Avec ces nouvelles règles, en cours de rédaction à la Commission européenne, l'UE veut encourager les fabricants de ces produits à prendre en considération, dès le stade de la conception, l'impact environnemental de leurs produits tout au long de leur cycle de vie, facilitant ainsi l'amélioration environnementale avec un bon rapport coût/efficacité. Ce renforcement réglementaire peut donc être l'occasion de mettre en pratique l'éco-conception et pas uniquement sur les produits liés à l'énergie.
Surtout que le marché des produits à moindres impacts environnementaux se porte bien. Selon l'ADEME, entre 2004 et 2007, le taux moyen de croissance annuelle a été de 24% pour les produits éco-labellisés, 37% pour les cosmétiques labelisés Cosmebio et 210 % pour les produits d'entretien ayant l'éco-label européen. Toutefois, l'agence remarque qu'''un des freins au changement reste la perception couramment répandue que la conception intégrant l'environnement est nécessairement plus compliquée et plus coûteuse que la conception classique''.
Pour contrer cette idée reçue, l'ADEME rappelle dans son Stratégie et Etudes de janvier 2010 les résultats d'une étude franco-québécoise1 basée sur une série d'entretiens auprès de 30 entreprises ayant mis en œuvre l'éco-conception. Il en ressort que cette démarche est fréquemment profitable pour l'entreprise puisque dans 90 % des cas, elle a contribué à augmenter les profits de l'entreprise soit par une augmentation des ventes soit par une réduction des coûts de production (moins de matières premières, moins d'énergie consommée). L'entreprise Bourgeat, fabricante de machines pour l'industrie agro-alimentaire et les collectivités est citée en exemple puisqu'elle a vu les ventes de son armoire de maintien de température éco-concue augmenter de 30 % grâce notamment à une diminution du prix de vente de 10 %.
Certains coûts peuvent toutefois augmenter lorsque l'on se lance dans l'éco-conception. Certaines matières premières renouvelables peuvent être plus chère que leur équivalent non renouvelable, des dépenses en R&D et en formation des vendeurs sont parfois nécessaires et la recherche de nouveaux fournisseurs peut s'avérer assez longue.
Malgré tout, les entreprises ayant développé un projet en éco-conception, bien souvent s'engagent sur le long terme. Ainsi, en moyenne, parmi 10 entreprises qui ont conduit une première expérience en la matière, 6 décident de généraliser cette démarche. Les entreprises interrogées dans l'étude estiment que l'éco-conception stimule l'innovation tout en fédérant les équipes ce qui améliore l'efficacité du processus de conception. La démarche nécessite en effet de regrouper les données et les savoir-faire de plusieurs services : marketing pour identifier les comportements et les différents scénarios d'usage du produit, fabrication pour collecter les données en interne, acheteurs pour obtenir des données auprès des fournisseurs, logistique pour les données sur les distances parcourues par le produit, etc. ''Même si ces impacts d'ordre qualitatif ne se traduisent pas directement en chiffre d'affaires additionnel, ils ont une influence à plus long terme'', explique l'ADEME.
Reste à s'assurer d'un paramètre essentiel : la motivation des dirigeants de l'entreprise. Dans la majorité des cas de l'étude franco-québécoise (17 sur 30), ce sont les dirigeants qui ont conduit les entreprises à intégrer l'éco-conception dans le développement de leurs produits. De même selon les travaux de Tatiana Reyes à l'origine d'une thèse2 sur le sujet en 2007, la majorité des 69 entreprises interrogées pour son enquête ont cité « l'engagement de la direction » et « l'implication de l'équipe de conception » comme étant les deux leviers les plus importants pour initier une démarche d'eco-conception. ''Pour l'éco-conception, les changements associés sont tellement transversaux que l'engagement des chefs d'entreprise est indispensable'', confirme l'ADEME.