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Le bilan carbone n'est pas encore assez opérationnel selon l'Ademe

Une étude publiée par l'Ademe dresse une première appréciation du Bilan carbone, lancé en 2004. Si cet outil permet d'identifier les postes d'émissions de gaz à effet de serre, il reste peu opérationnel pour entamer de réelles actions de réduction.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Le bilan carbone n'est pas encore assez opérationnel selon l'Ademe
   

Depuis 2004 et le lancement par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'environnement (Ademe) de l'outil Bilan Carbone® (BC), près de 4.000 évaluations de ce type ont été réalisés à ce jour. C'est ce que révèle le bilan des bilans carbone (1) publié par l'Ademe et le cabinet de conseil I Care environnement en septembre dernier.
Cette étude permet de dresser un aperçu des émissions de gaz à effet de serre (2) (GES) des différents acteurs (entreprises, collectivités, administrations) et de mesurer la dynamique impulsée après la réalisation d'une telle évaluation. Résultat : si le bilan carbone permet d'identifier les différents leviers d'actions de réduction des émissions, il n'est pas encore assez opérationnel pour permettre aux opérateurs d'engager de réelles actions.

Une entreprise émet en moyenne 20 tCO2eq/M€ de CA et 50 tCO2eq par salarié

Les professionnels du conseil carbone s'organisent

Plus de 70 structures spécialisées dans le conseil carbone se sont réunies le 28 septembre dernier pour créer l’Association des professionnels en conseil carbone (APCC).
''Cette profession s'est rapidement développée depuis 2005 et le lancement par l'Ademe d'une formation au Bilan Carbone®. Une centaine d'entreprises travaille sur ce sujet aujourd'hui. Elles étaient jusque-là relativement dispersées. L'idée est de structurer la filière et de la représenter face aux pouvoirs publics, explique Guillaume Neveux, trésorier de l'APCC. Nous souhaitons travailler ensemble à une amélioration et à une homogénéisation de la qualité des prestations. Nous souhaitons également être partie prenante lors des travaux d'amélioration de la méthodologie. Le Bilan carbone est un outil encore jeune et en construction''.
Les 209 entreprises interrogées auraient émis un total cumulé de 14 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2eq). Pour l'Ademe, ''en extrapolant à la population totale, on peut ainsi estimer que le bilan carbone a permis de prendre en compte 211 MtCO2e. Si ce chiffre doit être considéré avec une certaine prudence, il est cependant considérable. En réduisant le champ d’analyse aux seules émissions liées à la consommation d’énergie du site, on peut estimer que l’ensemble des BC a permis d’identifier plus de 25 MtCO2, soit près de 5% des émissions françaises''.

En moyenne, une entreprise émet 18 ktCO2eq, avec des écarts notables selon qu'il s'agit d'une PME (9 ktCO2eq) ou d'une grande entreprise (69 ktCO2eq). A noter que près de la moitié des entreprises interrogées émettent moins de 5.000 tCO2eq.

Les trois principaux postes d’émissions (40 % des émissions totales) sont les matériaux et services entrants, l'utilisation des produits et services mis sur le marché et l'utilisation de l’énergie dans les locaux de l’entreprise.
L'évaluation souligne que les émissions directes des entreprises représentent un tiers du total des émissions de GES comptabilisées. ''Autrement exprimé, limiter la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre aux sources directes conduit à négliger a minima 70% de l’impact des entreprises'', note l'Ademe.

En moyenne, une entreprise émet 20 tCO2eq par million d'euros de chiffre d'affaires (CA), et 50 tCO2eq par salarié, avec des écarts importants selon les secteurs, selon qu'ils sont intensifs en capital ou en travail  (13 tCO2e/M€ de CA et 191 tCO2e/salarié pour l’industrie manufacturière, 754 tCO2eq/M€ de CA et 34 tCOeq/salarié pour le secteur ''immobilier, location et service aux entreprises'').

Une motivation économique et marketing plus qu'environnementale

80 % des entreprises interrogées ont réalisé un seul bilan carbone à ce jour. ''Ce résultat est lié au fait qu’un grand nombre des entreprises enquêtées ont mené le projet entre 2008 et 2010 (83 %), analyse l'Ademe. Le Bilan carbone constitue une pratique récente, que la majorité des entreprises (52 %) envisage de renouveler à court terme, sous une forme adaptée''. Le temps nécessaire pour la réalisation d'une telle évaluation est de 6 mois en moyenne.

Pour les entreprises interrogées, la mise en œuvre de cette démarche relevait de l’engagement citoyen (85 % des réponses) mais avait également pour but d'identifier les leviers de réduction de coûts (79 %) et de renvoyer une image positive à leurs clients (77 %). ''Les entreprises qui s’engagent dans un bilan carbone ont bien identifié les intérêts économiques et marketing d’un tel projet, au-delà des aspects environnementaux'', note l'Ademe.

La réalisation du bilan carbone a permis à 72 % des personnes interrogées d'initier une dynamique interne et à 56 % de découvrir de nouvelles problématiques. 63 % des entreprises ont déclaré que la réalisation de cette évaluation carbone les a ''très certainement'' convaincues de passer à la mise en œuvre d’actions de réduction.

L'Ademe nuance cependant ces déclarations. Selon elle, les plans d’actions de réduction définis à la suite d'un bilan carbone ''offrent peu de détail sur les conditions de mise en œuvre de ces dernières. En ce sens (et ce résultat est confirmé par les entretiens), les recommandations issues d’un BC sont peu opérationnelles et nécessitent bien souvent des études complémentaires''. Les coûts d'actions et l'analyse ''coûts-bénéfices'' ne sont pas intégrés au bilan carbone.

Finalement, selon l'enquête de l'Ademe, ''un bilan carbone donne lieu principalement à des actions modifiant l’organisation de l’entreprise (dans près de 40 % des cas), mais également de changement de comportement et d’investissement. Par ailleurs, les postes les plus fréquemment visés sont ceux sur lesquels le maître d’ouvrage a le plus de marge de manœuvre : gestion des consommations énergétiques internes, achats de matériaux...''.

1. Etude réalisée auprès de 284 opérateurs (dont 86 % d’entreprises, 10 % de collectivités et 4 % d’administrations), ce qui permet d’aboutir à un intervalle de confiance dans les résultats de près de 90 %, selon l'Ademe. Les grandes entreprises représentent un tiers des bilans réalisés. Quelques secteurs sont majoritairement représentés parmi les maîtres d'ouvrage : l'industrie manufacturière (33 %), l'agriculture et l'agro-alimentaire (14%), le transport et la communication (9 %), l'immobilier, la location et les services aux entreprises (9 %).
http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=4A8C5216A9858A7445EE7F2E5C9F75771284389357257.pdf
2. La loi Grenelle 2 prévoit l'établissement d'un bilan des émissions de gaz à effet de serre habitants avant le 31 décembre 2012 pour les personnes morales de droit privé employant plus de cinq cents personnes, l'Etat, les collectivités territoriales et les communes de plus de 50.000, puis tous les 3 ans.
https://www.actu-environnement.com/ae/news/extention_bilan_cabone_grenelle_6581.php4

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