Mais si l'assainissement autonome peut présenter un intérêt non négligeable dans de nombreux cas aux vues de la ruralité de certaines régions, il peut être à l'origine de pollution grave s'il n'est pas correctement conçu ou entretenu. Mauvais dimensionnement, absence de prise en compte de la nature du sol ou manque d'entretien sont autant de facteurs qui peuvent aboutir à terme à une pollution des sols voire pire des eaux souterraines.
Afin de mettre au point de nouvelles techniques ou équipements de traitement, un programme de recherche et d'expérimentation a été lancé en 2005 par des agences de l'eau (Adour Garonne et Artois Picardie), des constructeurs, des élus, des particuliers, des instituts de recherche et de certification publics (Cemagref, CSTB) et des sociétés privées (Veolia Eau). Outre l'acquisition de connaissances techniques concrètes, son objectif est de pouvoir proposer des filières adaptées à la fois aux contraintes du milieu naturel mais aussi à celles de l'usager. Résultats, huit filières de traitement ont déjà été mises au point et sont en train d'être testées dans les locaux du CSTB de Nantes. Ces tests permettent d'acquérir de l'expérience sur la méthode d'installation, de définir les tâches d'exploitation indispensables pour conserver un dispositif dans les meilleures conditions possibles de fonctionnement, de connaître les performances des filières et d'identifier les capacités des filières à répondre à des situations de charges polluantes et hydrauliques variables. En outre, l'étude vise à rechercher les limites de chaque dispositif, à étudier le comportement des fosses toutes eaux et à analyser l'impact de polluants dits « ordinaires » sur les filières de traitement.
Des expérimentations « in situ » vont également être lancées prochainement sur 55 sites dans le Tarn pour des cas de réhabilitation et de construction. Le fonctionnement de ces dispositifs ainsi que la qualité de l'eau traitée seront suivis pendant cinq ans par Veolia.
Des tests similaires seront menés plus particulièrement en zone de montagne qui présente des caractéristiques spécifiques qui complexifient largement l'exploitation des systèmes d'ANC : températures extrêmes, caractère saisonnier, implantation et accessibilité limitées et absence de réseaux électriques. En partenariat avec l'Association Nationale des Elus de Montagne (ANEM), sept sites représentatifs ont été choisis afin de représenter l'ensemble des difficultés rencontrées en montagne. L'objectif de cette étude consiste à proposer des filières aux performances garanties et un suivi du bon fonctionnement des dispositifs malgré ces conditions d'exploitation considérées comme les plus compliquées.
Complétant ainsi les résultats obtenus au CSTB de Nantes sur de nouveaux procédés, ces expérimentations « in situ » permettront de mieux évaluer la pérennité des filières dans des conditions réelles d'utilisation et de pouvoir, au final, mieux guider le choix des filières en fonction des paramètres les plus pertinents. Les résultats seront progressivement rendus publics. Une première présentation a eu lieu à l'occasion des 4èmes assises nationales de l'ANC organisées à Cahors la semaine dernière.
D'autres recherches portent également sur la mise au point d'outils de diagnostic et de prédiction de la durée de vie des filtres à matériaux, élément installé dans 55% des équipements d'ANC existants en France. Non destructifs, ces outils pourraient être utilisés lors des contrôles rendus obligatoires par la loi sur l'eau. La loi a en effet imposé aux communes de mettre en place avant le 31 décembre 2005 des services publics d'assainissement non collectif (SPANC) destinés à contrôler les ouvrages individuels nouveaux et existants. Déployés au sein des syndicats d'assainissement, des communautés de communes ou des communes, les SPANC exercent des missions techniques, de sensibilisation et de conseils auprès du grand public : contrôle des projets et de la réalisation des ouvrages, vérification tous les quatre ans du bon fonctionnement et de l'entretien des installations déjà existantes. Cependant, deux arrêtés d'application concernant l'assainissement non collectif doivent encore voire le jour afin de préciser toutes les modalités de contrôle.