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L'AIE annonce une expansion rapide des renouvelables

La consommation d'énergie va augmenter d'un tiers d'ici à 2040, prévoit l'Agence internationale de l'énergie, mais la part du charbon va chuter et les ENR prendre leur essor.

Energie  |    |  A. Sinaï

Dans la nouvelle édition du World Energy Outlook (WEO 2015), l'Agence internationale de l'énergie s'adonne à l'exercice délicat qui consiste à prévoir l'avenir énergétique du monde, selon quatre scénarios possibles : un scénario de poursuite des politiques courantes (current policy scenario), un scénario de nouvelles politiques incluant les intentions de contribution des Etats (INDC), un scénario de stabilisation climatique, dit scénario 450, et un scénario de pétrole bon marché, le tout sur la base d'un outil de modélisation à grande échelle. Le contexte actuel est marqué par un prix du baril faible, entretenu par une politique délibérée des pays de l'OPEP qui vise à casser le marché des huiles de schiste étasunien.

Les effets de cette politique conjoncturelle sont déjà perceptibles. Certaines entreprises en font les frais comme Vallourec, numéro un mondial des tubes d'acier équipant les plates-formes de forage. En cause, la baisse de la production des champs pétroliers matures en mer du Nord et au Moyen-Orient, et la crise des producteurs de gaz de schiste aux Etats-Unis. Le nouveau directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, a annoncé hier, lors de la présentation du WEO à Londres, que le prix du baril ne remonterait qu'à 80 dollars à l'horizon 2020. Un signal peu encourageant pour le climat, car le pétrole bon marché ne stimule pas la transition énergétique et alimente une croissance énergétique qui semble sans limites.

Une croissance globale gloutonne

De fait, entre 1990 et 2013, la demande mondiale en énergie primaire a augmenté de 55% et l'AIE, dans son scénario de politique courante, projette une nouvelle hausse de la demande globale de 45% d'ici à 2040. Le fossile se taille la part du lion dans le mix des trente dernières années – 81%. La consommation de charbon n'a jamais été aussi élevée au cours des quarante dernières années qu'en 2013. L'économie globale augmente de deux fois et demi sa taille actuelle d'ici à 2040 dans tous les scénarios, mais l'AIE table sur une réduction de 45% de l'énergie consommée par dollar de PIB.

A l'approche de la COP 21, l'Agence observe des signaux clairs qu'une transition est en cours : les énergies renouvelables ont contribué à près de la moitié de la capacité électrique additionnelle en 2014 et sont d'ores et déjà la seconde source mondiale d'électricité après le charbon. La diffusion des politiques d'efficacité énergétique couvre plus d'un quart de la consommation globale d'électricité, sous l'effet des politiques volontaristes de réduction de l'intensité énergétique menées en Chine, en Inde, aux Etats-Unis et au Japon. L'AIE examine les intentions (INDC) des Etats, riches en engagements sur l'efficacité énergétique et les renouvelables, au point d'estimer que celles-ci supplanteront le charbon dans la production électrique à l'horizon 2030.

Les énergies renouvelables détrônent le charbon à l'horizon 2030

En 2040, les énergies renouvelables représenteront respectivement 50% de l'électricité européenne, 30% de l'électricité chinoise et japonaise, 25% de l'électricité aux Etats-Unis et en Inde. Mais la demande en charbon continue à être élevée, celui-ci pourrait surpasser le pétrole dans le mix énergétique mondial en 2030. En revanche, c'est dans les pays de l'OCDE que la part du charbon chute. En Chine, les importations de charbon sont amenées à diminuer de 40% d'ici à 2040 car le pays sort des industries lourdes et se convertit aux industries de service. C'est l'Inde, à laquelle un focus spécial est réservé dans le rapport, qui va prendre le relais dans les prochaines décennies et tirer le marché du charbon vers le haut à elle seule, à moins qu'elle ne décide d'accroître son autosuffisante énergétique.

De fortes incertitudes demeurent, liées aux choix industriels de la Chine, aux réactions des populations aux pollutions et nuisances induites, et aux politiques climatiques. Il est possible que la Chine ait d'ores et déjà atteint son pic de consommation de charbon, et que sa décrue ait déjà commencé en raison du ralentissement de la croissance économique du pays et des mobilisations nombreuses contre les effets polluants des centrales thermiques. L'Australie et le Mozambique sont les deux plus gros exportateurs de charbon à coke, l'Indonésie, l'Afrique du sud et l'Australie fournissent la houille, à condition que de substantiels investissements soient réalisés pour développer les sites miniers. Autour de 2030, le charbon pourrait laisser la place aux EnR comme principales sources de production d'électricité dans le monde. Cependant, il fournit encore 30% de l'électricité globale en 2040.

Toutes ensemble, les EnR représentent d'ores et déjà la deuxième source d'électricité mondiale, après le charbon. La capacité installée des EnR a atteint un niveau sans précédent de 130 gigawatts (GW) en 2014, tirée par l'édification de grands barrages, qui représentent 60% des capacités de production de renouvelables en Chine. La Chine s'impose comme le premier marché mondial des énergies renouvelables. Neuf panneaux photovoltaïques sur dix dans le monde sont fabriqués en Asie.

Sous-estimations antérieures

L'éolien a connu des records en 2014, en hausse de 40% par rapport à 2013. La Chine arrive en tête avec 20GW de capacités éoliennes additionnelles, suivie de l'UE (12 GW) et des Etats-Unis (5 GW). Le Brésil et l'Afrique du Sud sont aussi des marchés de plus en plus importants. L'éolien onshore s'avère de plus en plus compétitif. Le marché du photovoltaïque (PV) a été multiplié par 70 entre 2003 et 2013. Chine, Japon et Inde sont les pays les plus dynamiques dans ce domaine. Dans un scénario à 2°C, la part des EnR atteint 30% de l'énergie primaire globale, mais 15% en politique courante à l'horizon 2040. Les EnR sont une variable fondamentale pour atteindre la stabilisation à 2°C estime l'AIE. Entre 2014 et 2040, elles auront permis d'éviter l'émission de 130 GT de CO2. L'hydroélectricité demeurera la source majeure de renouvelables en 2030. Le potentiel du petit hydraulique et des micro barrages demeure cependant sous utilisé.

Une étude publiée par l'ONG allemande EnergyWatch Group et l'université de technologie de Laappeenranta (Suède), compare les prévisions antérieures du World Energy Outlook de l'AIE pour le développement des EnR avec ce qui s'est réellement passé. Elle conclut que l'AIE a toujours sous-estimé le rythme de développement des EnR, notamment du solaire, ce qui n'encourage pas les investisseurs à opérer les transitions nécessaires. La capacité de génération en solaire PV prévue en 2010 par l'AIE pour 2024 a été atteinte en janvier 2015. Côté éolien, la capacité réelle en 2010 dépassait de 260 % la prévision faite en 2002 et de 104 % celle faite en 2004, tandis que le niveau prévu en 2002 pour 2030 a été atteint atteint dès 2010. Le monde énergétique pourrait être pris de court par une telle évolution.

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