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Agriculture : comment réduire la dépendance économique à l'énergie ?

Dans un document publié en novembre, l'Ademe souligne la dépendance économique à l'énergie de certaines filières agricoles. Un changement des pratiques et une auto-consommation d'énergies renouvelables pourraient atténuer cette tendance.

Agroécologie  |    |  D. Laperche

Dans les prochaines années, l'agriculture devra évoluer pour réduire sa dépendance économique à l'énergie traditionnelle. Les exploitations de grandes cultures de céréales et oléo-protéagineux, celles alliant la polyculture et l'élevage, ainsi que celles qui élèvent des bovins (pour la viande ou le lait) s'avèrent en effet particulièrement sensibles. C'est l'un des résultats d'une étude de l'Ademe "Analyse économique de la dépendance de l'agriculture à l'énergie".  (1)

Dans le paysage agricole français, les grandes cultures de céréales et oléo-protéagineux, les filières bovines (viandes et lait) ainsi que viticoles représentent 63% des 352.000 exploitations agricoles professionnelles (données 2009). L'étude de l'Ademe cible l'ensemble des exploitations agricoles, hors sylviculture et pêche.

Demande alimentaire croissante, contexte de hausse des prix de l'énergie et nécessaire transition énergétique et environnementale des exploitations : cette question va prendre une acuité particulière dans les prochaines années. Entre 1990 et 2009, le montant total des charges liées à l'énergie avait en effet déjà augmenté de 130%, suivant l'évolution du prix du pétrole et du gaz naturel.

En 2009,"le montant total des charges liées à l'énergie, directe et indirecte, s'élève à 12.300 €/exploitation en moyenne, précise le rapport de l'Ademe, 52% de ces charges liées à l'énergie sont imputables à l'énergie directe (2) consommée sur les fermes, 27% sont liées à l'énergie indirecte (3) des engrais et 15% à l'énergie indirecte des aliments".

L'Ademe estime que sur la période 1990-2020, ce coût représente de 12 à 17% des charges variables d'une exploitation. Le point culminant devrait être atteint lors du supposé pic du prix du pétrole en 2015.

Les exploitations les plus vulnérables restent celles qui produisent sous serres chauffées : la part d'énergie peut atteindre jusqu'à 30 à 40% de leurs charges.

" Le niveau de dépendance économique à l'énergie est d'autant plus critique que le taux d'endettement moyen est élevé, pointe le rapport de l'Ademe, horticulture, maraîchage et granivores, sont doublement pénalisés par leur taux d'endettement, significativement plus important que les autres".

A l'inverse, si la filière des grandes cultures semble en situation de dépendance économique à l'énergie, ce risque serait en partie compensé par l'augmentation du revenu net d'exploitation (4) , selon l'Ademe.

Les dépenses les plus importantes ? Le carburant apparaît comme le poste le plus important concernant la facture d'énergie directe. Dans les dépenses pour l'énergie indirecte, les engrais pèsent particulièrement pour les productions végétales. Les producteurs de granivores (porcs et volailles) et les systèmes de polyélevage s'avèrent, quant à eux, impactés par le poste "aliments".

"Une tendance à la baisse de l'intensité énergétique est toutefois globalement constatée, note l'Ademe, cette baisse de la consommation s'accompagne cependant d'une dépendance stable voire légèrement en hausse".

Réduire la dépendance grâce à des EnR ?

Dans son étude, l'Ademe a tenté d'évaluer la potentielle réduction de la dépendance grâce à une production d'énergies renouvelables sur les exploitations agricoles pour l'autoconsommation.

Avec une hypothèse de production globale d'énergie renouvelable de 52 TWh à l'horizon 2020 (5) , et en se basant sur les prix fin 2011-début 2012 de vente du kWh (6) , l'analyse macro-économique de l'agence montre que la production d'EnR du secteur agricole représenterait un équivalent de revenu d'environ 5 milliards d'euros.

L'Ademe estime également que cette production pourrait contribuer à réduire la vulnérabilité énergétique des exploitations. Ainsi, une méthanisation "plus autonome à la ferme",les panneaux photovoltaïques, la biomasse pour le chauffage de serres pourraient réduire de plusieurs points l'indicateur de dépendance énergétique.

En revanche, les projets de solaire thermique pour permettre un gain significatif doivent s'envisager à l'échelle d'une filière ou d'un territoire. "Face au manque de données disponibles, et malgré la rigueur des méthodologies employées, de nombreuses hypothèses ont été prises, les résultats présentés sont donc à prendre comme une première étape, modère l'Ademe, les résultats de l'enquête énergie actuellement menée par les services statistiques du Ministère de l'Agriculture apporteront sans aucun doute un complément précieux des connaissances".

Quelles évolutions possibles ?

Le rapport de l'Ademe propose également quelques pistes de leviers pour réduire la dépendance énergétique : diminution du risque financier lié au prix de l'énergie, meilleure valorisationin situ des intrants, substitution d'un intrant agricole par un autre moins coûteux en énergie, remplacement d'une production agricole par une autre moins gourmande en intrants ou diminution de la productivité, production d'énergies renouvelables, avec auto-consommation (réduction des charges énergétiques), ou revente (introduction d'un nouveau revenu).

Les évolutions agricoles dans le domaine de l'énergie ne s'avèrent cependant pas évidentes. Dans une autre étude, l'Ademe a comparé trois scénarios de réduction des émissions de gaz à effet de serre agricoles françaises. Le verdict est sans appel : elle estime irréalisable la division par quatre d'ici 2050 et propose un objectif de division par deux.

1. Analyse économique de la dépendance de l'agriculture à l'énergie Evaluation, analyse rétrospective depuis 1990 Scénarios d'évolution à 2020, publication en novembre 2012
http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?cid=96&m=3&id=85625&p1=30&ref=12441
2. L'énergie directe correspond aux dépenses moyennes des exploitations pour l'achat de carburants et lubrifiants, de combustibles et d'électricité.3. L'énergie indirecte correspond aux dépenses moyennes des exploitations pour la part du prix d'achat des intrants liée aux consommations d'énergies (pour leur fabrication et transport jusqu'aux fermes). Les intrants pris en compte dans l'étude sont : les engrais, les aliments achetés (concentrés et fourrages), les semences, les produits de protection des cultures. Elle englobe également les travaux effectués par des tiers : dépenses moyennes des exploitations pour la part du prix d'achat des prestations de service agricole liée à des consommations d'énergies (achat d'énergie par les prestataires). Les prestataires pris en compte ici sont les Coopératives d'Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) et les Entreprises de Travaux Agricoles (ETA).4. Revenu net d'exploitation rapporté à l'unité de travail entre 1990 et 2008 5.  Hors contribution de la forêt, des haies et des résidus agricoles
L'hypothèse suppose que les biocarburants sont entièrement d'origine agricole, la part de biogaz d'origine agricole est très importante (59%), la contribution du secteur agricole sur le solaire photovoltaïque est significative (14%), la contribution est beaucoup plus faible pour la chaleur issue de biomasse, l'éolien et la géothermie (entre 0,2 et 3%).
6.  entre 7 et 25 centimes d'euros par kWh

Réactions1 réaction à cet article

Quid de la production d'huile végétale pour mixer avec le gasoil ?
Et des pratique agricoles...

Babase | 30 novembre 2012 à 12h06 Signaler un contenu inapproprié

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