Rappelons que la convention pour la protection de la Méditerranée contre la pollution, fut signée en 1976 à Barcelone, sous l'égide du Programme Environnement des Nations Unies. Son objectif est d'assurer une protection particulière aux espèces et aux habitats menacés dont l'importance est jugée vitale pour la conservation de la Méditerranée. Un protocole relatif aux Aires Spécialement protégées de Méditerranée fut adopté en 1982 par les parties contractantes. Celles-ci doivent prendre toutes les mesures appropriées en vue de protéger les zones marines importantes pour la sauvegarde des ressources naturelles et des sites naturels de la Méditerranée. Elles doivent également établir des zones protégées et s'efforcer d'entreprendre les actions nécessaires afin de protéger ces zones, et si nécessaire, les restaurer aussi rapidement que possible.
A l'occasion de la conférence qui se tient en ce moment-même avec l'ensemble des 21 Etats riverains de la Méditerranée et la Commission européenne, la France devrait notamment soutenir, selon le ministère des affaires étrangères, la lutte pour la réduction de la pollution liée aux activités terrestres (80% de la pollution de la Méditerranée), la préservation de la biodiversité par l'établissement d'aires marines protégées (AMP) et la protection du littoral méditerranéen dans une logique de développement durable. Elle devrait ensuite signer à Madrid le 21 janvier, le nouveau protocole de la convention de Barcelone sur la gestion intégrée des zones côtières.
Mais actuellement, la superficie protégée par les aires marines protégées de Méditerranée est inférieure à 0,5% de la superficie totale du bassin et à 4% si l'on inclut le sanctuaire Pelagos alors que les objectifs fixés par la Convention sur la biodiversité (CBD) d'ici 2012 sont de 10%.
C'est pourquoi, le réseau des Gestionnaires d'Aires Marines Protégées de Méditerranée – MedPAN, le WWF, le Parc National de Port-Cros, l'UICN, le Centre d'Activités Régional pour les Aires Spécialement Protégées et 110 experts réunis lors de la 1ère Conférence du Réseau des Aires Marines Protégées de Méditerranée en octobre dernier au Parc National de Port-Cros ont lancé un appel aux ministres de la Convention. Dans une déclaration, ils appellent à accélérer la création du réseau des aires marines protégées de Méditerranée d'ici 2012. En effet, les régions côtières des pays non-européens ainsi que les écosystèmes profonds et pélagiques du bassin méditerranéen, à l'exception du Sanctuaire Pelagos, sont globalement sous-représentées dans le réseau actuel des aires marines protégées. En outre, même si les habitats côtiers des 7 pays de l'UE concernés (Chypre, Espagne, France, Grèce, Italie, Malte, Slovénie) sont les mieux protégés actuellement, leur superficie protégée n'atteint pas les objectifs de la CBD.
En France, la coordination en matière d'AMP est assurée par l'Agence des aires marines protégées créée en 2006 par la loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux, agence présidée par Jérôme Bignon, Député français et spécialiste du littoral. Relèvent ainsi de cette agence, les parcs nationaux, les réserves naturelles et les arrêtés préfectoraux de biotopes qui ont une partie maritime, les parcs naturels marins, les sites Natura 2000 ayant une partie maritime et les parties maritimes du domaine relevant du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres.
La création d'aires marines protégées est un outil pour fournir une protection durable et permettre la restauration et un usage avisé du patrimoine marin en Méditerranée. Elles ne doivent pas être considérées comme des morceaux de nature sous cloche, mais comme des outils au service d'une gestion durable des océans et des espaces littoraux, estime Catherine Piante, coordinatrice du réseau MedPAN au WWF-France. Si elles protègent les milieux sensibles et les espèces menacées, elles permettent aussi d'accroître la productivité des lieux de pêche, de réguler les différents usages de la mer, d'encadrer un tourisme durable et de créer de nouvelles activités qui générèrent de l'emploi, prévient-t-elle. De ce fait, elles recommandent aux parties de la convention d'accélérer la mise en œuvre d'un réseau écologique complet d'aires marines protégées à l'échelle du bassin méditerranéen.