Ces rapports d'évaluation comprennent plusieurs volumes et fournissent des informations scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs incidences et les mesures qui pourraient être prises pour y faire face. Il se compose de trois groupes de travail et d'une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.
L'ensemble des rapports produit par ses trois groupes tient lieu de référence pour les scientifiques et les décideurs du monde entier. En effet, le premier rapport d'évaluation du GIEC, publié en 1990 a amené l'Assemblée générale des Nations Unies à décider d'élaborer une Convention-Cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) qui a reconnu l'existence du changement climatique d'origine humaine. Le deuxième, publié en 1995, a fourni les éléments de base aux négociations du Protocole de Kyoto, issu de la Convention et le troisième rapport de 2001 a confirmé le rôle de l'homme dans le réchauffement constaté au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Aujourd'hui pour la quatrième fois depuis sa création, le GIEC s'apprête à produire son rapport d'évaluation fruit de la contribution de ses trois Groupes de travail. Il devrait être terminé et rendu public en novembre 2007. Son volet scientifique (Groupe I) sera discuté du 27 janvier au 2 février 2007 à l'UNESCO à Paris. Cet apport est à la fois indispensable et décisif, car il permettra aux Groupes de travail II et III de finaliser leurs propres conclusions, explique le ministère des affaires étrangères dans un communiqué. Alors que le Groupe de travail I est chargé d'évaluer les aspects scientifiques du système climatique et de l'évolution du climat, le groupe de travail II s'occupe des questions concernant la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels aux changements climatiques, les conséquences négatives et positives de ces changements et les possibilités de s'y adapter. Quant au groupe de travail III, il a pour mission d'évaluer les solutions envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou atténuer de toute autre manière les changements climatiques.
Cette réunion sera l'occasion de rassembler les spécialistes internationaux les plus renommés. Près de 2500 experts ''climat'' du monde entier, désignés par les gouvernements et les organisations internationales, se regrouperont pour en approuver le résumé dit à ''l'intention des décideurs'' : « Bilan 2007 des changements climatiques : les bases scientifiques physiques » et révéler leurs conclusions.
Mais certains journaux ont d'ores et déjà révélé les premières conclusions à l'instar du journal El Pais dans son édition du 26 décembre. D'après le quotidien espagnol, d'ici à 2100, l'augmentation de la température moyenne de la planète devrait se situer entre 2 et 4,5 degrés, le maximum de probabilité se situant à 3°. Les experts jugeraient très improbable une augmentation inférieure à 1,5 degré mais également que des hausses supérieures à 4,5 degrés « ne peuvent être exclues ». Il faut bien réaliser qu'un réchauffement moyen de 3°C - la moitié de celui que notre planète a connu depuis la dernière période glaciaire - nous plongerait dans un climat très différent de celui que nous connaissons, expliquait Jean Jouzel, un des représentants français au GIEC, dans une interview accordée à Actu-environnement en septembre dernier. Et certaines régions se réchaufferaient plus fortement, jusqu'à de 8 à 10°C dans l'Arctique, ajoutait-t-il. Résultat : en France, le climat risque en fait d'être plus sec au sud, et plus pluvieux au nord ; les événements extrêmes comme les tempêtes pourraient être plus fréquents, et l'enneigement diminuer sur les reliefs alpins.
En ce qui concerne l'élévation du niveau des mers, les scientifiques prévoiraient, selon El Pais, sur une hausse de 19 à 58 centimètres d'ici la fin du siècle.
Les résultats se seraient affinés puisque le dernier rapport du GIEC publié en 2001 estimait que la moyenne globale des températures de surface se situerait en 2100 dans une fourchette comprise entre 1.4 et 5.8 degrés centigrades au-dessus des niveaux de 1990 en fonction notamment des politiques mises en œuvre durant cette période. Il prévoyait également en 2100 une montée du niveau des océans de 9 à 88 centimètres et des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents.
Dans ce contexte, on notera avec intérêt les résultats d'un sondage* de l'institut CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France et i-Télé paru vendredi selon lequel 49% des personnes interrogées jugent que le réchauffement climatique représente l'enjeu de ce siècle pour l'humanité, tandis que 36% n'y voient qu'un enjeu parmi d'autres qui ne doit pas masquer les autres problèmes. 12% pensent qu'il s'agit d'une exagération des médias. 1% pense que le réchauffement climatique ne relève de rien de cela, et 2% ne se prononcent pas.
* Voir notre dossier sur le GIEC
*Ce sondage a été réalisé par téléphone les 21 et 22 décembre dernier auprès d'un échantillon national représentatif de 1003 personnes âgées de 18 ans et plus d'après la méthode des quotas.