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Ameublement : les retardateurs de flamme ne devraient pas être généralisés

L'efficacité des retardateurs de flammes n'a pas été prouvée, en revanche, de forts soupçons pèsent sur leur toxicité. L'Anses préconise donc la prudence quant à leur utilisation dans le mobilier rembourré et déconseille leur généralisation.

Risques  |    |  S. Fabrégat

Sans que leur efficacité ait été réellement prouvée dans la réduction du risque incendie, les retardateurs de flamme sont pourtant de plus en plus utilisés dans les matelas et autres meubles rembourrés. Or, l'Agence de sécurité sanitaire (Anses), saisie par la direction générale des fraudes (DGCCRF), déconseille une généralisation de leur usage en raison des impacts sanitaires et environnementaux qu'ils pourraient représenter. Elle recommande plutôt la mise en place de solutions alternatives pour accroître la sécurité incendie (détecteurs de fumée, contrôle régulier des installations électriques et gaz, campagnes de prévention…) et la création d'un registre national des incendies qui permettrait une meilleure connaissance statistique de ce risque, de ses causes et des mesures de prévention adaptées. L'agence préconise également une amélioration de la connaissance des matériaux utilisés et importés dans l'Union européenne et le lancement d'une réflexion sur le cycle de vie de ces meubles rembourrés et ignifugés.

De nombreux effets suspectés

Dans un premier volet de son expertise, publié en 2014, l'Anses indiquait que les données relatives à l'efficacité des retardateurs de flammes (1) manquaient et qu'il lui était donc impossible de conclure à leur pertinence. Le deuxième volet de son expertise est relatif aux impacts sanitaires et environnementaux (2) . Il a été publié le 22 octobre dernier. L'Anses y souligne, après avoir étudié 25 couples matériaux (matrices)/retardateur de flammes, que "pour chacune des substances identifiées, les données disponibles ne permettent pas d'exclure une toxicité potentielle sur la santé humaine ou des effets sur l'environnement". Pire, "pour certains de ces retardateurs de flamme, des données sont clairement en faveur d'une toxicité sur certaines fonctions physiologiques. Elles sont à l'origine de mesures réglementaires (dans le cadre du règlement Reach) en vue de limiter leur utilisation". Et la liste des effets suspectés est parlante…

Si les données sont souvent insuffisantes, l'étude de l'Anses a néanmoins permis d'identifier, au vu des connaissances actuelles, que certains retardateurs de flammes étaient reprotoxiques. "C'est le cas notamment du HBCD, classé toxique pour la reproduction de catégorie 2, mais aussi du TBPH pour lequel des effets reprotoxiques ont été rapportés dans certaines études, et du TCP qui entraîne des effets sur les ovaires après une exposition chronique chez l'adulte". Selon l'agence américaine de l'environnement (EPA), "l'IPTPP aurait un fort potentiel de toxicité sur le développement embryonnaire, et une structure chimique susceptible d'induire des effets neurotoxiques. Une étude récente a également montré des effets reprotoxiques de la mélamine chez la souris".

Le TPP est quant à lui inscrit sur la liste des substances à évaluer dans le cadre de Reach en raison d'un effet de perturbation endocrinienne (PE) potentiel.

Certaines substances ignifuges seraient potentiellement cancérogènes pour l'homme. Le TDCPP et le trioxyde d'antimoine sont en effet classés, dans le règlement européen relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage des substances chimiques (CLP), comme cancérogènes de catégorie 2. L'agence américaine a également classé le DécaBDE comme cancérogène potentiel et le V6 avec un risque modéré. Des soupçons pèsent également sur le TCPP, le DBDPE et le THCP.

Le DécaBDE, le DBDPE et le TCP seraient également suspectés d'être neurotoxiques. "D'autres retardateurs de flamme ont la thyroïde comme organe cible. Par exemple une augmentation du poids de la thyroïde, associée à des modifications histopathologiques, a été observée à l'issue d'une étude (sur deux générations) sur les effets du V6. Des effets sur la thyroïde ont également été rapportés dans plusieurs études sur le HBCD". Enfin, certains agiraient sur le système immunitaire, et notamment le TCP.

Une migration dans l'environnement et l'air intérieur

L'étude analyse également le potentiel de migration et d'émission de dix couples matrice/retardateur de flamme et conclut que "la plupart des retardateurs de flamme (y compris ceux utilisés en substitution des retardateurs de flamme de première génération), sont retrouvés dans les environnements intérieurs (air et poussière)". Difficilement biodégradables, certaines de ces substances seraient également persistantes dans l'environnement (TDCP, HBCD, BAPP, TCP, IPTPP, trioxyde d'antimoine) et écotoxiques.

1. Télécharger le premier volet de l'étude de l'Anses
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-25539-volet-etudes-anses.pdf
2. Télécharger le deuxième volet de l'étude de l'Anses
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-25539-volet-etudes-anses-2.pdf

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