Ce rapport présente une analyse des données d'émissions entre 1990 et 2005. Plus important encore, il évalue les projections des États membres concernant leurs futures émissions de gaz à effet de serre et donne une bonne indication des progrès à accomplir pour atteindre les objectifs de Kyoto. Comme cela a été annoncé en juin dernier, les émissions de gaz à effet de serre de l'UE-15 ont été en 2005, dernière année pour laquelle on dispose de données complètes, inférieures de 2% au niveau de l'année 1990. Ce résultat contraste avec la croissance économique de plus de 35% enregistrée au cours de la même période. Les dernières projections des États membres indiquent qu'en 2010, cette réduction atteindra 4% grâce aux mesures déjà mises en œuvre. L'achat prévu par 10 des 15 anciens États membres de crédits résultant de projets de réduction des émissions mis en œuvre dans des pays tiers en application des mécanismes de marché de Kyoto devrait permettre une réduction supplémentaire de 2,5 %, portant ainsi la réduction totale à 6,5 %.
Les projets de mesures de boisement et de reboisement pour la création de «puits biologiques» pouvant absorber le dioxyde de carbone de l'atmosphère, permettraient de réaliser une réduction supplémentaire de 0,9 %. Au final, en 2010 la réduction devrait atteindre 7,4% par rapport à 1990 soit un peu moins que l'objectif d'une réduction de 8 % à l'horizon 2012.
Quelques efforts sont donc encore nécessaires pour réussir le pari de Kyoto. Selon le rapport de l'AEE, en tenant compte des politiques et des mesures nationales prévues mais pas encore mises en œuvre, l'UE-15 pourrait réduire ses émissions de 3,9% supplémentaires. La réduction totale d'émissions pourrait alors atteindre 11,4 % et dépasser l'objectif prévu. Pour Jacqueline McGlade, directrice de l'AEE, il est donc très clair que toutes les mesures disponibles doivent maintenant être mises en œuvre. Le commissaire européen chargé de l'environnement Stavros Dimas exhorte également les états membres à mettre en œuvre au plus vite les mesures prévues.
Parmi les mesures complémentaires à l'étude au niveau de l'UE figurent les propositions de la Commission d'inclure le trafic aérien dans le système d'échange de quotas à compter de 2011 et d'imposer une réduction de 10% des gaz à effet de serre produits par les carburants utilisés dans le secteur des transports entre 2011 et 2020. Ces deux initiatives font actuellement l'objet de discussions au Conseil et au Parlement européen dans le cadre de la procédure de codécision.
La Commission mise également sur la réduction de nombreux plans nationaux d'octroi de quotas pour la deuxième période de négociation du système d'échange de quotas pour contribuer à l'objectif de réduction de l'UE - 15.
Grâce à ces bons résultats, l'Union européenne aborde la conférence de Bali en position de force. L'objectif de cette réunion qui débutera le 3 décembre prochain est de lancer des négociations pour conclure en 2009 un nouvel accord pour l'après-kyoto. Ayant démontré qu'il était faisable de découpler les émissions de CO2 de la croissance économique, l'Union européenne espère peser sur les négociations. Rappelons également que les dirigeants de l'UE se sont engagés en mars dernier à aller plus loin en réduisant leurs émissions de 20% d'ici 2020 par rapport à 1990. Même si les dernières projections font apparaître que pour atteindre ces objectifs, des efforts intenses supplémentaires devront être réalisés après 2012, l'Union européenne espère convaincre les pays réfractaires à Kyoto, que ce soit les pays émergents ou les pays industrialisés non signataires que sont les Etats-Unis et l'Australie. À ce sujet, la tournure des dernières élections en Australie qui ont renversé le gouvernement opposé au protocole de Kyoto en faveur d'un gouvernement plus enclin à le ratifier, fait naître un certain optimiste à l'aube de la conférence de Bali.