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Actu-Environnement

''Il n'y a pas de contrats d'assurance verts, mais beaucoup de vert dans les contrats d'assurance !''

Réduire les vulnérabilités sociales en assurant la protection des biens, des personnes et des entreprises est au cœur du métier d'assureur. Dans un contexte de changement climatique, de risques émergeants, comment s'adapte ce secteur ? Réponses de Jean-François Lequoy, délégué général de la Fédération Française des Sociétés d'Assurances (FFSA).

Interview  |  Gouvernance  |    |  C. Saïsset
   
''Il n'y a pas de contrats d'assurance verts, mais beaucoup de vert dans les contrats d'assurance !''

   
AE : En ce début d'année, le territoire français s'est trouvé traversé par deux tempêtes : Klaus et Quinten. Comment avez-vous vécu ces crises successives ?
Jean-François Lequoy :
Les assureurs ont tiré des leçons de la tempête Lothar et Martin de 1999. Pour Klaus et Quinten, les alertes de Météo France ont été plus rapides, ce qui a permis dès le départ de renforcer les plateformes téléphoniques de renseignements des particuliers, d'adopter des mesures rapides d'indemnisation, avant même la fin du vent de mobiliser sur place des agents pour dispenser information et conseils sur les moyens de protection, d'actualiser notre site et d'organiser des tchat en direct. Cette gestion de crise nous a valu la reconnaissance des pouvoirs publics et du président de la République.

AE : A combien s'élèvent les sinistres de ces deux tempêtes ?
JFL :
La tempête Klaus a engendré un sinistre estimé de 1 à 1,4 Mds€, la tempête Quinten qui a suivi de l'ordre de 300 à 400 M€. La tempête de 1999 avait été plus conséquente, avec un sinistre de 7 Mds€.

AE : Si de tels évènements intenses se répètent, comme il est annoncé avec le changement climatique, ne risque-t-on pas d'atteindre les limites du système et de vivre une crise dans le secteur de l'assurance comme nous la vivons dans le secteur bancaire ?
JFL :
La Mission Risques Naturels (MRN), créée conjointement par la FFSA (77 % du chiffre d'affaires du marché de l'assurance) et le GEMA (une fédération de sociétés mutualistes), travaille depuis longtemps sur la possibilité d'une accélération des évènements climatiques intenses. Mais pensons aussi à l'action des pouvoirs publics et à la prévention ! Il peut-être important de construire des maisons plus résistantes au vent, de ne pas construire dans les zones inondables, etc. Toutes ces réflexions doivent avancer en même temps. Et puis, l'impact des phénomènes climatiques est au cœur des préoccupations des compagnies internationales de réassurance, qui écrêtent les pointes de risque des sociétés d'assurance. Et comme on l'a vu lors des inondations en Floride, quand les réassureurs se désengagent, d'autres compagnies se créent. Alors oui, si nous vivions une tempête à plusieurs milliards d'euros par an pendant dix ans là, peut-être, on parlera des limites du système. Mais pour l'instant, un effondrement du régime des assurances, c'est non.

AE : Risques d'exposition aux radiations, aux ondes électromagnétiques, aux OGM, aux pesticides… Autant de risques controversés qui ne sont pas couverts par les assurances. Pourtant, au regard du principe de précaution, ces risques émergeants ne méritent-ils pas d'être considérés ?
JFL :
Le risque lié à l'explosion d'un réacteur nucléaire est régi par la Convention de Paris. Il relève de la responsabilité de l'exploitant jusqu'à un sinistre de 700 M€ et au-delà, de la responsabilité de l'Etat et de la communauté internationale. Concernant les risques émergeants, qu'on ne peut ignorer mais qui sont très complexes, l'assureur doit rester en veille. Les contrats de responsabilité civile des entreprises prennent en compte un certain nombre de choses sans que ce tout soit mesurable ou sans qu'on connaisse tous les effets. Mais pour les risques émergeants sur lesquels il n'y a que bruit ou rumeur… comment assurer quelque chose qui ne soit clairement reconnu comme un risque sans frôler l'escroquerie ? Le régime d'assurance est fondamentalement basé sur la liberté contractuelle et donc sur une politique libre d'appréciation du risque. Plus on a de statistiques, plus le risque est modélisable, mesurable, et plus il peut être pris en compte. Les assureurs cherchent en permanence à développer leurs avantages concurrentiels : plus un risque diminue, plus la couverture évolue vers un tarif moindre. À l'inverse, un risque certain nécessite un montant de prime d'assurance égal au dommage, ce qui n'a aucun intérêt ! Dans le domaine de l'assurance maladie, c'est un peu particulier : les assureurs restent des suiveurs aveugles de la Sécurité Sociale.

AE : Depuis peu, on constate un rapprochement des secteurs des assurances et des banques. Les banques proposent des Livrets de Développement Durable. Les contrats d'assurance verts sont-ils pour demain ?
JFL :
Il n'y a pas de contrats d'assurance verts, mais beaucoup de vert dans les contrats d'assurance ! Les contrats multirisques couvrent les dispositifs d'économie d'énergie. Dans le bâtiment, des engagements ont été pris pour couvrir l'usage de matériaux accrédités dans le cadre du pass-innovation. Et nous réfléchissons à un contrat d'assurance souscrit par le constructeur, qui garantirait la bonne fin des travaux réalisés, avec atteinte à la réception de la classe énergétique prévue contractuellement. Par nature, le métier des assureurs, c'est de gérer le risque sur le long terme. Les assureurs ont donc une forte légitimité à s'intéresser au développement durable.

AE : Fin janvier, justement, vous avez annoncé disposer d'une charte de développement durable des assurances. Qu'implique ce document ?
JFL :
Cette charte a été élaborée sous l'égide de la Commission développement durable de l'Association Française de l'Assurance (AFA), qui réunit la FFSA et le GEMA depuis un an et demi. Elle compte cinq chapitres et une vingtaine de leviers d'actions sur lesquels les acteurs peuvent travailler dans une démarche de progrès. L'idée est d'abord de pouvoir communiquer sur le sujet et ensuite, dès cette année, de mettre en place des indicateurs de développement durable. Nous sommes dans une démarche de créer non pas de la loi pour toutes les entreprises, mais de l'incitation : des contrats d'assurance automobiles qui tiennent compte du fait que les véhicules couverts sont « verts », la garantie de perte d'exploitation en cas de tempête ou d'inondation, etc. Sur le plan de la gouvernance, on s'attachera à mesurer l'avancement de la mise en œuvre de cette charte. Sur la politique d'investissement des sociétés d'assurance, qui concerne potentiellement les 1.500 Mds€ placés par les assureurs français, cette charte encourage à l'Investissement Socialement Responsable (ISR). Enfin, même si le secteur des assurances n'est pas très polluant… nous pouvons agir dans notre fonction d'achat auprès des fournisseurs de bureautique, soutenir le debossage des carrosseries plutôt que la destruction, etc. Tout cela permet de rentrer dans un cercle vertueux.

Réactions1 réaction à cet article

J'assure un max !!

Bonjour,

Je n'ai été ni insultant ni diffamant, dans mon premier commentaire, qui a été censuré . Par conséquent, je le réitère :

Que préconise ce monsieur à ses clients qui sont distributeurs, fournisseurs ou producteurs de biberons au bis-phénols ?
Continue-t-il à assurer des activités dangereuses pour la santé et l'environnement ???

En ce qui concerne les aléas climatiques, comment va-t-il les couvrir et qui paiera les majorations à ces remboursements ? La faillite d'AiG, n'obligerait elle pas à plus de réalité ?!?

Pan dans les dents ! | 04 mars 2009 à 20h12 Signaler un contenu inapproprié

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