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Actu-Environnement

“PCB : comprendre l'effet chronique des faibles doses en mélange”

Si la recherche sur les PCB a bien avancé, certains points comme l'impact des faibles doses restent encore à éclaircir. Précisions d'Hélène Budzinski, directeur de recherche de physico et toxico-chimie de l'environnement à Bordeaux I.

Interview  |  Eau  |    |  D. Laperche
   
“PCB : comprendre l'effet chronique des faibles doses en mélange”
Hélène Budzinski
Directeur de recherche de physico et toxico-chimie de l’environnement à Bordeaux I
   

Actu-environnement : Quel est l'état des connaissances scientifiques concernant la pollution aux PCB ?

Hélène Budzinski : En terme de connaissance, nous savons ce que sont les PCB, d'où ils viennent, nous connaissons leurs voies de dissémination dans l'environnement et leurs impacts. Leurs concentrations s'avèrent aujourd'hui faibles, de quelques nanogrammes/gramme à une échelle du milligramme/gramme dans les gros spots.

Désormais les lacunes qu'ils nous restent à combler sont périphériques : comprendre l'effet chronique des faibles doses en mélange, savoir précisément d'un point de vue épidémiologique, environnemental, l'impact imputable aux PCB ou en lien avec ces composés mais associés à d'autres contaminants.

AE : Arrivez vous à suivre le devenir des PCB ?

HB : C'est assez difficile : les produits de dégradation ne sont pas forcément tous bien connus. Les composés vont s'oxyder, se déchlorer, c'est-à-dire perdre des atomes de chlore... Ce qui est positif, c'est que ces produits sont moins stables que les molécules d'origine et donc se dégradent plus facilement. Quand ce sont des PCB de plus petits poids moléculaires, nous connaissons leurs effets mais quand ce sont des produits d'oxydation, il y a des lacunes de connaissances... Il existe 209 PCB dont 135 sont vraiment présents dans l'environnement pour chacun d'entre eux nous pouvons avoir des produits d'oxydation. Nous ne pouvons pas quantifier cette réaction mais elle reste très faible car dans les sédiments les PCB sont stockés dans les zones où il n'y a pas d'oxygène.

AE : Quelles sont les dernières avancées dans vos recherches ?

HB : Nous essayons de voir le niveau de contamination de différents organismes et si ce dernier peut être un facteur explicatif d'une disparition de population. Par exemple, concernant les anguilles, les recherches montrent que les PCB pourraient être un élément contribuant à leurs déclins. Les PCB affecteraient leurs capacités de natation : l'anguille a besoin de nager pour se reproduire, lors de cette phase, elle pourrait libérer des stocks de PCB qui la contamineraient... Je mets du conditionnel car nous avons beaucoup de mal à reproduire cela en laboratoire. Nous démarrons également un suivi des serpents : nous sommes étonnés d'avoir trouvé des teneurs en PCB assez fortes pour cette espèce.

AE : Quelles sont les difficultés pour reproduire ces effets en laboratoire ?

HB : Nous ne retrouvons plus les teneurs des années 70 dans le milieu - ou la répercussion était alors immédiate – mais des faibles doses c'est donc plus difficile de cerner les effets. Elles impliquent en effet de passer par de l'échantillonnage de grande série et du multiparamétrage. Nous essayons de relier la contamination à des indices physiologiques, des indices de reproduction : cela demande du temps.

De plus, il faut faire le distinguo entre différents polluants : les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les métaux, les PCB, les pesticides, etc.

Avec l'effet chronique, la toxicité d'une exposition durant deux à trois ans peut se déclencher 50 ans plus tard : pour faire le lien, nous avons besoin d'études épidémiologiques sur plusieurs générations.

AE : Quelles sont les interactions entre la pollution dans l'eau et celle présente dans les sédiments ?

HB : Globalement les sédiments sont des réservoirs et l'eau véhicule la contamination par exemple vis-à-vis des organismes aquatiques. Même dans un environnement où il n'y a plus d'apports de PCB, l'eau est continuellement polluée par les stocks dans les sédiments. Nous ne connaissons pas tous les mécanismes parfaitement. Par exemple, nous comprenons mal comment le compartiment microbien joue un rôle. Ce dernier, à l'interface, peut en effet participer au transfert des PCB. Beaucoup de molécules se dégradent lors du transport. Dans le cas des PCB, le problème c'est qu'ils sont stables : dans certains cas, nous aurions plutôt intérêt à les confiner dans le milieu, à mettre des bâches, d'imperméabiliser, etc. mais à l'échelle d'un environnement ouvert comme nos fleuves et sédiments côtiers, c'est irréalisable.

AE : Quelles sont les techniques les plus fiables pour traiter les sédiments ?

HB : Beaucoup de choses sont mises en oeuvre... Globalement, nous travaillons sur les différentes manières d'oxyder. Il existe aussi des traitements thermiques, microbiologiques, bactériens.

Certains ont tenté de répandre des petites boulettes de charbon actif pour piéger les composés sur des sédiments. Nous pouvons nous questionner sur la pertinence écologique d'une telle opération : disséminer des particules non naturelles sachant qu'après nous aurons du mal à les collecter.

Nous pouvons également faire de la vitrification, il n'y a pas de dégradation, mais un inertage : les PCB sont rendus immobiles au sein d'un matériel qui est stocké.

Réactions2 réactions à cet article

«Si la recherche sur les PCB a bien avancé, certains points comme l'impact des faibles doses restent encore à éclaircir.»

Interview très intéressante. Mais on en vient à se demander si toute cette hystérie orchestrée par des groupes autoproclamés défenseurs de l'environnement, de notre santé et des générations futures est bien justifiée.

Wackes Seppi | 31 août 2012 à 00h22 Signaler un contenu inapproprié

peut-être que les poissons peuvent nous aider à dépolluer puisqu'ils accumulent le pcb dans leur graisse...il faudrait sélectionner l'espèce la plus accumulatrice, l'introduire en nombre et la ressortir après quelques années pour l'incinérer.

flo | 13 septembre 2012 à 18h24 Signaler un contenu inapproprié

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