Près de 50.000 véhicules électriques commandés pour l'horizon 2015 : si la première procédure d'achat groupé, prévue par plan national présenté en octobre 2009, représente la plus grosse aujourd'hui passée dans le monde, l'essor de la filière doit cependant faire face à différents freins (1) .
Selon la société de conseil Alcimed, le développement des voitures électriques est en effet conditionné à la résolution de 4 questions clefs. Elle estime tout d'abord que le premier défi consistera à réduire le prix des batteries. Le commissariat général au développement durable (CGDD) réalise une analyse similaire dans son rapport. Il estime qu'en "2010, le coût de la batterie pénalise fortement le véhicule tout électrique, rendant son coût de possession près de 1,3 fois supérieur à celui des véhicules thermiques équivalents".
En attendant les économies d'échelle ou des avancées scientifiques, des solutions comme la location systématique de la batterie pourraient servir de coup de pouce, selon Alcimed. "L'avantage pour le client, au-delà de mensualiser le coût d'achat de la batterie, est la garantie d'autonomie assurée par le constructeur, ce qui n'est pas négligeable au vu du manque de recul sur le vieillissement de ces batteries Lithium-ion, encore relativement récentes sur le marché" assure dans un communiqué Maxime Mandin, Consultant Energie & Environnement pour le cabinet de conseil.
Autre piste identifiée : optimiser le prix des batteries en leur accordant une seconde vie comme par exemple en les utilisant pour le stockage stationnaire d'électricité pour pallier à l'intermittence des énergies renouvelables.
En estimant que les économies réalisées sur le carburant compensent le coût d'achat, une simulation du cabinet montre que le véhicule électrique ne deviendrait rentable qu'à partir de 25 000 km par an. "Il incombe alors au législateur de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre en jouant par exemple sur le montant des incitations financières à l'achat de véhicules propres" estime Alcimed.
400.000 points de recharges publics d'ici 2020
Le second point clef sera une implantation étendue des bornes de recharge selon le cabinet. Douze collectivités (2) se sont d'ores et déjà engagées à travers une charte à mettre en place des infrastructures (3) dès 2010. Selon les scénarios de développement du gouvernement, 400.000 points de recharges publics et quatre millions de bornes privées pourraient ainsi voir le jour d'ici 2020.
Trois types de solutions sont aujourd'hui disponibles : une dite « normale » (16 A monophasé = 3 kVA), une « accélérée » ( 32 A triphasé = 22 kVA) et une « rapide » (63 A triphasé = 43 kVA). Plus la puissance de recharge augmente, moins le temps d'alimentation de la voiture est important. Selon Alcimed, les conducteurs auront du mal à se passer de la flexibilité des recharges rapides. Cependant si les points de recharge accélérée (4) et rapide garantissent de la souplesse aux automobilistes, leurs usages devront être limités à des alimentations d'appoint ou réassurance. L'impact sur le réseau, en particulier de la recharge rapide, n'est en effet pas négligeable. La question de l'appel de puissance sur le réseau électrique constitue un troisième enjeu pour Alcimed. Différentes solutions sont envisagées comme des forfaits qui donneraient un accès à un nombre limité de recharges rapides ou des tarifications dynamiques qui orienteraient les consommateurs vers une utilisation en heures creuses.
"A terme (…) l'objectif est bien de se servir du véhicule électrique pour stabiliser le réseau en l'utilisant comme un outil de stockage décentralisé. En cas d'appels de puissance sur le réseau, les producteurs d'électricité pourront à tout moment puiser dans l'énorme stock de batteries connectées en temps réel au réseau par le biais des bornes de recharge communicantes" projette Alcimed. Cette option ne s'envisage cependant qu'avec le concours d'une rupture technologique. Le vieillissement lors des cycles de charge/décharge des batteries ne permet pas pour l'instant ce type d'application.
Enfin, le dernier levier pourrait être le développement de service autour de la recharge : l'utilisateur lancerait ou arrêterait cette dernière par exemple grâce à son téléphone portable, recevrait des alertes en cas d'arrêt ou connaîtrait l'état de la charge en temps réel.