À l'instar des années précédentes, l'analyse de toutes ces mesures révèle des niveaux de radioactivité globalement faibles sur l'ensemble du territoire, c'est-à-dire proches ou en deçà des limites de détection des instruments de mesure utilisés. Des traces de radionucléides artificiels ont été de nouveau mises en évidence à proximité des sources d'émission connues (installations nucléaires, centres hospitaliers disposant d'un service de médecine nucléaire, etc.) et également hors des zones d'influence de ces sources, en raison des retombées anciennes des 543 essais atmosphériques d'armes nucléaires réalisés entre 1945 et 1980 et de l'accident de Tchernobyl survenu le 26 avril 1986. Mais, d'après l'IRSN, avec l'arrêt des essais atmosphériques et la baisse continue des rejets des installations nucléaires, les réseaux de surveillance ne détecteraient désormais que de rares « événements radiologiques », certains étant imputables à la radioactivité naturelle.
En 2006, le réseau de surveillance de l'IRSN a détecté à trois reprises une élévation inhabituelle de la radioactivité dont une seule s'est révélée d'origine artificielle après enquête.
Le premier événement s'est produit fin janvier pendant une quinzaine de jours sur une large partie du territoire métropolitain français. À cette période, la plupart des 70 stations de surveillance des aérosols atmosphériques ont mis en évidences un rayonnement gamma ambiant 3 à 4 fois supérieur à la normale (2 mBq/m3). Les analyses réalisées par la suite sur les prélèvements d'aérosols n'ont révélé la présence d'aucun radioélément artificiel mais une activité liée au plomb 210, un radionucléide naturel issu de la désintégration du radon 222. Ce phénomène peut s'expliquer par le fait que, lors de mauvaises conditions de dispersion dans les basses couches de l'atmosphère, les concentrations en radon et celles de ses descendants ont tendance à augmenter. Les chutes de neige ou les périodes qui les précèdent peuvent créer ces phénomènes et favoriser l'accumulation de radon au niveau du sol. L'IRSN a finalement conclu à un phénomène naturel corrélé aux conditions météorologiques exceptionnelles de la période.
Le second événement a été enregistré sur un prélèvement de vapeur d'eau à proximité du site du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) de Valduc en Côte D'or en avril 2006. Une activité en tritium de 6,9 Bq/m3 a été mesurée, soit la valeur la plus élevée enregistrée par l'IRSN depuis la mise en place de la surveillance du site en 1996. Selon l'institut, cette activité inhabituelle était la conséquence de l'incident de rejet gazeux en tritium survenu le 8 avril sur ce site, déclaré par l'exploitant au Délégué à la sûreté nucléaire de défense (DSND).
Le dernier événement est relatif à un violent orage sur la région lyonnaise le 15 septembre 2006. Celui-ci a induit une forte élévation de la radioactivité ambiante dans la région de l'aéroport Saint-Exupéry provoquant un déclenchement d'alarme. L'équipe dépêchée sur place par l'IRSN a mené des investigations dans les eaux de pluie collectées dans cette région mais aucune présence de radioactivité artificielle n'a été relevée. Les échos radar de Météo France ont, selon l'IRSN, permis de confirmer l'origine naturelle de l'événement.
Outre cette approche nationale, le bilan 2006 de l'IRSN dresse également l'état des lieux au niveau local aux alentours de tous les sites nucléaires que ce soit les anciens sites miniers, les usines d'enrichissement, les centrales de production d'électricité, les sites de retraitement du combustible ou encore les sites de stockage des déchets.
Article publié le 20 décembre 2007