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Actu-Environnement

L'Alliance pour la planète fait son bilan des travaux du Grenelle

Alors que la première phase de travail se termine, les ONG de l'Alliance pour la Planète se disent satisfaites des débats malgré quelques points de blocage persistants. Elles craignent désormais que les moyens d'action ne soient pas à la hauteur.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
À l'issue de trois mois de réflexion, de débats, de négociations et de nombreuses réunions, les six groupes de travail remettent aujourd'hui leurs conclusions et les propositions qui s'y rattachent, au ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement Durable. Le « Grenelle de l'environnement » initié en mai dernier par le gouvernement franchit donc une étape cruciale. À cette occasion, une partie des associations de protection de l'environnement regroupées sous l'Alliance pour la Planète a souhaité présenter leur analyse et le bilan de ces travaux. À travers la voix de Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France, l'Alliance s'est dite plutôt satisfaite et presque étonnée. Il semblerait en effet que la plupart des positions portées par l'Alliance dans ce grenelle aient été retenues. Nous avons eu la surprise de voir que nous étions aussi peu contestés, a témoigné Yannick Jadot. Selon l'avis de Daniel Richard, président du WWF France, ce grenelle a permis de renforcer les positions des ONG et de mettre en évidence de nombreux points de convergence avec d'autres collèges. Les syndicats et les collectivités territoriales sont, semble-t-il, apparus également très proches des positions défendues par l'Alliance, et çà on ne s'y attendait pas, explique-t-il.

Cependant, selon Yannick Jadot, malgré le fait qu'il y a de large consensus sur les objectifs pour sortir de la crise écologique (…) il reste incontestablement de lourds conflits. La proposition d'un moratoire sur la construction d'aéroports et d'autoroutes par exemple n'a pas trouvé d'écho auprès du collège « entreprises ». Le MEDEF, la CGPME et les transporteurs routiers craignent en effet que ce moratoire limite la croissance économique. Même crainte face à l'éco-redevance ou à la réduction de la vitesse de 10km/h pour les poids lourds.
La question d'un moratoire sur les cultures OGM en plein champ est également sensible. La FNSEA et les chambres d'agriculture s'opposent à cette idée arguant que ceci représenterait un blocage de la recherche et aboutirait à un retard de la France dans le domaine des biotechnologies.
Le débat a également été très difficile concernant les pesticides. L'objectif d'une réduction de l'utilisation des pesticides de 50 % en dix ans est approuvé par la majorité dans les groupes de travail mais la question des moyens à mettre œuvre pose problème : officiellement, les agriculteurs, les plus exposés aux pesticides, ne se posent pas en ardents défenseurs de ces produits et la FNSEA se contente de dire que les agriculteurs n'utilisent pas les pesticides parce que ça les amuse mais parce qu'ils ne peuvent faire autrement, explique l'Alliance. Quant à l'industrie phytosanitaire et notamment l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), elle met en avant les « progrès » déjà réalisés, et rappelle que les quantités utilisées ont déjà baissé de 40 % entre 1999 et 2000. Sur ce sujet, le désaccord s'est même traduit jusque dans le vocabulaire puisque les professionnels agricoles ne veulent pas entendre parler de « pesticides » mais de « produits phytopharmaceutiques ».
Aucun consensus n'a également été trouvé en ce qui concerne le nucléaire et les incinérateurs. Alors que les ONG demandent un moratoire sur la construction de nouvelles usines d'incinération, l'État, les collectivités territoriales et les entreprises refusent de se passer de ce mode de traitement. En revanche un consensus a été trouvé sur la nécessité de réduire le volume de déchets à la source. La généralisation de la redevance incitative est en effet une mesure largement plébiscitée.

Cependant, pour l'Alliance, c'est loin d'être gagné. S'il y a de large consensus sur les objectifs, il n'y en a pas sur les moyens, s'inquiète Yannick Jadot. Si les collèges refusent les ruptures que nous portons, cela signifie promouvoir le statut quo, ajoute-t-il. Dans les mois à venir, l'Alliance va donc s'atteler à vérifier que les moyens d'action proposés collent aux objectifs et permettent leur mise en œuvre effective. Sinon le Grenelle sera un échec, prévient Yannick Jadot. Selon Daniel Richard, la seconde période de travail va voir les acteurs contestataires et lobbyistes devenir très actifs. Le président du WWF craint surtout que leur principal argument à savoir « flexibilité oui, contraintes non » ne pousse à l'inaction. Donc si les associations sont globalement satisfaites de la première phase elles resteront attentives durant la seconde au moment où le gouvernement sera amené à négocier les propositions en vu de l'élaboration d'un programme d'action à la fin du mois d'octobre. L'Etat va être associé à la négociation et le président de la république devra poser un certain nombre d'arbitrages qui relèvent de sa responsabilité, explique Yannick Jadot. Il n'est pas question pour nous qu'il fasse son marché et fasse une annonce publique sur ce que lui retient comme programme national de protection de l'environnement, poursuit-il. De son côté Daniel Richard fait preuve d'optimisme : Notre président a une chance importante de montrer qu'il réalise ses promesses en donnant au Grenelle un succès large et il a aussi intérêt à le faire en prenant la présidence européenne ! Or il a besoin d'un succès sur son territoire pour exercer une autorité au niveau européen, estime-t-il.

Réactions5 réactions à cet article

La fin de la langue de bois ?

Bonjour,
Cela fait presque 15 ans que je bosse dans le secteur de l'environnement en tant qu' éducateur à l'environnement et au DD. Depuis tout ce temps je constate une prise de conscience de plus en plus importante de nos concitoyens. Les déclarations finalement plutôt récentes concernant le dérèglement climatique, la médiatisation des problèmes environnementaux dans leur ensemble font que de plus en plus de monde semble adhérer au fait de changer nos comportements. Oui, mais ! Après plusieurs années de tentatives d'incitation à la collecte sélective, par exemple, franchement voyons-nous un résultat encourageant? Je ne le pense pas . En fait, il va falloir sérieusement mettre les bouchées doubles et passer à un autre style d'action : l'engagement obligatoire. Les habitants de ce pays sont maintenant suffisamment informés de la gravité de ce qui nous attend. Le gouvernement devra faire preuve de fermeté (même si je n'aime pas ce mot ) mais c'est pourtant indispensable. Bien sûr, il faudra continuer d'expliquer la démarche encore et encore. Et côté moyens ? Là ce sera la surprise du Chef ! Ils n'ont jamais été à la hauterur des enjeux. Si ce que va annoncer le Président va être réellement à la hauteur je crois que je n'y croirais pas! Je suis quand même prêt à rêver ! To be continued...

pousseurdecri | 27 septembre 2007 à 20h42 Signaler un contenu inapproprié
Re:La fin de la langue de bois ?

Je souscris tout à fait, Mais le monde ne s'est pas fait en un jour .
J'aurais aimé plus de médiatisation sur les travaux du Grenelle de l'environnement ( travaux télévisés etc) car je vois encore autour de moi trop de gens qui se moquent de ce qu'on va laisser aux générations à venir.
Maintenant, les moyens du chef risquent d'être anéantis par les puissances de l'argent qui n'ont qu'un objectif: " le marché !!! "

compagnat | 27 septembre 2007 à 22h00 Signaler un contenu inapproprié
58 réacteurs atomiques, c'est déjà trop

La France dispose de 58 réacteurs pour produire 78% de son électricité (soit 17% de l'énergie finale consommée).

Nous sommes déjà en surcapacité et la politique du chauffage électrique nous oblige à recourir au charbon et au pétrole de façon importante en période de forte demande, en hiver.

Nous exportons de l'électricité à bas prix (nous la bradons même pour ne pas arrêter les réacteurs) lorsque la demande est faible et nous en importons (d'Allemagne surtout) lorsque la demande est forte.

Nous avons donc besoin de diversifier nos moyens de production d'électricité, en donnant une place beaucoup plus grande aux énergies renouvelables : éolien, solaire, énergie des mers ...

Nous avons trop de réacteurs atomiques et il n'est pas utile d'en rajouter, d'autant plus que trois réacteurs pourront être mis à disposition du réseau public en 2012 alors qu'ils servent en exclusivité pour l'industrie nucléaire depuis des années.

Biscay | 01 octobre 2007 à 14h50 Signaler un contenu inapproprié
Re:La fin de la langue de bois ?

Bonjour,
Je pense également qu'il y a nécessité de garder la tête sur les épaules, malgré les encouragements divers que nous pouvons constater globalement. La "prise de conscience" collective est en marche, diront certains, effective, diront d'autres. Elle est en tout cas médiatiquement relayée, c'est indéniable. Encourageons nous les uns les autres! J'entr'aperçois les premices de la mobilisation éco-citoyenne par ces prises de position. Idéalisme dites-vous? Je reste un pessimiste actif, vous répondrais-je!
C'est là où le bât blesse: le volontariat a ses limites et la contrainte écologique a mauvaise réputation car opposée à la bienséance économique.
Il s'agit donc d'un casse-tête politique: le réalisme écologique ne se reporte pas, la gestion de la dette de l'Etat non plus. Le budget 2008 a déjà été revu à la baisse suite aux objectifs chiffrés de ce gouvernement.
Ce Grenelle est, certes, une avancée significative de plus, les ONG l'approuvent. Mais à l'heure des orientations stratégiques et de la définition des moyens disponibles pour parvenir à tous ces beaux objectifs, une réplique me revient à l'esprit: "jusqu'ici, tout va bien..."
A suivre, donc.

Rat des villes | 04 octobre 2007 à 10h27 Signaler un contenu inapproprié
L'Alliance pour la Planète ? Combien de divisions.

"Divisions" au célèbre sens stalinien de la formule

S'il y a dans cette alliance des structures aux effectifs nationaux importants, quoique souvent non sérieusement dénombrés pour des raisons stratégiques peu honorables,

Si certains cotisants se contentent de cotiser sans connaître toujours les soutiens et adhésions qu'on leur attribue au nom de leur association dont ils ne connaissent pas toujours, loin de là, les motivations et la personnalité effective des meneurs "parisiens",

il y en a d'autres, dans cette Alliance, où les effectifs nationaux sont hyper-réduits et où les porte-paroles ne portent donc sérieusement que leurs propres paroles fut-elles éventuellement très intelligentes.

Restons objectifs et clairvoyants et ne surestimont ni nos forces, ni l'altruisme ou encore la réelle représentativité des porte-paroles qui prétendent parler au nom de tous leurs cotisants.

Parfois les surprises sont douloureuses

Sprikritik | 04 octobre 2007 à 14h35 Signaler un contenu inapproprié

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