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Actu-Environnement

Alteo ne respecte pas certains paramètres pour ses rejets en mer

Alteo dépasse les seuils pour ses rejets en mer sur certains critères comme la DBO5, le pH, le mercure et le zinc. Le préfet des Bouches-du-Rhône a mis en demeure le producteur d'alumine d'y remédier dans un délai d'un à deux mois.

Eau  |    |  D. Laperche

Le producteur d'alumine à Gardanne, Alteo vient d'être rappelé à l'ordre concernant ses rejets d'effluents en mer. Le préfet des Bouches-du-Rhône a mis en demeure la société (1) de respecter dans un délai allant d'un à deux mois les dispositions prévues par le décret du 28 décembre 2015. Ce dernier donnait déjà à l'entreprise une dérogation pour une durée de six ans pour qu'il puisse rejeter au large du parc national des Calanques des effluents aqueux dépassant les valeurs limites d'émissions normalement fixées par l'arrêté du 2 février 1998.

Le comité d'experts enfin installé

Demandé par le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT), lors de la dérogation, la création d'un Comité de suivi et d'information sur les rejets en mer (CSIRM) a été formalisé par un arrêté du 31 mars 2016. Il a tenu sa première réunion le 11 mai 2016 et "a permis d'identifier les premières approches méthodologiques", selon la préfecture des Bouches du Rhône.
Le préfet a également pris un arrêté complémentaire qui impose à l'exploitant la mise en place de moyens pour réduire les envols de poussières dans l'environnement sur le site de stockage des résidus implanté à Mange Garri.

Concernant les rejets aqueux, le préfet pointe du doigt différents manquements au décret du 28 décembre 2015 en s'appuyant sur des rapports mensuels d'autosurveillance d'Alteo (mois de janvier et février), le rapport d'étude de l'entreprise sur le rejet en mer mais également un contrôle inopiné des rejets aqueux réalisé par la Dreal les 8 et 9 mars. Les écarts observés ont été exposés lors de la deuxième commission de suivi de site (CSS) vendredi 24 juin.

Un point de prélèvement pour l'analyse mal positionné

L'inspecteur de l'environnement a constaté que le point de prélèvement, utilisé pour les mesures de l'autocontrôle, était mal positionné. Interrogé par Actu-environnement, Alteo a assuré avoir consulté au préalable à ce sujet l'Agence de l'eau et la Dreal. "C'est un point que nous discuterons avec l'inspection pour savoir ce qu'ils veulent et s'il y a des choses à modifier, nous les modifierons", a affirmé Eric Duchenne, directeur des opérations d'Alteo.

L'autosurveillance de l'entreprise fait néanmoins état de niveaux supérieurs aux limites pour l'antimoine, la DBO5 et le pH. Elle a également constaté un débit de rejet supérieur au seuil arrêté. Or, les règles fixées prévoyaient que dans le cas du non respect des valeurs limites, le rejet en mer devait être arrêté.

Le contrôle inopiné a, quant à lui, montré que l'entreprise dépassait les limites fixées pour la DBO5, le pH, le mercure, le zinc et les matières en suspension. Le préfet a donné deux mois à l'exploitant pour corriger ces valeurs.

L'inspecteur de l'environnement a également pointé l'absence d'un rapport d'analyse de l'entreprise qui interprète les causes et ampleurs des écarts mais également établit des actions correctives. Alteo devra remédier à ce manque dans un délai d'un mois.

Enfin, le rapport d'étude sur le rejet en mer fourni par Alteo ne comporte pas de vérification d'impact toxique pour les milieux, les espèces et l'homme sur la base des résultats d'analyse. De plus, la répartition phase liquide par rapport à la phase dissoute des métaux ne correspond pas aux valeurs limites inscrites dans le dossier de demande d'autorisation. L'industriel devra répondre à ces obligations d'ici deux mois.

Les explications des dépassements, selon Alteo

"Lorsque nous regardons l'ensemble des paramètres nous sommes en deçà des seuils fixés Ce sont des problèmes ponctuels", a opposé Eric Duchenne. Selon l'entreprise, deux problèmes expliquent les dépassements.

Tout d'abord, une question d'organisation des procédés : à la sortie des installations de traitement des eaux, l'effluent liquide filtré est mis au contact de l'eau du Canal de Provence. L'entreprise a constaté que cela provoquait la formation d'un précipité de calcaire entrainant une augmentation des matières en suspension. "Nous allons donc modifier la façon dont cette installation de traitement des eaux est intégrée au procédé de fabrication de l'alumine pour éviter de faciliter cette précipitation", affirme Eric Duchenne.

Ensuite, l'entreprise explique les dépassements observés par une augmentation des impuretés dans le circuit d'eau liées, notamment, aux épisodes de pluie. "Toutes les eaux de l'usine, y compris pluviales, sont recyclées dans notre procédé de fabrication. Comme des parties du process évaporent de l'eau, nous rentrons également de l'eau propre (…). Mais lorsque nous avons beaucoup d'eau de pluie, nous avons moins d'eau propre et le niveau d'impureté ne baisse pas", développe le directeur des opérations d'Alteo.

La hausse des concentrations mesurées dans le rejet aurait été encore accentuée par l'arrêt temporaire de certaines installations de production du fait d'un incident début mars. Dans la nuit du 8 au 9 mars, une tuyauterie sous pression de soude et de bauxite au sein de l'usine Alteo avait en effet cédé. Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, avait alors notamment appelé à ce que l'exploitant remette un rapport d'ici la rentrée sur les solutions de traitement actuellement étudiées.

Selon un communiqué de la préfecture, la troisième réunion de la commission de suivi de site programmée fin septembre devrait répondre à l'appel de la ministre. Elle fera l'objet d'une présentation de la feuille de route d'Alteo sur "la mise en oeuvre d'une solution complémentaire de traitement des rejets aqueux". Selon la préfecture, celle-ci devra comporter les technologies que l'exploitant compte employer pour le strict respect des normes environnementales et sanitaires en vigueur et le plan d'investissement prévu en conséquence.

Les technologies en test aujourd'hui

"Nous travaillons activement à la recherche de solutions pour répondre aux nouveaux seuils qui sont fixés à l'horizon 2021, pointe Eric Duchenne. Notre objectif est que dans 18 mois nous l'ayons trouvée : une quinzaine de sociétés y travaillent". Le décret de dérogation prévoit en effet de durcir fin 2021 les limites de rejet dans le milieu naturel pour l'aluminium, l'arsenic, le fer total, la matière organique et le niveau de pH.

A l'issue de la première réunion de la commission de suivi, l'entreprise avait annoncé étudier différentes options et passé des partenariats pour les expérimenter avec les sociétés Blue District, Extracthive et Pearl.

Selon le directeur des opérations d'Alteo, deux pilotes devraient être installés dans les prochains jours avec l'objectif de réduire les teneurs en métaux par l'intermédiaire, pour l'une, d'une neutralisation au gaz carbonique, et l'autre, grâce à de la chaux et du chlorure de magnésium (Extracthive). Un troisième devrait suivre à l'automne.

"Aujourd'hui, il n'existe pas de procédé global qui permette de traiter les rejets. Il faut donc que nous assemblions un certain nombre de briques. La première est comment abattre les métaux et pour cela passer de la phase dissoute à la phase solide pour les arrêter physiquement, développe Eric Duchenne. Ensuite, une fois que nous aurons de l'expérience, que nous pourrons choisir une solution d'abattement des métaux, nous regarderons comment traiter le reliquat avec des techniques complémentaires comme celles proposées par les sociétés Pearl ou Blue district".

1. Télécharger l'arrêté de mise en demeure
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-27105-mise-demeure-alteo-prefet.pdf

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