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Actu-Environnement

Algues vertes : des seuils mortels au niveau du sol dans la baie de Morieux

Chargé d'une mission d'analyse de la qualité de l'air dans les zones de prolifération de l'algue verte, l'Ineris estime que les émissions d'hydrogène sulfuré au niveau du sol atteignent des seuils mortels et n'exclut pas d'éventuels accidents.

Eau  |    |  S. Fabrégat
   
Algues vertes : des seuils mortels au niveau du sol dans la baie de Morieux
Plage de Postolonec (Finistère) en septembre 2010
© Louis Verveur
   

L'hydrogène sulfuré (H2S), émanant d'algues vertes en décomposition, atteignent des seuils mortels au niveau du sol pour une exposition de courte durée, estime l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques), chargé de procéder à une campagne de mesures pour évaluer les niveaux de concentration en H2S au sol (sur les dépôts d'algues) et dans l'air ambiant à proximité des zones fréquentées par les populations, dans la baie de Morieux (Côtes d'Armor). Pour rappel, cet été, plus de trente sangliers, des ragondins et des blaireaux ont trouvé la mort dans cette zone. Les rapports d'autopsie avaient conclu à une intoxication probable par le H2S.

Des dégagements importants près du sol

La campagne de l'Ineris s'est déroulée en deux phases : la première, du 5 au 6 août 2011, pour caractériser les émissions d'hydrogène sulfuré dans différentes zones de la baie ; la deuxième, du 4 au 11 août 2001, a été réalisée pour évaluer les concentrations en H2S auxquelles les populations riveraines, ou fréquentant la plage de Morieux et la zone de l'estuaire, étaient susceptibles d'être exposées.

''Les mesures effectuées à la surface du sol mettent en évidence des dégagements importants de composés soufrés, principalement du H2S, lors du perçage de la croûte des dépôts d'algues : des libérations de gaz se produisent alors, de type bouffées instantanées''. L'Ineris a relevé des valeurs de plus de 3 000 mg/m3, qui diminuent au fur et à mesure que l'on s'éloigne du sol. Ainsi, les détecteurs placés à la hauteur de la taille des opérateurs ont fourni des valeurs de 15 à 140 mg/m3.

''Dans l'air ambiant, les concentrations les plus élevées ont été relevées dans les zones les plus difficiles d'accès (zones escarpées, vasières). Sur la zone témoin de l'étude (hors des zones de dépôts d'algues), la valeur mesurée est 2,9 μg (1) /m3; elle est un peu supérieure à ce qui est généralement observé dans l'air ambiant, en France (0,15 à 0,45 μg/m3)''. Cependant, les concentrations moyennes (sur chacun des points de la zone de mesure et sur l'ensemble de la période étudiée) sont de 5 à 75 fois supérieures à la valeur témoin locale.

''La survenue d'un accident ne peut être écartée''

Selon l'Ineris, pour les riverains, ''la situation ne semble pas présenter de risque préoccupant pour la santé''. En effet, pour ''les expositions de longue durée à de faibles concentrations, les mesures dans l'air ambiant sur une semaine sont représentatives d'une exposition dite « sub-chronique », car la saison d'échouage des algues s'étend principalement de juin à septembre, soit une exposition potentielle d'environ quatre mois''. Les valeurs de concentration en H2S relevées sont inférieures à la valeur de 30 μg/m3 définie par le Département de la Santé du gouvernement américain pour ce type d'exposition.

De plus, l'Ineris estime que l'odeur d'''œuf pourri'' dégagée par les algues vertes n'encourage pas les promeneurs à s'attarder sur la zone. Cependant, les chercheurs ont élaborés différents scénarios. Pour les promeneurs ou randonneurs qui se déplacent sur des zones de dépôts d'algues (expositions de courte durée à des concentrations élevées), des valeurs de 15 à plus de 140 mg/m3 ont été relevées. ''Elles se situent à des niveaux pour lesquels des effets ont été observés sur l'Homme, notamment l'anesthésie de l'odorat, au-delà d'une heure d'exposition en continu sur des zones de dépôts d'algues''.

Dans le cas ''peu probable'' où un individu est exposé aux concentrations maximales des bouffées au niveau du sol ou dans les dépôts d'algues, ''les concentrations mesurées peuvent atteindre les seuils mortels (2 408 mg/m3 pour une exposition d'une minute). L'hypothèse de la survenue d'un accident ne peut être écartée (enfant jouant dans le sable, chute grave...)''.

Quant à l'analyse des causes de la mort des sangliers, ragondins et blaireau (2) , ''l'hypothèse la plus vraisemblable est l'intoxication par l'H2S. Par ailleurs, il faut souligner qu'à des doses chroniques les perturbations de l'odorat sont un handicap pour la vie animale'', conclut l'Ineris.

1. Microgramme2. Consulter le document de l'Ineris
http://www.ineris.fr/ressources/recherche/iddoc=1894

Réactions3 réactions à cet article

Enfin , la Vérité commence à sortir! C'est l'H2S et des composés soufrés
dégagés par la fermentation des algues, vertes ou pas, qui est mortel
par inhalation aux concentrations détectées, soit plus de 100mg/m3!
Depuis des années, nous signalons cette dangerosité aux Maires concernés dans les registres publiques. Des simples papiers d'acétate
de plomb mouillées et disponible chez les fournisseurs de labos ,
permettent de localiser le danger et le confirmer avec des tubes
réactifs. La mort des sangliers et autres victimes, aura suffi pour
enfin déclencher une action ,qui sauvera des vies humaines.

arthur | 07 septembre 2011 à 12h13 Signaler un contenu inapproprié

Le risque d'ntoxication par H2S est bien connu des exploitants de stations d'épuration d'eaux usées et de réseaux de collecte et de transport des eaux usées.
Des taux élevés ont été enregistrés sur les plages bretonnes, des traces d'intoxication par H2S des sangliers ont été constatées. J'espère que le rapport de l'INERIS vient confirmer les risques. Espérons que la préfecture arrêtera de jouer avec l'incertitude et de repousser toute décision liée à cette affaire en l'attente de résultats de mesures irréprochables. Certains maires ont eu le courage d'appliquer le principe de précaution et d'interdire l'accès au plages. C'est à la cause de prolifération de ces algues qu'il faut s'attaquer aujourd'hui.

Paul | 07 septembre 2011 à 18h15 Signaler un contenu inapproprié

l'odeur d'oeuf pourri repousse les promeneurs ! certe, mais sans être promeneur il est parfois utile d'être à l'endroit où est H2S, certaines personnes ne sont pas génées dans l'instant présent sauf l'odeur, mais un enfant (plus près du sol) ou certaines personnes peuvent être génés très rapidement avec malaise étouffant... et ça va très vite, en ville il faut, signaler les égouts qui sentent pour éviter le pire, un produit est ainsi répendu par les responsables pour neutraliser.

lison | 08 septembre 2011 à 19h30 Signaler un contenu inapproprié

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