Si les canyons sont en effet le refuge de beaucoup d'espèces qui y trouvent leur nourriture, un abri ou encore des conditions propices à la nurserie, ils constituent également des zones fragiles qui peuvent être affectées par les activités humaines telles que la pollution et la surpêche. Aussi, il semble aujourd'hui très important, de dresser un état des lieux, le plus exhaustif possible, afin de pouvoir estimer précisément la qualité de ces écosystèmes et de les faire bénéficier de mesures de suivis, indique l'Agence des aires marines protégées.
Pour mener à bien ce programme, une dizaine d'expéditions vont être menées de la frontière espagnole à la frontière monégasque et reposeront en priorité sur l'acquisition de données grâce à une imagerie scientifique haute-définition, obtenue à partir de sous-marins soit habités soit téléguidés.
La campagne visera plus précisément à obtenir un état de référence des écosystèmes entre 100 et 600 mètres de profondeur comprenant des informations précises sur la présence et la répartition des espèces telles que les poissons, les crustacés ou les cnidaires, mais également sur les coraux profonds d'eau froide.
L'agence des aires marines protégées s'intéressera par ailleurs au plateau continental situé dans la partie orientale de la Méditerranée française entre 50 et 200 m de profondeur. Relativement étroite, cette zone située au-delà des profondeurs que peuvent fréquenter les plongeurs, n'a été jusqu'alors que peu étudiée.
À terme, cette campagne devrait ainsi permettre de comparer les caractéristiques de chaque canyon et donc, de mieux comprendre l'importance écologique de ces entités dans le fonctionnement des écosystèmes littoraux.
Un appui pour le projet de parc naturel marin de la Côte Vermeille
Le programme fournira en parallèle de précieux arguments pour la création d'aires marines protégées de la région, tel que le projet du parc naturel marin de la côte Vermeille mis en place en septembre 2007.
En effet, au large des côtes catalanes, se situent trois canyons inclus dans le périmètre de réflexion du projet et qui seront étudiés lors du programme.
D'après d'anciennes études, il semblerait que ces canyons possèdent une très grande diversité de faune fixée et mobile, ainsi que des peuplements de coraux profonds d'eau froide. Ils constitueraient alors des milieux beaucoup plus riches que le reste du talus, notamment en poissons, en oursins, en mollusques (poulpes, calmars, huîtres…), en cnidaires (coraux, méduses…) et en plancton (gélatineux, crustacés…). De ce fait, ces canyons forment un pôle d'attraction pour les grands prédateurs, comme certains cétacés qui viennent se nourrir dans la zone.
Les résultats de la campagne seront donc pris en considération dans les orientations du projet de parc.
*Le programme de l'Agence des aires marines protégées sera réalisé avec l'appui scientifique de nombreuses équipes à l'instar de l'Ifremer, de l'EPHE, du CNRS, de l'Institut des sciences de la mer de Barcelone, de l'Université de Perpignan, de Marseille et de Nice, des Stations marines de Villefranche sur Mer et de Banyuls ou encore de Paris VI.