ITER, (International Thermonuclear Experimental Reactor – réacteur thermonucléaire expérimental international), dont le coût total est évalué à 10 milliards d'euros sur 40 ans, vise à construire un grand réacteur de fusion expérimental, afin de produire dans un délai de 30 ans de l'énergie à un stade pré-industriel, en reproduisant la fusion qui a lieu dans les étoiles à partir de l'hydrogène notamment.
Pour le président Jacques Chirac, cette signature est une nouvelle étape d'une aventure tout à fait exceptionnelle. Si rien ne change, l'humanité aura consommé en deux cents ans l'essentiel des ressources fossiles accumulées pendant des centaines de millions d'années, provoquant en même temps un véritable séisme climatique. La raréfaction de ces ressources et la lutte contre le réchauffement climatique exigent une révolution de nos modes de production et de nos modes de consommation, a déclaré le Président Français dans son allocution.
À l'inverse du processus de fission nucléaire (dégageant de l'énergie en cassant des atomes lourds tel l'Uranium) qui produit des déchets radioactifs à très longue durée de vie, la fusion thermo-nucléaire qui consiste à fusionner deux atomes légers comme du Deutérium (Isotope naturel lourd de l'Hydrogène) ou du Lithium, produit des composés plus lourds dont la durée de vie radioactive est de l'ordre d'une vie humaine. La gestion des déchets radioactifs serait donc beaucoup plus aisée alors que le Deutérium se trouve en quantité quasiment illimité dans les molécules d'eau des océans. M. Chirac a indiqué qu'en théorie, on pourrait tirer d'un litre d'eau de mer autant d'énergie que d'un litre de pétrole ou d'un kilo de charbon. Mais le défi est immense : contrôler la fusion nucléaire !. Trois décennies de recherche s'ouvrent à nos nations avec l'espoir d'une solution utile à l'humanité tout entière, a précisé le président.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a quant à lui salué un événement historique qui va permettre d'inventer des sources d'énergie propres et durables pour demain. Je souhaite qu'ITER parvienne à apporter à nos sociétés un progrès et un bien désormais inestimables : la possibilité d'exploiter une nouvelle source d'énergie respectueuse de l'environnement et virtuellement inépuisable. Je suis convaincu que l'avenir nous donnera raison d'avoir cru au rêve des physiciens : domestiquer l'énergie telle que la produisent les étoiles.
Après de grandes batailles diplomatiques qui avaient commencé dès juin 2002, le site de Cadarache, dans le sud de la France, avait finalement été choisi en juin 2005. Les partenaires du projet avaient ainsi négocié pendant 3 ans pour départager les sites potentiels pour son implantation. La Russie, l'UE et la Chine soutenaient le site de Cadarache en France, les USA, le Japon et la Corée du Sud supportaient quant à eux Rokkasho-mura au Nord du Japon.
Au final, la France et l'UE devraient assumer 50% des coûts de construction du réacteur, estimés à 4,2 milliards d'euros, tandis que le Japon n'en financera que 10% et obtiendra la direction de la gestion d'ITER.
Le réacteur devrait générer près de 3.000 emplois directs ou indirects dans la région, et bien d'autres dans chaque pays partenaire, a indiqué le président français qui précise que ITER apportera aussi des opportunités nouvelles à de nombreux secteurs dans l'industrie de pointe, dans les travaux publics, dans l'ingénierie. Toutes les entreprises auront leur chance dans les appels d'offres européens et internationaux qui commencent à être lancés.
Les anti-nucléaires dénoncent de leur côté un projet insensé qui va engloutir environ 10 milliards d'euros et dont le résultat est plus qu'incertain attendu des échecs rencontrés par la recherche dans le passé. Le risque réside en effet dans l'échec potentiel de cette technologie qui aura nécessité de gros investissements se substituant ainsi à ceux qui pourraient être accordés pour améliorer le développement des énergies renouvelables par exemple.
Dans un communiqué, le Réseau Sortir du nucléaire se pose la question : pourquoi commencer à l'avance des travaux qui peuvent se révéler totalement inutiles ? L'avenir le dira !