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L'INVS met en évidence un lien entre la pollution des incinérateurs et l'apparition de cancer à proximité

Une étude rétrospective de l'INVS met en évidence un lien statistique entre le niveau d'exposition aux polluants des incinérateurs dans les années 70-80 et l'augmentation de la fréquence de certains cancers au cours des années 90-99.

Risques  |    |  F. Roussel
   
L'INVS met en évidence un lien entre la pollution des incinérateurs et l'apparition de cancer à proximité
   
Depuis 1970, la France a recours à l'incinération pour éliminer les ordures ménagères. Bien que le nombre d'usines d'incinération d'ordures ménagères et leurs rejets aient beaucoup diminué depuis 1990, la France possède toujours le parc d'usines d'incinération d'ordures ménagères (UIOM) le plus important d'Europe et une inquiétude s'est installée chez les populations riveraines à propos de l'impact de ces installations sur leur santé. Les émissions atmosphériques de ces installations industrielles sont constituées de mélanges complexes associant des oxydes d'azote et de soufre, des particules, des substances dangereuses initialement présentes dans les déchets tels que les métaux lourds et, notamment lorsque les processus d'incinération sont incomplets, des composés chimiques de type dioxines, furanes et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les personnes vivant près des incinérateurs sont donc potentiellement exposées aux polluants émis dans l'atmosphère par l'inhalation d'air pollué, par la consommation d'eau ou de produits alimentaires contaminés ou par contact cutané avec le sol.

C'est pourquoi, en 2003, l'INVS a lancé une étude nationale financée dans le cadre du Plan Cancer, pour évaluer le risque de cancer lié à l'exposition dans le passé aux incinérateurs d'ordures ménagères. L'étude a porté sur 135.567 cas de cancer apparus entre 1990 et 1999 dans quatre départements (l'Isère, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et le Tarn) où 16 incinérateurs étaient en fonctionnement entre 1972 et 1985. Résultat : il existe bien un lien significatif entre le niveau d'exposition aux incinérateurs dans les années 70-80 et l'augmentation de la fréquence de certains cancers au cours des années 90-99.
Même si la tentation est grande de transposer ce lien à la situation actuelle, l'INVS se veut prudent et précise que cette étude porte sur une situation passée, ces résultats ne peuvent pas être transposés aux situations actuellement générées par les incinérateurs, moins polluants et mieux contrôlés qu'auparavant. Il est vrai que les normes d'émissions ont été réduites notamment depuis le 28 décembre 2005 mais le Centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIDD) rappelle que seuls 20 composés pour les rejets atmosphériques ont été retenus dans les normes, notamment 12 métaux lourds comme le mercure ou le plomb, mais la liste des polluants non assujettis à des normes est encore plus longue. Beaucoup de composés organiques sont produits par l'incinération et ne sont pas mesurés alors qu'ils sont également persistants, toxiques et bioaccumulables, comme les dioxines.

D'ailleurs l'étude de l'INVS ne conclut pas sur les polluants incriminés puisqu'elle a porté sur une pollution globale. En revanche, une étude spécifique aux dioxines a été lancée en 2004 par l'INVS en collaboration avec l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Cette étude a tenté de savoir si les populations vivant autour des usines d'incinération d'ordures ménagères sont plus imprégnées par les dioxines que celles qui en sont éloignées. L'étude a confirmé que la contamination en dioxine se fait principalement par ingestion d'aliments imprégnés de polluants et notamment les aliments riches en graisse puisque les dioxines sont lipophiles : produits laitiers, œufs et les lipides animaux. Des taux de dioxines ont donc été retrouvées dans tous les cas de figure, que la personne réside ou non à proximité de l'incinérateur sans différence significative.

Malgré toute la prudence scientifique dont font preuve les auteurs de ces deux études, les résultats démontrent bien que les incinérateurs ont pollué, contaminé et rendu malade la population à proximité. Un des polluants, la dioxine, est encore présent dans notre environnement et contamine au fur et à mesure toute la chaîne alimentaire. Les avis divergent cependant quant à la conduite à tenir à l'heure actuelle. Certains estiment que la réduction des normes d'émission et l'amélioration des techniques d'incinération garantissent la protection de la santé des riverains. Pour d'autres, l'incinération doit être totalement abandonnée au profit d'autres techniques sinon la situation risque d'empirer. Même si les concentrations de dioxines dans les fumées d'incinérateurs sont censées baisser, les quantités émises par incinérateur resteront globalement élevées en raison de l'augmentation de la capacité des incinérateurs, du débit de fumées rejetées et de la quantité de déchets traitée, explique Sébastien Lapeyre, chargé de mission Incinération au CNIID. À l'heure où l'OMS qualifie l'augmentation du nombre de cancers de véritable épidémie, il paraît aberrant que l'incinération soit aujourd'hui un système de traitement encore largement utilisé, développé et soutenu en France sachant que ce procédé produit des milliers de polluants différents et empêche le développement de filières alternatives de traitement des déchets, ajoute-t-il.

Au sein des partis politiques écologistes, les réactions sont tout aussi radicales. Dominique Voynet demande un moratoire immédiat sur la construction de nouveaux incinérateurs et un plan de fermeture des installations existantes. Elle rejoint en cela le parti de Corinne Lepage, CAP 21, qui avait lancé en juin 2005 un « appel pour un avenir sans incinérateurs ».
Du côté du ministère de l'écologie et du développement durable, Nelly Olin, estime que ces études confortent son action engagée dans le domaine de la gestion des déchets et basée sur la réduction des volumes de déchets à la source, l'augmentation de la quantité de déchets valorisés par réemploi, recyclage, compostage ou méthanisation et le respect des nouvelles normes environnementales en vigueur, plus strictes. Elle rappelle également que pour la première fois depuis 1995 les quantités d'ordures ménagères produites en France se sont stabilisées.
Pourtant, dans les départements, la grogne des riverains s'accentue car de nouveaux projets d'incinérateurs sont validés régulièrement à l'image du Haut-Rhin où une troisième usine d'incinération de déchets ménagers entrera en service en 2010. Même problème en Corse ou à Fos-sur-Mer où la communauté de commune Ouest-Provence et la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole se livrent un combat effréné au sujet du nouvel incinérateur de Marseille.

Réactions4 réactions à cet article

Pas de démagogie SVP

Je en défends absolument pas le traitement thermique, mais pas davantage la démagogie classique et les discours non pesés

Les "incinérateurs" qui contractuellement vont encore fonctionner un certain temps, à tort ou à raison, et dont il faut plus se méfier des fumées que des cendres , ces "unités de traitement thermique" du passé peuvent polluer moins dans le futur immédiat si les élus font leur boulot et encouragent mieux la détournement des polluants qu'on met encore trop dans la poubelle dite "grise" des non recyclés pas tous irrecyclables.

Question naïve : la pollution réelle des UTT qui ne se répartit pas uniformément tout autour de la cheminée dans un rayon précis déterminé a-t-elle le même impact sur un voisin qui, par ailleurs, ménage sa santé que sur un voisin qui accepte facilement des pollutions qui l'arrangent.

Il est des salariés qui gagnent leur vie à fabriquer des conneries polluantes et,qui se nourrissent comme des cochons , mais qui manifestent haut et fort contre un projet d'UTT !!!

Un vieil anti-incinération évitable
qui ne croit pas pour autant à la méthanisation miracle
défendue par certains. .

Eco-constructif | 07 décembre 2006 à 09h51 Signaler un contenu inapproprié
Re:Pas de démagogie SVP

OUI, veiller à ce qui est mis dans la poubelle "non recyclable" serait déjà un bon compromis entre le pour et le contre de l'incinération!

Anonyme | 07 décembre 2006 à 19h48 Signaler un contenu inapproprié
cette étude conforte les inquiétude des riverains

cette étude a pu paraître tant mieux !

A des taux nettement significatifs ( supérieur à o,o1), elle objective un gradient positif de pathologies cancéreusess selon que l'on que les personnes habitent loin ou près du panache de fumées des incinérateurs.Ce phénomène avait déjà été identifié par l'étude du Pr Viel à propos des seuls lymphomes.
Ce rapprochement a été observé malgré un environnement où les autres sources de pollution sont très présentes, c'est dire l'importance de cette association statistique pour qu'elle sorte si nettement .
Les Chiffres seraient encore plus importants si on avait pu comparer les populaitons exposées au non-exposées, mais hélas dans ces régions où l'incinération est très présente toute la population est plus ou moins exposée à ces fumées que l'on cherche à tout pris à nous présenter comme inoffensives.
Pourtant les décideurs sont toujours friands d'installer ces incinérateurs un peu partout sur notre territoire, aidés en cela par quelques experts ( ce n'est pas l'unamité bien heureusement) qui dévalorisent l'esprit éthique et la rigueur scientique.

Aux dires que les nouveaux pollueraient moins (ce qui reste à prouver par exemple au regard des taux particulièrement excessifs èmis recemment par l'incinérateur de Gien), ils ne seraient plus toxiques. Etrange raccourci qui arrange bien tout ceux qui refusent à remettre en question notre société basée sur le gaspillage .
Que l'on réfléchisse honnêtement à tous ce que l'on jette, cela nous permettrait d'en être honteux de tant de gachis et réduirait alors les volumes de façon drastique pour qu'ils arrivent rapidement au niveau de celui des cendres produites par ce type d'engin.

Mais voilà cela ne ferait pas marcher la machine économique . Ceci est la vraie problématique: développement matériel durable (que certains précités espèrent comme infini) ou Evolution Durable ?

Une majorité de citoyens informés et attentifs à la problématique environnementale sont la base des associations ou de collectifs opposés à la construction d'autres incinérateurs Heureusement pour nous tous.

l'attentif | 07 décembre 2006 à 22h20 Signaler un contenu inapproprié
les chaines de commandemant complices

Bonjour
L'étude de l'INVS rend justice à l'action militante des diverses associations opposées à l'incinération.
Elle n'est, soyons lucides, qu'un pas vers le moratoire.
Celui-ci va t'il devenir thème de la campagne présidentielle?
Les politiques ont l'art des promesses ambigues.

Tout autant que la technique de l'incinération il convient de faire le procès de la chaine de commandemant administratif qui enquête d'utilité publique après enquête continue à rester sourde aux observations des riverains qui s'inquètent des dangers de tel ou tel projets.
La part de corruption que l'on peut soupconner derrière les enjeux financiers n'explique pas tout.
Il y a conformisme, aveuglement, manque d'impartialité des préfectures qui finissent par apparaître comme "porteuses" du projet.

Il faudrait mettre en place un pilori médiatique qui listerait les auteurs des bêtises proférées par les défenseurs de ces très contestables projets.
Quand je dis projets je vais au delà des incinérateurs.

Je pense aux biofiltres à gaz qui vont être employés dans un centre de tri de déchets à 26800 Etoile pour réduire les nuisances olfactives de l'air ayant traversé les unités de fermentation des composts.
Il faut savoir que le projet est géant 80.00 tonnes l'an, et le recours à ces biofiltres une première. Or ces biofiltres sont de véritables bouillons de culture oû les conditions de tempétarure et d’humidité seront les mêmes que dans les tours de refroidissement des grosses installations de climatisation incriminées en cas d’épidémie mortelle de légionellose.
Selon toute vraisemblance ils vont multiplier de façon industrielle les bactéries de légionelle en provenance du compost.

Tenter d'expliquer la chose à une préfecture relève de la gageure.

sanspsd

sanspsd | 09 décembre 2006 à 20h06 Signaler un contenu inapproprié

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