Face à cette situation, en concertation avec les chercheurs et en coordination avec les industries de la pêche sud africaines, l'agence gouvernementale sud-africaine responsable de la gestion des pêcheries (le Marine and Coastal Management) a fermé à la pêche, en janvier 2009, une zone d'océan de 20 km de rayon autour de la plus grande colonie de manchots du Cap (située sur l'île de St Croix, dans Algoa Bay). Une zone témoin autour d'une autre colonie de manchots, dans la même baie, est restée ouverte à la pêche afin de permettre aux chercheurs de comparer les comportements de nourrissage des manchots.
Les chercheurs ont étudié le comportement de recherche alimentaire de 91 oiseaux sur ces 2 colonies à l'aide d'enregistreurs GPS avant et après la fermeture à la pêche. Les résultats sont frappants : avant la fermeture à la pêche (en 2008), les manchots de St Croix se nourrissaient principalement à plus de 20 km de leur colonie, parcourant jusqu'à 150 km à la nage en deux jours. En 2009, seulement 3 mois après la fermeture de cette zone à la pêche, 70 % de leurs plongées ont été effectuées à moins de 20 km, à l'intérieur de l'aire marine protégée. Ces oiseaux ont également diminué leur temps de recherche alimentaire de 30 %, réduisant ainsi leur dépense énergétique journalière de 40 %. En comparaison, la zone de recherche alimentaire des oiseaux de Bird Island, la colonie témoin, est restée similaire au cours des deux années, les manchots ayant même augmenté leur effort de recherche alimentaire en 2009.
Cette expérience souligne les bienfaits immédiats d'une aire marine protégée. Elle confirme l'impact négatif de la pêche industrielle sur les conditions de nourrissage des manchots africains et démontre l'importance des aires marines protégées pour la conservation de cette espèce menacée.
Ces résultats ont été publiés le 10 février 2010 sur le site de la revue Biology Letters.
Article publié le 10 février 2010