un laissez-faire pourraient coûter jusqu'à 10% du PIB mondial en 2100 et trois à quatre fois plus dans les pays pauvres.
Notons encore qu'en France, le 27 juin dernier, les sénateurs Pierre Laffitte et Claude Saunier ont présenté un rapport à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur le thème « Changement climatique et transition énergétique : dépasser la crise ». Selon ce rapport, il existe à cet horizon un risque réel d'emballement climatique dont les effets physiques et les conséquences financières sont très sous-estimés. De 1 % du PIB mondial actuellement, le coût du changement climatique pourrait être porté à 2,5-3 %.
Rappelons qu'au cours du XXe siècle, la température moyenne de la planète s'est élevée d'environ 0,6°C et celle de l'Europe de plus de 0,9°C. Les prévisions des scientifiques tablent pour la fin du XXIe siècle sur une hausse des températures de 2 à 6 degrés, voire plus. Les effets seraient considérables : hausse du niveau des mers, développement de maladies tropicales, extinction de nombreuses espèces, diminution des ressources pour l'alimentation (poissons, céréales, …), raréfaction de l'eau. Depuis le début de l'ère industrielle, la concentration de CO2 est passée de 280 à 377 parties par million, soit une augmentation de 30 %, tandis que la concentration d'oxyde d'azote a augmenté de 15 % et que celle de méthane a été multipliée par 2,45. L'entrée en vigueur du protocole de Kyoto n'est qu'une première étape d'une politique internationale qui, aux vues des récents rapports scientifiques, devra réduire de moitié les émissions mondiales de GES à l'horizon 2050 pour contenir le réchauffement à moins de 2°C d'ici la fin du siècle. Pour les pays industrialisés, cela suppose une division par 4 de leurs émissions afin de laisser la possibilité aux pays émergents de se développer. Selon le GIEC, le seuil de 2°C marque la différence entre un changement important mais gérable et un dérapage dépassant nos capacités d'adaptation.
*Climate Change – The Costs of Inaction
**Numéro 7 du 13 octobre 2006
*** Rapport