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Biocarburants dans le secteur aérien : un envol difficile

Solution mise en avant pour réduire les émissions de GES issues de l'aviation, l'utilisation de biocarburants se heurtent toujours à de nombreux obstacles. Rendement, ressource en biomasse et investissements financiers ressortent en premier.

Energie  |    |  C. Cygler
   
Biocarburants dans le secteur aérien : un envol difficile
   

L'Onera, le centre français de recherche aéronautique et spatiale, a rendu publiques les conclusions de l'étude Swafea sur l'utilisation des biocarburants dans l'aéronautique. Réunissant 18 partenaires européens, cette étude de 26 mois avait pour but d'analyser la faisabilité et l'impact environnemental de ces biocarburants afin de fournir un certain nombre de recommandations pour leur déploiement.

Outre la mise au point de nouveaux moteurs présentant de meilleures efficacités énergétiques, la recherche se focalise depuis quelques années sur le développement des biocarburants. Faute d'atteindre une neutralité parfaite sur l'ensemble du cycle de vie, ils assureraient quand même un gain relativement important en matière de rejets et permettraient de se rapprocher des objectifs ambitieux escomptés. Ainsi, à partir de 2020, le secteur aérien veut continuer à croître sans augmenter ses rejets de CO2. Mais, avec une croissance du trafic estimée à 4 % par an, la tache s'annonce bien compliquée.

Des procédés de transformation à améliorer

L'un des objectifs premiers de Swafea concernait la faisabilité technique de ces carburants alternatifs pour l'aviation. Deux voies de production pour une utilisation à court terme ont été approuvées. La première appelée BtL pour Biomass to Liquid transforme toute matière organique en un carburant liquide. La deuxième est l'hydrotraitement des huiles végétales qui consiste à éliminer l'oxygène contenu dans ces huiles pour les transformer en hydrocarbures.

Ces deux carburants ont fait l'objet de nombreuses démonstrations en vol et sont compatibles avec les moteurs et infrastructures existants, critères essentiels pour assurer leur développement et leur émergence dans ce secteur. L'analyse du cycle de vie des biocarburants, depuis la production des ressources végétales jusqu'à leur utilisation, a confirmé également le bénéfice potentiel en terme d'émissions de gaz à effet de serre.

Mais, avec des rendements faibles de l'ordre de 25 %, ces techniques doivent être développées pour améliorer leur rentabilité économique et leur efficacité. D'autres voies de production, moins consommatrice de biomasse, sont donc à l'étude.

La Belgique transformée en usine à biocarburant

Pour certaines associations environnementales comme les Amis de la Terre, les biocarburants sont une fausse solution au problème des émissions de CO 2 du secteur aérien. "L'industrie aéronautique européenne vole à contre courant. Les agrocarburants aggravent la pauvreté et la faim, poussent à l'accaparement des terres et à la déforestation. Ils font flamber les prix alimentaires et risquent de détruire les climats au lieu de les sauver", s'insurge Christian Berdot, référent sur la campagne Agrocarburants des Amis de la Terre. L'association met ainsi en avant l'objectif insensé de l'industrie aéronautique d'intégrer près de 2 millions de tonnes d'agro-carburant par an à l'horizon 2020. Pour produire cette quantité, 3,5 millions d'hectares seraient nécessaires, soit la superficie de la Belgique ! Pour les Amis de la Terre, les biocarburants vont surtout faciliter les projets d'expansion de l'industrie aéronautique…
Ressource en biomasse et argument économique comme facteurs limitants

La question de la production des ressources nécessaires en biomasse constitue également un véritable frein à l'introduction des biocarburants en quantité suffisante. Selon les conclusions de l'étude Swafea, "les sources traditionnelles de biomasse, à savoir la biomasse issue de l'agriculture et des forêts ne permettront pas à elles seules de remplir l'objectif de diviser par deux d'ici 2050 les émissions du transport aérien". Avec les procédés de transformation actuels, il faudrait utiliser une part trop importante de cette biomasse. Les algues pourraient donc constituer une filière intéressante, notamment en préservant les terres agraires et de qualité. Mais, la mise en production de cette nouvelle solution pourrait nécessiter encore une dizaine d'années de recherche, notamment pour confirmer le potentiel réel.

L'utilisation de ces biocarburants est aussi conditionnée à leur compétitivité vis-à-vis des carburants fossiles. Aux cours actuels du carbone et du pétrole, les coûts de production des biocarburants restent très supérieurs à ceux du kérosène conventionnel. "Si l'on est aujourd'hui capable de produire des biocarburants de qualité, la question de leur compétitivité par rapport au kérosène conventionnel constitue un réel obstacle à leur déploiement. A cela s'ajoute les investissements technologiques et financiers requis pour développer cette production", appuie Philippe Novelli, chercheur à l'Onera et coordinateur de l'étude Swafea.

D'après l'étude, pour diminuer de moitié les émissions de GES d'ici 2050, il faudrait construire près de 80 sites de production d'hydrotraitement ou 300 sites de BtL, ce qui nécessite des investissements immédiats et de grande ampleur.

Une liste exhaustive de recommandations

Pour aider à l'émergence des biocarburants dans le secteur aérien, le rapport met en avant un certain nombre de recommandations principales comme l'instauration d'un objectif modéré d'incorporation de biocarburants dans l'aviation en 2020 ou la mise en place d'un réseau d'excellence européen. L'étude conseille également d'aligner les différentes méthodologies d'analyse du cycle de vie et les critères de durabilité afin d'obtenir une certification mondiale des carburants d'aviation.

Des mesures incitatives sont aussi préconisées visant à encourager l'investissement, le développement et la diversité technologique pour favoriser l'émergence en Europe de projets globaux, intégrant la production de la biomasse ainsi que le lancement d'une démonstration de l'approvisionnement régulier d'un aéroport pilote en biocarburants.

Une dernière recommandation doit être soulignée, avec la nécessité de consolider une évaluation précise de la biomasse disponible pour encadrer et optimiser l'exploitation de la biomasse à l'échelle européenne.

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