En déplacement le 29 septembre en Guadeloupe, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé le financement de l'Etat pour collecter les algues sargasses toxiques échouées sur les plages antillaises. Ce lundi 1er octobre, la recherche s'accélère pour valoriser ces algues brunes ou jaunes. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Université des Antilles viennent de lancer un projet interdisciplinaire de recherche d'une durée de 18 mois, financé en grande partie par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Ce projet de recherche, intitulé "ECO3SAR", est mené avec le laboratoire d'analyses départemental de la Drôme. Il vise à explorer des pistes de valorisation des sargasses, notamment sous la forme de compost. L'entreprise Holdex Environnement, basée en Martinique et spécialisée dans la production de compost, participe au projet. Les chercheurs effectueront des analyses chimiques afin de détecter la présence de polluants, les sargasses "étant réputées pour accumuler facilement des métaux lourds", soulignent les scientifiques. Afin de réaliser leurs analyses, les chercheurs procèderont à des missions de ramassage des algues, la première campagne d'échantillonnage ayant eu lieu en juillet dernier et la prochaine en octobre 2018. Au total, ce sont environ 45 sites qui seront échantillonnés en Martinique et en Guadeloupe. Des études antérieures ont montré que les sargasses pouvaient être contaminées par l'arsenic et le chlordécone, préviennent les scientifiques. "Or, les sargasses sont difficilement valorisables si elles sont contaminées".
Les chercheurs s'intéresseront également au processus de dégradation des sargasses en regardant quels micro-organismes leur sont associés et comment ils évoluent au cours de la dégradation des algues. Lorsqu'elles se décomposent sur les plages, les sargasses dégagent d'importantes quantités de sulfure d'hydrogène, provoquant nuisances olfactives, mécaniques et sanitaires. Le dernier volet de leurs travaux porte sur les filières et l'acceptation sociale de projets de valorisation des sargasses par les populations locales.
Par ailleurs, l'Ademe, la région Guadeloupe et l'Agence nationale de la recherche prévoient de lancer ce mois d'octobre un nouvel appel à projets de recherche et développement pour apporter des "solutions pragmatiques" à l'échouage des sargasses. Les techniques de collecte en mer, de ramassage au sol, ainsi que les procédés de traitement et de valorisation des sargasses sont aussi visées dans cet appel.