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AccueilAmine ZiziMariage d'Eco-emballages et d'Ecofolio : une fusion non sans conséquences sur la gestion des déchets

Mariage d'Eco-emballages et d'Ecofolio : une fusion non sans conséquences sur la gestion des déchets

La fusion d'Eco-emballages et d'Ecofolio va laisser des traces dans l'histoire des REP françaises. Selon Amine Zizi, qui consacre sa thèse de doctorat en sciences de gestion à cette évolution, cette stratégie de défense face à l'ouverture de la concurrenc

Publié le 24/07/2017
Environnement & Technique N°372
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°372
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Dans un contexte de restructuration de la filière des déchets d'emballages ménagers à travers l'établissement d'un nouveau cahier des charges, prenant en compte les imperfections du passé et prévoyant un organisme d'équilibrage financier, la fusion absorption d'Eco-emballages et d'Ecofolio est devenue effective le 27 juin 2017 suite à une concertation des assemblées générales des deux éco-organismes.

L'autorité de la concurrence avait octroyé le 4 avril un avis favorable pour le souhait d'une fusion absorption exprimé par les deux organismes, mais demandait en contrepartie de partager les données de la filière avec le nouvel entrant. Cela compensera-t-il les limites de la concurrence qui pourraient être induites par cette fusion absorption ?

Une première expérience dans l'histoire des filières REP

L'analyse de cette fusion absorption qui liera deux filières REP monopolistiques (les déchets d'emballages ménagers et les déchets de papiers graphiques) se traduit par des motivations d'accroissement de taille et donc de pouvoir à travers la fusion des données techniques et financières des deux filières au profit d'un organisme unique administré par des producteurs. Pour Michaël Martin, directeur de développement de l'éco-organisme Léko, "nous pouvons interpréter cette fusion absorption comme une stratégie de défense. Eco-emballages est majoritairement détenue par les industriels de l'agro-alimentaire et Ecofolio par les acteurs de la grande distribution. Ce sont deux mondes qui ne s'aiment pas mais qui se respectent et renforcent leur pouvoir".

Un des objectifs de l'organisme historique est d'améliorer sa compétitivité en élargissant ses services par la complémentarité que lui apporte l'éco-organisme Ecofolio. Pour Bertrand Bohain, délégué du Cercle national du recyclage (CNR), "nous allons vers une structure multi-filières qui a pour objectif de doubler son pouvoir face aux différentes pressions institutionnelles". Le fonctionnement d'une structure multi-filières REP sera une première expérience dans l'histoire des filières REP en France. Cette expérience aura pour conséquence des changements en matière de services offerts aux producteurs et aux collectivités tels que la possibilité de modulation sur les éco-contributions pour les metteurs en marché qui contribuent aux deux éco-organismes et la constitution des provisions importantes au sein d'une structure multi-filières.

Les premiers effets déjà visibles

Cette stratégie aura sans doute une incidence sur l'introduction de la concurrence (cf.figure 1), cela pourrait effacer les souhaits du nouvel entrant et rendre la position de l'acteur historique trop importante pour remettre en cause ses actions. Afin de légitimer cette fusion, les deux acteurs ont publié un communiqué en commun dans lequel ils explicitent cette fusion par des objectifs économiques et environnementaux qui feront profiter l'ensemble des parties prenantes de la filière (les citoyens, les collectivités locales, les producteurs et les industriels de recyclage). Pour Bertrand Bohain du CNR, "il y aura des passerelles fortes entre les deux filières en termes de projets et ce sera une avancée des opérateurs pour la REP opérationnelle".

De surcroit, avec l'écho des principaux axes de manœuvre du nouvel entrant sur la qualité du service qu'il souhaite offrir aux collectivités ainsi qu'aux producteurs, l'opérateur historique se réinvente. Il a ainsi procédé à une modification de son comportement sur le terrain vis-à-vis de ses adhérents. Cette modification a porté, d'une part, sur une éventuelle réconciliation avec les adhérents mécontents à travers une simplification et une baisse des éco-déclarations, d'autre part, sur l'annonce des projets nouveaux pour développer le tri et le recyclage afin de rassurer les collectivités de son implication dans leur fonctionnement. Selon Bertrand Bohain, "nous avons remarqué une baisse d'environ 5% des éco-contributions réclamées par les adhérents d'Eco-emballages pour l'année 2016, en puisant sur leur surplus de provisions".

D'autres effets attendus à plus long terme

La mise à l'épreuve de la filière dans un contexte concurrentiel, prévue entre 2018 et 2022 par l'Etat, pourra déboucher sur d'autres évolutions futures. En l'occurrence, une possible extension des compétences des éco-organismes à une implication plus opérationnelle et à l'abrogation de l'obligation nécessaire au caractère non lucratif. Par conséquent, cette stratégie de fusion-absorption pourrait avoir d'autres effets dans le futur tels que le contrôle de la matière et de son prix. Une forte économie d'échelle à l'aval de la filière pourrait également être réalisée grâce à une REP multi-filières qui se traduirait par la baisse des contributions des adhérents à l'amont de la filière et donc un avantage concurrentiel par rapport au nouvel entrant. Mais l'intérêt général sera-t-il pris en compte de manière effective ?

Avis d'expert proposé par Amine Zizi, doctorant en sciences de gestion à l'école doctorale des sciences sociales de l'Université Paris VIII

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Crédits photos : Amine Zizi

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Amine Zizi
Amine Zizi

Doctorant en sciences de gestion à l'école doctorale des sciences sociales de l’Université Paris VIII.