"En cinquante ans, nous avons déforesté l'équivalent de la surface de la France métropolitaine, ailleurs dans le monde, à travers les produits que nous importons, comme le soja pour nourrir les animaux que nous mangeons ou l'huile de palme pour le diesel de nos voitures", révèle Pascal Canfin, directeur général du WWF France. L'ONG a présenté ce jeudi 8 novembre une étude sur l'empreinte déforestation de la France (1) .
Au même moment, l'association Envol Vert a présenté un autre rapport sur la même problématique (2) qui chiffre à 352 m2 l'empreinte moyenne des Français sur la forêt. Les deux ONG publient ces études alors que l'on attend la nouvelle stratégie de lutte contre la déforestation importée du gouvernement.
Le WWF chiffre à 14,8 millions d'hectares l'empreinte annuelle de la France sur des surfaces cultivées et forestières situées hors de nos frontières. Sur cette surface, 5,1 millions d'hectares se situent dans des pays présentant un risque élevé de déforestation, avec en tête le Brésil, suivi par le Chine, la Côte d'Ivoire, l'Argentine, l'Indonésie, la Russie et la Malaisie. Les impacts sont écologiques, en supprimant les services rendus par les forêts et en mettant en péril de nombreuses espèces, mais aussi sociaux avec des déplacements de population ou la violation de droits humains.
L'empreinte a été calculée en prenant en compte sept matières premières utilisées dans des produits consommés en France. Ces matières sont, par ordre de volume importé décroissant : la pâte à papier, le bois, le soja, l'huile de palme, le cacao, le caoutchouc naturel et, enfin, la viande et le cuir de boeuf. "Les acteurs français devraient prioriser leurs efforts sur les matières premières dont la part d'importations de pays à fort niveau de déforestation est la plus élevée, c'est-à-dire l'huile de palme (biodiesel, savons…), le soja (présent indirectement, via l'alimentation animale, dans la viande, les oeufs, produits laitiers…), le cacao (tablettes de chocolat…) et le caoutchouc naturel (pneus)", conseille l'association.
Les préconisations du WWF visent les consommateurs, appelés à manger moins de viande et à privilégier les produits certifiés. Mais aussi les pouvoirs publics invités à opter pour une commande publique zéro déforestation, les entreprises à exiger une production durable des matières premières, ou encore les bailleurs à investir dans la réhabilitation des terres dégradées.