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En 2030, le mix français pourrait atteindre 50% d'énergies renouvelables au détriment du nucléaire

Selon une étude publiée par Energy Union Choices, la France peut atteindre 51% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2030 et réduire rapidement la part du nucléaire. Une thèse qui contredit les premières orientations de la PPE.

Energie  |    |  A. Sinaï
En 2030, le mix français pourrait atteindre 50% d'énergies renouvelables au détriment du nucléaire

La France peut accélérer fortement le déploiement des énergies renouvelables solaires et éoliennes et réduire d'un tiers ses capacités nucléaires d'ici 2030. C'est la conclusion d'une étude, publiée par le consortium Energy Union Choices, conduite par le cabinet Artelys, qui réalise des scénarios pour la Commission européenne, et le think tank européen E3G, à la demande de la Fondation européenne pour le climat.

Ce rapport arrive dans un contexte politique européen intense. La semaine dernière, c'est un objectif de 32% d'énergies renouvelables qui a été fixé pour l'Union européenne dans le cadre du paquet énergie. Et la nuit dernière, le trilogue européen s'est accordé sur un objectif de 32,5% d'efficacité énergétique à l'horizon 2030, soit une économie moyenne d'énergie de 0,8% par an, chiffre considéré comme décevant par le Réseau action climat (RAC) et par le rapporteur du Parlement européen Claude Thurmes.

Dans le ''scénario d'opportunité'' développé par cette étude, qui se veut plus ambitieux que le scénario de référence actuel des politiques énergétiques de l'Union européenne, les sources renouvelables, en France, assurent 51% de la production électrique en 2030, soit trois fois la part constatée en 2017, avec 37% de solaire et d'éolien tandis que la part du nucléaire est réduite à un peu moins de 50% du mix électrique. Et ce sur fond de hausse modeste de la demande en électricité.

Surestimation du coût des énergies renouvelables

Pourtant, d'après le scénario de référence, en 2030 la production d'électricité d'origine nucléaire reste la source d'électricité principale en France (65% de la production globale), devant l'hydroélectricité (10%), l'énergie éolienne (10%) et l'énergie solaire photovoltaïque (7%). La production d'électricité à partir du charbon ne représente que 2% de la production globale. Les filières renouvelables n'apporteraient que 31% de l'électricité produite. La France n'atteindrait donc pas sa cible de 40% d'électricité d'origine renouvelable à l'horizon 2030.

Or les coûts actuels des renouvelables sont déjà inférieurs à ceux projetés pour 2030 par la Commission européenne. Par exemple, le prix d'achat garanti moyen en Europe pour l'électricité solaire photovoltaïque se situait récemment autour de 55€/MWh, alors que le scénario de référence EUCO30 anticipe un niveau de 65€/MWh en 2030. Pour l'éolien terrestre, la même comparaison aboutit à une différence du même ordre : 65€ contre 80€/MWh. Les résultats des appels d'offres pour l'éolien en mer dans d'autres pays de l'UE sont compris entre 50 et 100€/MWh, contre 105€/MWh dans le scénario EUCO30 à l'horizon 2030.

L'étude, intitulée Plus propre, plus intelligent, moins cher (1) , s'est basée sur les dernières estimations de coûts pour parvenir à des estimations ''réalistes'' pour 2030. En France, la production d'électricité photovoltaïque apparaît, de loin comme la source d'énergie renouvelable la moins chère, avec un coût actualisé de l'énergie moyen de 34€/MWh. Les productions d'énergie éolienne et terrestre et en mer présentent respectivement des coûts actualisés de l'énergie de 42 et 49€/MWh. Comparativement, les coûts variables de production d'électricité par le charbon sont estimés à 55€/MWh et ceux des installation au gaz à 65/MWh.

20 GW de capacité nucléaire déclassés en 2030 sans augmentation du CO2

Dans le scénario d'opportunité, les 3 GW de centrales thermiques au charbon restantes et 20 GW de capacité nucléaire sont déclassés. Pour autant, l'étude souligne que ce scénario permet à la France de conserver un solde fortement exportateur, avec 81 TWh d'exportations nettes en 2030. Pour Nicolas Berghmans, chercheur à l'Iddri, ''ce rapport montre tout l'intérêt qu'ont les Etats-membres et en particulier la France à considérer l'évolution de leurs systèmes énergétiques à l'échelle européenne. Un système énergétique moderne, intelligent et propre à l'échelle de l'Europe passera par plus de coopération et de solidarité entre les systèmes électriques nationaux''.

Une part importante des usages finaux sont rendus pilotables ou ''intelligents'' dans l'industrie et le secteur commercial, les pompes à chaleur et les véhicules électriques. La demande pilotable atteint une puissance de près de 10 GW pouvant être déplacée dans le temps ou effacée. Les véhicules électriques sont dotés de la fonctionnalité de déchargement de leurs batteries sur le réseau (vehicle-to-grid ou V2G) qui permet au système électrique de disposer d'une capacité de stockage ''substantielle''.

Les flux d'électricité s'inscrivent dans un équilibre à trouver entre l'offre et la demande qui varient toutes les deux, en s'appuyant notamment sur des échanges avec les pays voisins. La variabilité de certaines énergies renouvelables comme l'éolien ou le solaire peut être en partie compensée par divers moyens facilitant la flexibilité : foisonnement, effacement, pilotage de la demande, stockage par batterie ou par d'autres moyens. La France, en raison de la stabilité ou de la baisse prévue par RTE de la consommation d'électricité et du développement des énergies renouvelables, va disposer d'une surcapacité électrique qui lui permettra d'exporter si elle ferme peu de réacteurs nucléaires. Les interconnexions avec les pays voisins permettront-elles de supporter de tels niveaux d'exportations ?

En son état actuel, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) n'a acté aucune fermeture de réacteur nucléaire supplémentaire. Le gouvernement actuel s'oriente vers une combinaison d'atome et de renouvelables. ''Le risque de cette surcapacité est de maintenir des prix bas de l'électricité, voire de les faire baisser davantage, ce qui présenterait un risque de rentabilité pour les producteurs d'électricité, EDF en premier. Par ailleurs, les subventions aux énergies renouvelables sont calculées sur la base de la différence entre leur prix de vente et le prix de marché. Plus le prix de marché est bas et plus les subventions sont élevées, augmentant le poids pour les contribuables'', commente Anne Bringault du Cler-Réseau pour la transition énergétique.

Un point fort de cette étude est de démontrer que la sortie du charbon et la réduction simultanée de la capacité nucléaire sont compatibles avec la réduction des émissions de CO2 qui atteindront en 2030 une baisse de 61% par rapport au niveau de 1990.

1. Consulter l'étude :
http://www.energyunionchoices.eu/wp-content/uploads/2018/06/EUC_French_Report_Final.pdf

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