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Le rapport Saddier prend le déclin des abeilles au sérieux

Dénoncé depuis de nombreuses années, le déclin des abeilles trouve enfin un véritable écho avec le rapport Saddier commandé il y a 6 mois par le Premier ministre et présenté vendredi. Un rapport globalement bien perçu par la filière apicole.

Biodiversité  |    |  C. Seghier
   
Le rapport Saddier prend le déclin des abeilles au sérieux
Ruche du rucher pédagogique de l'Essonne
© Carine Seghier
   
Hubert Reeves et la Ligue ROC le dénomment ''l'autre Krach''. Plus discret dans cette actualité chargée, un autre effondrement pourrait lui aussi dégénérer en « crise systémique », alerte Emmanuel Delannoy, l'administrateur de la Ligue ROC. En effet, le déclin continu des populations d'abeilles, associé à celui des pollinisateurs sauvages ne pourra être supporté longtemps à ce rythme. On attribue d'ailleurs, peut-être à tort, à Einstein la ''prédiction'' selon laquelle le jour où l'abeille disparaîtra, les hommes n'auront plus que quatre années à vivre...
Quoi qu'il en soit, une estimation récente du CNRS et de l'INRA publiée dans la revue Ecological economics évalue le poids économique mondial de la pollinisation à 153 milliards d'Euros/ans. Et encore, cette estimation ne tient pas compte du service vital que rendent les pollinisateurs à la nature tout entière, précise la secrétaire d'Etat chargée de l'écologie Nathalie Kosciusko-Morizet.

En France, depuis une dizaine d'années, les apiculteurs mènent un combat difficile : confrontés à une baisse de 30 à 50% de leur production et à des niveaux de mortalité d'abeilles multipliés par quatre ou cinq en 10 ans, ils tentent d'alerter l'opinion publique et les pouvoirs publics. Aujourd'hui, ils semblent avoir été entendus : le taux de surmortalité de 30 à 35 % des abeilles n'est plus contestable, a prévenu vendredi dernier le député d'Haute-Savoie Martial Saddier, en présentant son rapport « Pour une filière apicole durable »* au Ministre de l'Agriculture Michel Barnier et à la Secrétaire d'Etat chargée de l'Écologie dans un rucher pédagogique de l'Essonne (78). Dans un contexte d'affaiblissement et de surmortalité des colonies d'abeilles et des pollinisateurs sauvages, le Premier ministre François Fillon avait en effet confié à cet ancien cadre supérieur de la Chambre d'Agriculture d'Haute-Savoie, une mission de six mois en vue d'analyser la situation. L'objectif : proposer un plan d'action.

Pour une meilleure cohésion de la filière apicole

Mettant en évidence le manque global de cohésion, le rapport parlementaire recommande d'organiser de toute urgence une filière apicole. Cela passe par la réaffirmation de l'abeille comme une filière animale et de revenir à une déclaration annuelle des ruches d'ici le 1er janvier 2010. Cette dernière mesure avait été supprimée en 2005 à des fins de simplification administrative, mais de toute évidence à tort. Le rapport préconise également de mettre en place une filière de reproduction d'abeilles reines pour assurer le renouvellement du cheptel et limiter le risque d'importation d'espèces invasives. Le député propose également la définition d'un statut de l'apiculteur et recommande la création immédiate d'une plate-forme de travail selon le modèle du Comité opérationnel du Grenelle de l'environnement Agriculture et alimentation biologiques. Celui-ci regrouperait l'ensemble des acteurs concernés par la filière. Il prône également la création d'un Institut technique et scientifique de l'abeille, chargé d'élaborer et d'analyser les programmes de recherche de la filière. Cet Institut bénéficiera immédiatement de 150.000 euros pour entamer ses travaux en 2008, a promis M. Barnier, devant les journalistes présents sur places.
En outre, pour répondre aux critiques émises quant à la dispersion des interlocuteurs dans les ministères concernés, Michel Barnier a annoncé la nomination d'un Monsieur Abeille. Jean-Pierre Comparot, chargé de la coordination de l'administration pour bâtir un plan pour une apiculture durable, sera l'homme de référence sur toutes les questions concernant la pollinisation et les abeilles, a indiqué le ministre.

Vers une nécessaire valorisation économique

Nathalie Kosciusko-Morizet a, quant à elle, souligné qu'il était temps de renouveler notre approche de la protection de la biodiversité en intégrant désormais sa valeur économique. Le Grenelle de l'environnement comme la Loi sur la responsabilité environnementale ouvre la voie à cette reconnaissance. Plusieurs de ces propositions pourraient être intégrées sous forme d'amendements aux textes de lois Grenelle 1 et 2, a-t-elle d'ailleurs confié.
Parmi les chantiers à mettre en place, le rapport du député d'Haute-Savoie suggère aussi la mise en place d'un protocole d'expertises en cas d'intoxication, l'élaboration d'un guide des bonnes pratiques apicoles aussi bien à destination des agriculteurs que des apiculteurs, la mise en place d'un véritable système assurantiel pour la perte des ruches et la mise en place d'un BTS Apicole.

Le rapport parlementaire prend également très au sérieux l'apparition d'un nouvel insecte, le frelon asiatique, identifié pour la première fois en France en novembre 2005 dans le département du Lot-et-Garonne. Un piégeage sélectif doit être généralisé, ainsi qu'une vigilance particulière quant aux risques sur la sécurité civile, note le rapport.

Une dernière série de préconisations est mentionnée dans le rapport et notamment un étiquetage différencié pour le « miel producteur » et le « miel négociant » lors de la mise en marché et l'élargissement de la dérogation des conducteurs routiers accordée aux « transporteurs ambulants » pour la transhumance.

Le rapport a plutôt été bien accueilli par le monde apicole et les chambres d'agricultures. Le Réseau biodiversité pour les abeilles a appelé à la réconciliation et au dialogue entre tous les acteurs (apiculteurs, agriculteurs, scientifiques, collectivités locales, entreprises et associations). Les Chambres d'Agriculture ont notamment souligné l'intérêt des mesures visant à une meilleure structuration de la filière.

Un véritable reflet de l'état de santé de l'Environnement

Rappelons que dans le but d'alerter l'opinion publique et de sensibiliser par la même occasion la population citadine, l'Union Nationale de l'Apiculture Française (UNAF) avait lancé en 2005, une grande opération nationale et européenne destinée à placer au cœur des villes, l'abeille en tant que « Sentinelle de l'Environnement ».

Cette campagne de sensibilisation s'inscrit dans un programme de recherche européen plus ambitieux dénommée ALARM (Assessing LArge-scale environmental Risks fot biodiversity with tested Methods). Cette étude lancée en 2004, a pour but d'ici 2009, d'évaluer les risques qui pèsent sur la biodiversité dans son ensemble (terrestre et aquatique) avec des méthodes éprouvées. ALARM comprend 4 modules : changements climatiques, produits chimiques, espèces invasives et pollinisateurs.
Pour ce dernier, il s'agit d'une part, d'évaluer l'évolution récente des populations de pollinisateurs pour confirmer leur déclin et le quantifier, et d'autre part, de mesurer l'impact potentiel de ce déclin sur l'agriculture européenne et la flore sauvage. L'INRA d'Avignon coordonne les travaux sur l'évaluation de l'impact de la faune pollinisatrice avec en 2005 une étude sur le melon en France, la fraise en Allemagne, le sarrazin en Pologne, le colza de printemps en Suède et la févérole au Royaune-Uni. Le sujet fait l'objet de recherche également au CNRS.

D'autres travaux de recherche ont pour objet les abeilles à l'instar de ceux coordonnés par James Devillers et présentés dans le cadre du colloque PNETOX qui s'est tenu au Grand Palais de Lille les 13 et 14 octobre dans le cadre du Programme National d'Ecotoxicologie. En effet, durant leur activité de butinage, les abeilles prospectent des surfaces importantes autour de leur ruche. Comme elles parcourent leur environnement d'une façon systématique pour collecter du nectar, du pollen, du miellat, et de l'eau, elles sont en contact avec les différents polluants présents dans l'environnement. D'importantes mises au point méthodologiques ont été effectuées, pour permettre l'analyse des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), des PCB (polychlorobiphényles) et d'un grand nombre d'éléments inorganiques à la fois dans les abeilles, les miels et les cires. Les données ont montré que les abeilles, en butinant, réalisent bien un échantillonnage des polluants et qu'elles peuvent être utilisées comme bio-indicateurs de la pollution environnementale. Leur déclin a d'autant plus de quoi inquiéter…

Réactions8 réactions à cet article

la cause de la disparition des abeilles est connue

Le rapport Saddier est un rapport propre : aucune trace des mots téléphone portable, Régent ou Gaucho. Le mot insecticide autorise la destruction des nids de frelons mangeurs d’abeilles et le terme pesticide apparait dans la rubrique « indicateurs de réussite », diminution des pesticides. Pas de trace du soleil blanc ni de la lumière diffuse.
Madame Nathalie Kosciusko Morizet est inapprochable. Son service communication prétend que son rôle n’est pas de savoir puisqu’elle est une politique mais seulement de décider. Encore faut-il pour ce faire qu’elle est accès aux bonnes informations.
Monsieur Michel Barnier est un homme ouvert mais pressé. Capable de prendre une carte de visite et de la transmettre pour plus d’information à un de ses conseillers en environnement, qui malheureusement a préféré sa tranquillité à un surcroit de travail.
Plus on a cherché à côté, plus on a du mal à croire que la réalité puisse être simple. C'est pourtant le cas en ce qui concerne la disparition des abeilles et de beaucoup d’autres insectes
Madame Lagarde et Madame Parisot sont au courant de la nécessité d’inclure la protection d’un environnement naturel pour la bonne marche des économies et de l’emploi. L’actualité les conduit à parer à ce qui paraît le plus pressé.
Hubert Reeves et la ROC affichent un incroyable mépris pour tout ce qui n’émane pas d’eux.
La France n’a plus que 2 mois et demi pour réunir facilement les instances européennes.

cielnature | 15 octobre 2008 à 10h22 Signaler un contenu inapproprié
ça ne va pas vite en France , ça traine les pieds

On n'est pas nerveux aux instances superieures.
ça fait des annees qu'on le signale .

si on veut vraiment des résultats écoutons les praticiens supprimons les pesticides et ça ira mieux

gero | 16 octobre 2008 à 04h26 Signaler un contenu inapproprié
triste monde ...

"Ecological economics évalue le poids économique mondial de la pollinisation à 153 milliards d'Euros/ans".
Heureusement qu'on a pu quantifier en euros le travail des abeilles ! Imaginez qu'elles n'aient rien rapporté. Elles pouvaient bien disparaitre !

Triste monde où n'a droit de survivre que ce qui passe le crible du critère économique. Notre vision rétrécie du monde fera sans doute autant hurler d'indignation nos descendants (si nous en avons) que nous hurlons aujourd'hui d'indignation lorsque nous évoquons l'inquisition au Moyen-Age ou l'esclavagisme des siècles passés.

suzzarini jf | 16 octobre 2008 à 09h50 Signaler un contenu inapproprié
Re:triste monde ...

le calcul de leur "rentabilité"a été estimé mais leur déclin,nié.
Il est loin le temps où nos moniteurs de centre aéré était fier et admiratif devant l'apiculteur envahi d'abeilles accrochées
à lui comme à leur sauveur...de quoi va t- il se recouvrir maintenant :de frolons asiatiques?
et la cire,non elle est fabriquée industriellement ou les gouvernements estiment que les priorités sont ailleurs,dans le danger de l'arret de pollinisation naturelle(=encore des frais dans l'artifice!)
Aucun pesticide ne pourra remplacer ca.

kikaji | 16 octobre 2008 à 14h44 Signaler un contenu inapproprié
Au moins un début

Même si certains libres penseurs, critiquent, il est important de souligner le renouveau d'intêret pour "l'apiculture", et toutes les énergies et fonds mises en place sont a approuver.
Dans notre monde qui veut aller de plus en plus vite, il est bon que certains pensent a notre origine, et, à la richesse de la faune, de flores, qui ne peut conduire qu'a notre Bien-Etre.

savoyard | 16 octobre 2008 à 19h06 Signaler un contenu inapproprié
Incompréhensible

On s'étonne vraiment qu'il faille être premier ministre pour commander un rapport sur les abeilles.
On ne comprend pas non plus pourquoi l'agriculture et la pêche n'ont pas intégré le ministère de l'écologie.
Et si tout passe ainsi par le premier ministre on comprend mieux pourquoi ceux qui font l'affaire ne sont pas dans ce gouvernement. Parce que ça ne sert à rien. Un chauffeur de camion a plus de libertés.
Et finalement on a un premier ministre de droite qui fait du socialisme avec des méthodes de travail héritées de l'époque soviétique.

rené-pierre | 17 octobre 2008 à 12h18 Signaler un contenu inapproprié
changement lent des mentalites; pays de l est

c est effrayant ces bilans, et en temps qu apicultrice en bulgarie, je suis inquietes du temps qu il va falloir pour eduquer nos apiculteurs qui n ont que tres rarement acces a ce types d informations

leni | 18 octobre 2008 à 17h38 Signaler un contenu inapproprié
Re:la cause de la disparition des abeilles est con

Bonsoir - oui Monsieur vous avez raison, oui Monsieur tout porte à révolte, mais sans aide des agriculteurs des éleveurs (savez vous que les vaches sont piquées pour que vous mangiez de la belle viande rouge), qui eux, vivent du profit des produits chimiques, Nous n'irons pas loin.

Heureusement il nous reste la voix pour dire haut et fort que tous ces politiques sont des manipulateurs, seuls les interessent le profit, le mensonge et leur promotion sociale mais pas sociable. Révoltons nous toujours contre cette injustice permanente et ces m ensonges politiciens.

mayalabeille | 09 février 2009 à 21h26 Signaler un contenu inapproprié

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