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Actu-Environnement

L'Autriche 100% renouvelable : une utopie concrète de l'après-pétrole

Comment sortir de l'urbanisme fossile, qui, à grand renfort d'énergie pétrolière, est à l'origine du phénomène désormais universel de l'étalement urbain ? L'ASPO a tracé les pistes de l'autonomie énergétique, dont un Land en Autriche est pionnier.

Energie  |    |  A. Sinaï

A l'occasion de sa dixième conférence, l'ASPO (Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier), réunie à Vienne jusqu'au 1er juin, a tracé les pistes de l'après-pétrole. Le professeur de technologie à l'Université d'Innsbruck, Wolfgang Streicher, y a présenté un scénario d'autarcie énergétique pour l'Autriche d'ici à 2050, destiné au ministère de l'environnement autrichien. D'étymologie grecque, le mot autarcie signifie la capacité pour un système ou une communauté de se sustenter par soi-même, en utilisant des ressources produites d'origine locale. Un système autarcique peut être un foyer, une commune, une région ou un pays qui n'utilisent que des biens et services produits par eux-mêmes, sans recourir à des importations.

En matière d'énergie, les secteurs concernés par l'autarcie sont le bâtiment, l'industrie et la mobilité. Pour qu'ils ne soient alimentés qu'en sources d'énergies domestiques, deux conditions sont requises : une stricte limitation des besoins, et un système de stockage local et saisonnier d'énergie pour compenser l'intermittence des renouvelables et éviter les importations. Mais, pointe Wolfgang Streicher, la société est-elle prête à se passer de vacances aux Maldives, de vêtements fabriqués en Chine, de pommes produites en Espagne ? En matière d'alimentation, est-elle prête à manger moins de viande ? Et, du côté de l'habitat, les citoyens seront-ils disposés à jouer le jeu de la densification, alors que le logement individuel est primé par les ménages, malgré les inconvénients qu'il induit en terme de rallonge des temps de transport ? Tout le système est organisé de manière non autarcique.

Pourquoi envisager l'autarcie énergétique ? D'abord pour se mettre à l'abri de l'évolution de plus en plus erratique des prix du pétrole : outre sa volatilité, le prix du brut ne cesse d'augmenter et se maintient au-dessus de 100 dollars le baril depuis plus d'un an. Ensuite parce que c'est le charbon qui domine le mix énergétique fossile des pays de l'OCDE et de l'ex URSS, dans le ratio ressources-production. Enfin, la raison climatique : déstocker ce charbon ne serait pas sans conséquences sur le réchauffement, dont les effets, en Autriche, se manifestent par le spectaculaire retrait du glacier Pasterze.

Une modification cruciale du système énergétique

Premier élément de l'autarcie énergétique, la détermination d'un périmètre de consommation et de production, selon un ensemble de critères : des énergies locales, des échanges frontaliers possibles avec les pays riverains, un stockage saisonnier de l'électricité et des bio-carburants produits en Autriche, sous réserve du maintien constant des zones dédiées à la production agricole, le renoncement aux énergies fossiles et nucléaire. La cartographie des consommations actuelles, secteur par secteur, représentée par un diagramme de Sankey représentant les flux énergétiques, est également un pré-requis. L'évaluation des potentialités en ressources et en techniques de production d'énergies renouvelables en est une autre.

L'étude présentée par Wolfgang Streicher (1) montre que l'autarcie énergétique, sur la base de 100% de renouvelables, est théoriquement possible en Autriche d'ici à 2050, à condition d'une "modification cruciale du système énergétique et de la forme des services énergétiques. La marge de manœuvre est relativement étroite, et le potentiel de renouvelables devra être presque entièrement exploité. Les conditions politiques de cette évolution doivent être mises en ouvre dès aujourd'hui". Les consommations devront en tout état de cause être réduites de moitié. Dans le domaine de la mobilité, le basculement vers les transports en commun sera presque total, grâce à une redéfinition complète des infrastructures. Le transport individuel sera soit non motorisé (vélo), soit à base de "e-véhicules" ultra légers consommant 12 kilowattheures pour 100 km. L'espace de l'habitat sera densifié, le logement individuel sera en raréfaction au profit d'immeubles offrant des prestations comparables à celles de maisons individuelles grâce à une conception personnalisée des appartements. Les énergies de l'habitat combineront la géothermie, le solaire thermique et photovoltaïque, l'hydroélectricité et l'éolien, tandis que les habitats anciens auront tous été réhabilités selon des normes thermiques exigeantes. Dans l'industrie, les besoins de chaleur pourront être fournis par le méthane et les biocarburants, mais l'ensemble des consommations du secteur devra avoir décru de 35%.

L'exemple du Vorarlberg

Dans un essai très documenté, la journaliste et architecte Dominique Gauzin-Müller décrit un petit Land autrichien, le Vorarlberg, comme un territoire emblématique en raison de sa position géographique enclavée par des barrières naturelles (le lac de Constance à l'ouest et le massif alpin autrichien à l'est) et des frontières politiques : l'Allemagne au nord, la Suisse et le Liechtenstein au sud-ouest. En juin 2011, 371 384 habitants se partageaient 2 600 kilomètres carrés, soit environ la moitié de la surface d'un département français moyen, comme le Lot. La densité de population y est la plus élevée d'Autriche après celle de Vienne. Environ trois quarts des habitants se concentrent dans la plaine du Rhin, qui ne représente que 17 % de la surface mais regroupe la majorité des activités économiques et de grands axes routiers et ferroviaires internationaux. Le reste est couvert de montagnes (jusqu'à 3 312 mètres d'altitude) et plutôt orienté vers l'élevage, l'exploitation forestière et le tourisme.

En matière d'autonomie énergétique, le Voralberg est sans doute la région la plus avancée d'Europe. "Son objectif phare est d'ailleurs d'atteindre en 2050 l'autonomie énergétique (électricité, chauffage, carburants) à partir de ressources renouvelables locales. Cette indépendance commence par la réduction des besoins grâce à la sobriété, qui est liée aux comportements, et à l'efficacité, qui touche les installations. Campagnes d'information et missions de conseil auprès des particuliers, des entreprises et des collectivités incitent aux économies d'énergie. Les communes donnent l'exemple en construisant de nouveaux bâtiments très performants et en améliorant l'efficacité énergétique des équipements existants", écrit Dominique Gauzin-Müller dans un nouvel ouvrage à paraître. (2)

Côté énergies renouvelables, la situation géographique et climatique du Vorarlberg n'est pas favorable à l'éolien, mais toutes les autres sources sont exploitées, en particulier la biomasse (le Land est très boisé), le solaire, la géothermie et l'hydraulique, qui couvre 97 % des besoins en électricité, dont 10 % environ grâce à de petites centrales, qui rendent certaines communes de montagne presque autonomes. Une trentaine de microturbines sont implantées sur le réseau d'eau potable. Le Land compte aussi une centaine de centrales de chauffage au bois avec réseau de chaleur, soit quasiment une pour chacune de ses quatre-vingt-seize communes. Certaines ont été initiées par des collectivités locales, d'autres par des institutions sociales et religieuses, des coopératives d'agriculteurs ou des particuliers.

1. Consulter l'étude
http://www.lebensministerium.at/umwelt
2. La Maison individuelle. Vers des paysages soutenables ?, ouvrage dirigé par Yann Nussaume, Aliki-Myrto Perysinaki et Johanna Sery, Editions de La Villette, juillet 2012.

Réactions17 réactions à cet article

Il me semble que le terme d'autarcie utilisé par les autrichiens, soit par maladresse, soit à dessein, n'est en tous cas pas le bon. Considérant la définition donnée dans cet article (qui est correcte), en matière d'énergie (pour ne pas rentrer dans les détails des autres flux qui traversent habituellement un territoire), l'autarcie implique de se couper des réseaux externes (électricité, gaz) et de vivre en "mode insulaire". L'autarcie induit ainsi non seulement une sous-optimisation technique et financière de l'infrastructure énergétique, mais elle va aussi à l'encontre de décennies de construction d'une solidarité nationale et européenne entre territoires.

C'est pourquoi il faut lui préférer le terme d'autonomie énergétique, que les ouvrages d'Ivan Illich permettent d'appréhender de manière limpide (La Convivialité est une excellente entrée en matière, lire aussi Energie et Equité).

Mais on peut encore trouver meilleur terme (pour promouvoir la philosophie et les réalisations des territoires avant-gardistes): le "territoire à énergie positive", application combinée de la démarche négaWatt et des logiques de développement territorial endogène (cf. Alberto Magnaghi, Le Projet Local).

Passées ces considérations théoriques, en France aussi, les territoires s'activent sur ce champ.

A bientôt!

Yannick Régnier | 27 juin 2012 à 09h38 Signaler un contenu inapproprié

L'architecture de la distribution d'énergie en France s'articule quasiement en exclusivité à travers une toute petite poignée de grand groupe énergétique (issu de l'électricité ou du pétrol). Ces derniers imposent un quasi monopole et substituent le pouvoir des collectivités.

Le schéma autrichien ne partage pas cette organisation car la distrubution énergétique est très souvent sous la gestion des collectivités. Ceci permet donc une gestion des coûts transparentes car elle ne passent pas dans le giron de sociétés multinationales privées dépendantes de ses actionnaires.

Alpha | 27 juin 2012 à 09h59 Signaler un contenu inapproprié

La France présente en effet des spécificités défavorables à la réappropriation par les collectivités de leurs réseaux de distribution d'énergie.

C'est pourquoi le CLER a demandé une étude à Dominique Rousseau, Professeur à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, qui conclut que l’interdiction de créer des entreprises locales de distribution d’électricité est anticonstitutionnelle. Le document est accessible sur le site du CLER.

Pour cette raison, une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) a été déposée avec le soutien du CLER afin de permettre aux collectivités locales d’organiser le service public de l’électricité.

Yannick Régnier | 27 juin 2012 à 10h10 Signaler un contenu inapproprié

Hahaha : "en France", on ne semblent pas s'activer autant qu'on le dit (concernant l'énergie) : entre l'uranium nigérien et le pétrole venu de tout horizons (Guyane française comprise), on est bien loin d'être "à énergie positive" : on ne peut pas négliger les efforts de certaines mairies, comcom, départements ou régions mais il faut faire attention à ne pas s'emballer dans une communication orgueuilleuse dés qu'on colle un panneau solaire sur un toit (les actions actuelles me semblent assez loins de scénarios comme celui de NégaWatt) et au niveau national, ça a tendance à traîner voire stagner : nous verrons bien si le débat national sur l'énergie changera quelque chose .....?

Lionel | 27 juin 2012 à 11h02 Signaler un contenu inapproprié

La Navarre espagnole produit autant d’énergie électrique qu’elle en consomme chaque année grace au photovoltaîque et à l’éolien.

Ce principe est transposable sur la majorité des région européenne, en ajoutant la biomasse et l’hydraulique de petite puissance (roues à aubes)

En profitant de l’interconnection des réseaux électrique et des décallage de production et de consommation, on doit pouvoir supprimmer la grande majorité de nos consommation d’énergie fossile et nucléaire.
Sous condition naturellement, comme il est dit dans l’article de rouler plus souvent en vélo , de manger moins de roduits animaux, et de re-localiser l’économie .

Kantz | 27 juin 2012 à 12h53 Signaler un contenu inapproprié

La Navarre espagnole produit autant d’énergie électrique qu’elle en consomme chaque année grace au photovoltaîque et à l’éolien.

Ce principe est transposable sur la majorité des région européenne, en ajoutant la biomasse et l’hydraulique de petite puissance (roues à aubes)

En profitant de l’interconnection des réseaux électrique et des décallage de production et de consommation, on doit pouvoir supprimmer la grande majorité de nos consommation d’énergie fossile et nucléaire.
Sous condition naturellement, comme il est dit dans l’article de rouler plus souvent en vélo , de manger moins de roduits animaux, et de re-localiser l’économie .

Kantz | 27 juin 2012 à 13h40 Signaler un contenu inapproprié

Au lieu de vous en prendre aux conséquences (chômage, environnement, particules, corruption, inflation, dette, abstention, etc...), cherchez plutot, à l'instar d'Étienne Chouard (et d'Aristote avant lui), la cause des causes (voir sur Wikipedia).
Sur Internet, cherchez "l'argent-dette", "constitution", "oligarchie", "création monétaire", etc.

Réflexion sur l'Europe et sur la démocratie en général : qu'est-ce qui, toujours et partout, empêche un réel contrôle, par les citoyens, des 3 pouvoirs publics (exécutif, législatif et judiciaire) ?

Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir : Assemblée constituante et Conseil constitutionnel doivent être TIRÉS AU SORT.

C'est probablement l'unique changement majeur de société qui puisse rendre les autres, que tous vos commentaires mentionnent, accessibles. Informez-vous et faites-vous vous-mêmes votre idée d'un monde meilleur : Internet vous le permet.

Vexillum | 28 juin 2012 à 10h27 Signaler un contenu inapproprié

Merci Vexillum de rappeler l'importance des causes des situations actuelles de difficultés de financement de la transition/"conversion" développement durable (endettement croissant des états qui n'arrivent plus à percevoir assez de recettes à cause de l'évasion fiscale du secteur privé de grande et très grande taille et à cause de la privatisation de la majorité des grandes entreprises d'état permettant des rentrées de chiffre d'affaires très importants-->couplé à des taux d'intérêts toujours plus important sur les emprunts car le risque bancaire n'étant défini que financièrement : moins l'état a d'argent qui rentre, plus le taux d'intérêt est haut mais donc aussi inadapté car met en place une asphyxie qui ramène souvent le payment des taux d'intérêts en première place des sorties d'argent des états ; tout cela dans un environnement de financiarisation maximale de l'économie en économie de marché dérégulée comprenant une large part de "capital" financier ne reposant que sur des chaînes de prêts entre acteurs financiers [une banque prêtant bien souvent plus de 9 fois ce qu'elle possède] et des produits financiers artificiels misant sur la variation des valeurs de la bourse ou des monnaies et donc ne reposant sur aucun bien physique réel).
Tout cela a été tabou à Rio+20 et l'est dans de nombreux lieux de débats : perte de temps et d'énergie à tous les acteurs (mis-à-part banques et multinationales) qui essaient d’amener ces changement par le consensus (transition démocratique).

Lionel | 28 juin 2012 à 11h03 Signaler un contenu inapproprié

Oui Lionel, mais encore une fois, tous les effets que vous mentionnez sont des conséquences, et non des causes.
Les vraies causes sont l'impuissance politique des citoyens à contester les décisions prises en leur lieu et place, et à en imposer d'autres. Ceci n'est pas une fatalité, mais une direction prise sciemment par les "représentants" depuis les débuts de la "démocratie représentative", qui coincide mystérieusement avec ceux du capitalisme (début XIXe siècle).

Autrement dit, pour être élu, il faut faire campagne.
Pour faire campagne, il faut de l'argent.
Pour avoir de l'argent, il faut l'emprunter aux banques.
Pour l'emprunter aux banques, il faut les convaincre.
Pour les convaincre, il faut un retour sur investissement fiable.
Pour avoir un ROI fiable, il faut être assez sûr de remporter l'élection.
Pour remporter l'élection, il faut faire des promesses.

Enfin, quand le candidat est élu, il n'est aucunement débiteur aux électeurs qui ont voté pour lui (principe de la nullité du mandat impératif, écrit dans la Constitution de notre pays - alors que rien n'oblige la nullité du mandat impératif).

Le candidat élu n'est plus débiteur qu'à un seul groupe de personnes : CELLES QUI ONT FINANCÉ SA CAMPAGNE ÉLECTORALE.

Quand vous avez compris ce mécanisme imparable (réfléchissez à la manière dont fonctionne l'UE et ses rélations avec les banques), vous ne chercherez plus à vous en prendre aux conséquences, mais bien aux causes, sinon vous courez dans le vide...

Vexillum | 28 juin 2012 à 11h37 Signaler un contenu inapproprié

[suite -->]...
Et il faut aussi ajouter l'exemple de l'article de ce matin d'Actu-Environnement sur le BPA qui causerait (à confirmer...) une diminution transgénérationnelle de la sécrétion d’une hormone facilitant le contact social et la confiance et diminuant la peur de l’autre.
Concernant la démocratie représentative, c’est toujours mieux que la dictature ou la monarchie (à moins d’avoir un gentil dictateur bisounours qui fait tout super bien pour le développement durable mais je ne crois pas que ça ait jamais existé et son successeur pourrait être la pire peste imaginable, ça par contre ça a beaucoup existé et existe encore). Dans tous les cas, on peut voir actuellement que les grands organismes privés à intérêts uniquement financiers sont très habiles pour ralentir, gripper, détourner, fausser, bloquer, etc. toute action en faveur de la régulation de l’économie pour qu’elle soit remise au service de la société (et non l’inverse).

Lionel | 28 juin 2012 à 12h36 Signaler un contenu inapproprié

Je penses que ça a une importance mais, ne pouvant me rendre invisible pour assister aux discutions candidats - banques, je ne suis pas sûr que les causes des problématiques dont on parle se résument à ça : on pourrait par exemple également mettre en cause la nature humaine qui a tendance à pencher vers un égoïsme de plus en plus grand en fonction du statut social et du pouvoir sur la société (mais il ne faut surtout surtout pas généraliser et je ne connais pas la position des sociologues là-dessus : peut-être l'égoïsme n'est-il fonction quasiment que de l'éducation d'environ 0 à 20 ans et que la plus part des personnes arrivant aux pouvoirs dans le monde (et surtout ne généralisons pas non-plus sinon impossible d'avancer) ont reçu une éducation et des enseignements pêchant fortement sur la valeur des comportement sociaux impératifs que sont l’empathie et le partage équitable ...
Mais on pourrait aussi rechercher des causes dans le marketing exacerbé qui pousse de manière très calculée à la consommation et à l'individualisme...
De même pour la théorie (de plus en plus affirmée/vérifiée) disant que c'est l'environnement sensitif et émotionnel durant la grossesse et les premiers mois (voire toutes premières années) qui défini (avec une part très majoritairement importante) le profil psychologique et donc les façons de penser....

[la suite ci-dessous...]

Lionel | 28 juin 2012 à 12h37 Signaler un contenu inapproprié

Il ne faut pas en rester sur des exemples. Il semble y avoir une raison plus fondamentale que les autres à cette non-démocratie dans laquelle nous vivons depuis 200 ans (alors qu'elle a existé pendant le même laps de temps pendant l'Antiquité grecque).

Les humains connaissant parfaitement (et depuis toujours) la tendance de ceux qui ont le pouvoir à s'autonomiser et donc à en abuser à leur seul profit, ils ont inventé (depuis les Grecs anciens) un moyen lumineux pour se protéger des abus de pouvoir. C'est le texte écrit que nous appelons "Constitution", ce texte de droit que l'on positionne comme supérieur au droit que peuvent produire les hommes au pouvoir, et que l'on peut donc désigner comme "le droit du droit".

Or, contrairement à ce que les hommes au pouvoir veulent nous faire croire, la Consitution n'a pas pour objectif d'organiser les pouvoirs, mais de les AFFAIBLIR. Car un homme ou un groupe d'hommes qui concentrerait les pouvoirs ne serait plus contrôlable (lire Montesquieu, et la nécessaire séparation des pouvoirs ; lire aussi l'art. 16 de la DDHC de 1789).

Depuis 200 ans, quasiment toutes les constitutions du monde opèrent un mélange plus ou moins déguisé des pouvoirs, en non-conformité avec le principe de séparation des pouvoirs (exemple frappant de la France sous la Ve République, dans laquelle le gouvernement "pouvoir exécutif" rédige des lois "pouvoir législatif" !...).

Ce sont LES MÊMES qui rédigent les lois et qui les font appliquer.

Vexillum | 28 juin 2012 à 14h22 Signaler un contenu inapproprié

Tant que les hommes au pouvoir seront en mesure d'écrire ou de modifier eux-mêmes la Constitution (soit les règles du pouvoir auxquelles ils sont sensés se conformer et craindre), tout ce que pourront dire ou vouloir les citoyens sera écarté d'un revers de manche.

Ces règles ont bien été écrites par les hommes politiques POUR les hommes politiques. Remplacez ceux qui écrivent et votent les lois par des personnes qui n'ont pas d'intérêt personnel dans l'affaire, et vous obtiendrez tout de suite des évènements démocratiques de type suisse ou islandais (rejet des dettes, rejet en général de tout ce que la classe politique veut nous faire avaler). Pour en revenir au sujet de départ, l'environnement serait bien mieux traité si les amis des hommes politiques n'étaient pas, en France, 2 marchands de canons et 1 marchand de béton. Le problème est que l'arnaque, que tout le monde gobe, est généralisée à la planète entière.

Vexillum | 28 juin 2012 à 14h31 Signaler un contenu inapproprié

[quote]Ces règles ont bien été écrites par les hommes politiques POUR les hommes politiques. Remplacez ceux qui écrivent et votent les lois par des personnes qui n'ont pas d'intérêt personnel dans l'affaire, et vous obtiendrez tout de suite des évènements démocratiques de type suisse ou islandais (rejet des dettes, rejet en général de tout ce que la classe politique veut nous faire avaler). [/quote]
Quel angélisme ! on peut retourner votre assertion : confiez au peuple la totalité des décisions et vous aurez les phénomènes démocratiques allemands de 1933, le phénomène raciste suisse de 2011, le refus de l'abandon de la peine de mort en france, des alternance communisme dur puis ultranationalisme de droite etc...
le problème de la démocratie c'est précisément que tout le monde veut tirer la couverture à soi, que tout le monde réagit aux émotions, et que 90% des gens sont totalement incompétents pour juger de l’intérêt d'une décision impliquant 70 millions d'homme sur 20 ans...
En dehors de ce site, 90% des gens souhaitent consommer plus d'essence moins cher, qui a raison, vous ou eux ?

totoro | 29 juin 2012 à 10h17 Signaler un contenu inapproprié

À totoro :
En termes de compétence, les élus, depuis 200 ans qu'existe la "démocratie représentative" (oxymore, au passage), ne me semblent pas en avoir beaucoup fait preuve (guerres, amiante, OGM, bisphénol A, réchauffement climatique, dette publique, guerres, crises économiques, guerres, crises économiques, etc.).
Je ne dis pas que le Peuple a toujours raison, je dis qu'il n'est pas moins compétent que les élus pour savoir ce qui est le mieux pour lui.

Le phénomène allemand des années 1930 comporte surtout une gigantesque œuvre de propagande dans les années 1920, qui a porté ses fruits sur un terreau préparé (par les futurs élus du NSDAP).

Que penser de l'Islande, et de son Président qui a le courage de mettre des décisions au référendum des personnes qu'il "représente" ?
Je signale que M. Sarkozy n'a pas demandé aux personnes qu'il "représentait" leur avis quant au Traité de Lisbonne en 2008... Pas plus M. Papadopoulos fin 2011 quant à l'avenir des personnes grecques...

Et si les Suisses, démocratiquement, vote des lois qui ne plaisent pas, cela n'est représentatif que d'une vitalité démocratique dans laquelle tout le monde n'est pas d'accord. Ça ne me choque pas que vous ne soyez pas d'accord. Quant à remettre en cause des choix beaucoup plus démocratiques que ceux pris dans notre Oligarchie française, cela n'est pas conforme à l'esprit de la démocratie.
On a le droit de ne pas être démocrate ; mais alors il ne faut pas se réclamer de la démocratie.

Vexillum | 29 juin 2012 à 11h02 Signaler un contenu inapproprié

Personnellement, je suis assez d'accord avec vous deux ; et que pensez-vous d'un modèle comme le revendique plus Vexillum mais dont les administrateurs (qui organisent et animent le débat : car plus il est gros, plus il est complexe à organiser) fixeraient des limites en terme d'éthique permettant la prévention de mesures contraires aux droits de l'homme (rejetant par exemple d'office les argumentations et les propositions de mesures racistes).

Lionel | 29 juin 2012 à 11h17 Signaler un contenu inapproprié

Certains ont déjà réfléchi à un projet de Constitution (car tout est déterminé dans ce droit du droit) qui remplacerait avantageusement celle de 1958 : "Constitution du Plan C" (Étienne Chouard).
À l'échelle européenne, voir "Euroconstitution" (Jacques Roman).

Si l'argumentation suivante "Ce n'est pas aux hommes au pouvoir d'écrire les règles du pouvoir." vous semble pertinente, alors consultez ces sites Internet.

Profitez-en pour passer à ce filtre l'ensemble des pratiques politiques (les 3 pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire), médiatiques et bancaires de France, d'Europe et du monde, et vous vous rendrez compte que ce qui empêche l'application réelle du droit de l'environnement ("L'environnement, ça suffit", dixit un ancien chef de l'État) et du droit des Peuples au sens large est l'existence permanente de conflits d'intétêts à tous les niveaux de décision politiques et économique.

Pour vous en convaincre, il suffit de lire les articles concernant le club "Le Siècle" en France, ou le groupe "Bilderberg" au plan mondial. Votez ce que vous voulez, tant que ces messieurs-dames possèderont la création monétaire, cela ne leur fera ni chaud ni froid.

Se concentrer sur l'environnement est nécessaire mais pas suffisant. Seul un changement des rédacteurs des Constitutions des pays peut apporter un changement.

L'échelle idéale de l'expérimentation démocratique semble être la commune. La Fédération de communes comme forme d'État s'impose alors naturellement.

Vexillum | 29 juin 2012 à 12h17 Signaler un contenu inapproprié

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