Reconnaître les pathologies des travailleurs de la banane exposés au chlordécone comme maladie professionnelle. C'est la voie qu'a ouverte Emmanuel Macron en reconnaissant le "scandale environnemental" dont souffrent les Antilles depuis 40 ans, lors d'un déplacement en Martinique jeudi 27 septembre.
Mais le président de la République confie préalablement à l'Inserm et à l'Anses le soin de mener une étude scientifique sur le lien entre surexposition à l'insecticide organochloré utilisé en Martinique et en Guadeloupe jusqu'en 1993 et les pathologies constatées. Pour l'instant, ce lien n'est que présumé, a-t-il expliqué. Les deux agences remettront leur étude en mars prochain. Les partenaires sociaux s'appuieront ensuite sur ces expertises pour travailler sur une évolution des tableaux de maladies professionnelles.
Emmanuel Macron a, en revanche, rejeté toute possibilité d'indemnisation générale. Ce serait impossible budgétairement et irresponsable, a indiqué le chef de l'Etat. Ce dernier a toutefois annoncé un renforcement de l'action de l'Etat, avec un budget de 3 millions par an, en hausse de 42% sur deux ans. Trois axes ont été indiqués par le chef de l'Etat : un accroissement du contrôle des sols, du contrôle des aliments, ainsi qu'un achèvement de la cartographie des zones polluées.
Concernant les sols, M. Macron a rappelé la possibilité de prise en charge des diagnostics par l'Agence régionale de santé. Quant au contrôle des aliments, il a annoncé sa volonté d'aller vers le "zéro chlordécone dans l'alimentation" qui passera d'abord par de nouveaux seuils plus stricts conformes aux préconisations de l'Anses. Sauf que cette dernière avait rejeté, en décembre 2017, une réduction des limites maximales de résidus (LMR). Concernant enfin les sols pollués, le président a annoncé la relance de la recherche sur la dépollution, en particulier biologique. "La transparence est notre meilleur allié collectif", a assuré le chef de l'État qui a annoncé un quatrième plan chlordécone d'ici l'été 2019.