"Ce pacte, c'est trois choses", a expliqué Jean-Marc Ayrault au micro de France Bleu Armorique et France Bleu Breizh Izel, en marge de la signature du pacte d'avenir sur la Bretagne, vendredi 12 décembre. Et de préciser que le pacte prévoit "des mesures d'urgence, pour les familles, pour les chômeurs ; (...) un plan d'action pour redonner du souffle à l'agroalimentaire ; [des mesures pour] préparer l'avenir, pour soutenir l'économie locale".
L'objectif du pacte, doté d'un milliard d'euros, est de redynamiser les activités agroalimentaires qui souffrent dans un contexte de mutation économique qui leur est défavorable. "L'objectif à court terme [est] de sauver le maximum d'emplois, mais surtout à plus long terme d'aider à la mutation", rapportent les services du Premier ministre.
Quant à l'écotaxe, au centre des confrontations à l'origine du pacte d'avenir sur la Bretagne, le chef du gouvernement a indiqué qu'elle "reviendra s'il y a un consensus, c'est pourquoi j'ai proposé que l'Assemblée nationale qui l'avait votée à l'unanimité en fasse l'évaluation".
Les écologistes du Ceser doutent
Consulté pour avis sur le plan, le Conseil économique, social, environnemental régional (Ceser) se prononce favorablement tout en étant très réservé. Sur le plan environnemental, l'objectif est d'"orienter pleinement [la Bretagne] vers une économie de la transition". Mais, "cette notion devrait figurer plus explicitement au cœur de ce Pacte d'avenir", regrette l'avis du Ceser (1) plaidant pour une économie "à la fois plus verte et plus compétitive, en termes de valeur ajoutée, de productivité, d'innovation économique et sociale, d'emplois et de formation".
Finalement, l'avis a été adopté à 53 voix pour, 16 contre, dont celle de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA), et 43 abstentions, parmi lesquelles figurent les voix des associations environnementales Eau et rivières de Bretagne, Bretagne Vivante et Cohérence. Une abstention justifiée par la recherche d'un délicat équilibre, ont expliqué les associations membres du Ceser.
D'une part, elles ne peuvent être favorables au pacte car elles "souhaitent plus d'ambition et de considération pour l'enjeu environnemental et ses conséquences sociales dans le pacte d'avenir et considèrent qu'il n'en est pas fait suffisamment état dans l'avis [du Ceser]". Mais, d'autre part, elles ne souhaitant pas mêler leurs voix à celle de la FRSEA qui demande qu'on "libère le potentiel productif breton" et qu'on mette fin "au discours, que sous-tend le diagnostic véhiculé par ce pacte d'avenir, et qui prétend que le « modèle breton » doit être repensé", expliquent-elles.
Une majorité régionale dispersée
Quant à la Région Bretagne, elle a adopté le 12 décembre le pacte par 46 voix contre 36. Le PS et le PC se sont prononcés favorablement, alors que l'UMP et trois membres de la majorité régionale, EELV, Union démocratique bretonne et Bretagne Ecologie, se sont opposés au pacte, rapporte l'AFP. Les trois membres de la majorité régionale opposée au texte ont notamment déploré l'absence de transition du système agricole et agroalimentaire breton actuel vers un modèle plus respectueux de l'environnement.
Par ailleurs, la Région avait formulé ses attentes. En l'occurrence, elle avait notamment pointé l'importance de sept enjeux : répondre à l'urgence en anticipant et accompagnant les mutations sociales et industrielles et en soutenant l'investissement public, conforter la Bretagne comme grande région productive et comme grande région maritime européenne, affirmer l'identité culturelle de la Bretagne, approfondir l'investissement de la Bretagne dans la connaissance, améliorer l'accessibilité de la Bretagne et soutenir les dynamiques de territoire, et enfin sceller un pacte de confiance. Autant d'enjeux qui ne placent pas les questions environnementales au cœur des attentes du Conseil régional.