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Bois résineux : la filière menacée en France ?

Les professionnels de la filière forêt-bois s'inquiètent d'un manque de production des ressources en France en particulier de résineux face à la hausse de la demande en bois construction et énergie. Ils appellent à investir dans le reboisement.

   
Bois résineux : la filière menacée en France ?
   
Les professionnels de la filière bois (GIE SFA, SNPF, UNEP, FNB et EDT1) ont dénoncé le 10 juin une production ''insuffisante'' de ressources forestières en France pour répondre à la demande croissante du bois, notamment pour la construction et l'énergie et atteindre les objectifs du Grenelle d'ici 2020. Le texte prévoit en effet une augmentation de la récolte en bois de 12 millions de m3 en 2012, soit une hausse de 30 % par rapport au niveau actuel. En outre, Nicolas Sarkozy avait annoncé en mai 2009, 20 millions de m3 supplémentaires en 2020, au lendemain de la tempête Klaus pour soutenir la filière.
Or, les plantations forestières annuelles ont été divisées par 4 en 15 ans en France, passant de 110 millions à 28 millions (hors pin maritime). ''Ce qui ne permet ni de renouveler les surfaces exploitées annuellement en coupe rase, ni de faire face aux enjeux de l'industrie'' actuels, ont alerté les cinq organisations.

Vers un reboisement des forêts de résineux ?

Les professionnels pointent du doigt un déficit de plantations nouvelles dans l'Hexagone en particulier de résineux (principalement sapin, épicéa, Douglas), pourtant indispensables à la production de bois d'œuvre. Les essences résineuses sont en effet les plus utilisées dans la construction bois (plus de 60 %) que ce soit pour les charpentes, ossatures, menuiseries intérieures ou extérieures, revêtements de façade, de sol ou mur…Si l'utilisation du bois dans les constructions neuves doit être multiplié par dix d'ici à 2020, l'offre ne suivra donc pas la hausse de la demande menant ainsi des importations massives de résineux. 90% des bois utilisés pour la maison à ossature bois proviendraient d'Europe du Nord, selon Laurent Denormandie, Président de la Fédération Nationale de Bois (FNB).

Si la France produit en moyenne 7 millions de m3 de sciages de résineux par an, ''aujourd'hui, on importe pour 3 millions de m3'', a-t-il précisé alors que la France n'exploite que 60% de ses forêts…. ''L'industrie française manque déjà vraisemblablement de 4 à 5 millions de m3 de résineux. On ne les trouvera qu'en faisant des plantations'', a affirmé M. Denormandie. D'autant que les surfaces reboisées ont chuté en France depuis la fin des années 60 et sont passées de 70.000 ha à 15.000 ha par an ! De même que sur les les 525.000 ha ravagés par la tempête de 1999, ''seuls 150.000 ha ont depuis été reconstitués'', a ajouté Vincent Naudet, Président du Syndicat des Pépiniéristes Forestiers de France (SNPF).

La filière forêt-bois appelle ainsi les propriétaires forestiers à investir dans le reboisement des espaces résineux actuellement exploités pour ''répondre aux besoins du marché''. L'objectif est de mieux ajuster l'offre à la demande et de résorber la pénurie de ce type d'essence qui guette d'ici à 30 ans, ont prévenu les organisations. La filière puise actuellement dans les ressources plantées à l'époque du Fond forestier national (FFN) supprimé en 1997.

Une filière française plombée par des ''investissements insuffisants''

Les organisations dénoncent un budget encore insuffisant dédié à la filière forêt-bois (déficitaire de 5,7 milliards d'euros) où ''seulement 340 millions d'euros'' sont alloués par le Ministère de l'Agriculture. ''Ce désinvestissement dans son mode de gestion ne peut que contribuer à affaiblir encore plus sa productivité et accentuer son déficit commercial''. Et ce, en dépit du fonds d'investissement stratégique doté de 100 millions d'euros annoncé par le Président de la République ''pour faire émerger un tissu d'entreprises de taille compétitive''. Ce plan d'aide ne concerne essentiellement que la première et la deuxième transformation de la scierie lourde, ont-elles rappelé.

Les professionnels du secteur réclament la mise en place d'une ''véritable stratégie forestière'' en augmentant les investissements et en misant aussi sur la régénération artificielle. Ils appellent à intégrer la plantation, une méthode issue de variétés sélectionnées produites en vergers à graines. Ce qui permettra de ''renforcer le dynamisme de la filière bois, qui emploie plus de 300.000 personnes, sans mettre en péril la forêt française'', selon eux. Le recours à la seule régénération naturelle (à partir de graines d'arbres situés à proximité) ''ne suffira pas et reste incompatible avec les enjeux fixés'' par l'Etat, estiment-ils en jugeant cette méthode ''onéreuse et incertaine''. Les professionnels espèrent par ce biais revenir à taux de boisement équivalent à celui des années 70 soit 45.000 ha/an. Ils estiment également ''urgent'' de revenir à environ 110 millions de plants annuels (contre les 28 millions actuels) pour assurer la pérennité de la filière.

Afin d'inciter les propriétaires forestiers à investir dans leur patrimoine, les organisations préconisent en outre de transformer l'exonération fiscale en crédit d'impôt, de supprimer des taxes lors de l'achat de parcelles devant être boisées ou encore de dédier un fonds carbone à la reconstitution forestière.

Notes

1 - GIE Semences Forestières Améliorées (SFA); SNPF : Syndicat des Pépiniéristes Forestiers Français; UNEP : Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage; EDT : Fédération Entrepreneurs Des Territoires; FNB : Fédération Nationale du Bois.

Réactions13 réactions à cet article

Pourquoi s'entêtent-ils ?

M'enfin ! N'ont-ils rien appris des méfaits du FFN qu'ils en redemandent ? Appauvrissement des sols, perte de biodiversité, sensibilité au vent, etc. Qui veut voir une rangée d'épicéas ou de pins noirs comme il y en a d'ailleurs encore dans les Cévennes ?

Et puis c'est marrant, "on exploite QUE 60% de la forêt" et pourtant on ne trouvera les manques à "gagner" que dans les plantations.

J'aime beaucoup aussi l'idée du fond carbone à destination des propriétaires "motivés". Sachant que les cycles très courts ne permettront pas d'en séquestrer une grosse quantité et que de toute façon une bonne coupe rase en supprimera tous les "bénéfices", je me demande s'ils ne prennent pas les gens pour des c...

rroutch | 16 juin 2010 à 15h44 Signaler un contenu inapproprié
forêt ! cultivée ou naturelle !

bonjour à toutes et à tous ,
dénoncer - crier , super , est-ce suffisant ?
démontrer - montrer et communiquer en permanence me semble plus pertinent !
la com reste un métier .
la forêt , cultivée dans notre pays depuis plus de dix siècles ne peut pas être considérée comme naturelle , alors la régénération naturelle oublions-là !
les plantations représentent l'avenir de notre filière ,
cultivons 40% de notre surface en intensif et tout ira bien !

hubert52 | 16 juin 2010 à 16h24 Signaler un contenu inapproprié
Que veut le lobby du bois ?

Dans le Haut-Languedoc héraultais et tarnais, les milliers d'hectares plantés (nuance : plantation, et pas forêt !)en épicéas sont une catastrophe écologique (massifs mono-espèce, acidifiants, pompent l'eau, ravagés par le scolyte et la sécheresse...), paysagère (fermeture, uniformité), sociale et territoriale (désertification, destruction des structures patrimoniales, chemins et parcellaire). Quant à l'économie... que rapportent les groupements forestiers à leurs petits porteurs, des dividendes ou des dettes ? Alors, que souhaite le lobby du bois ? En rajouter une louche ?

philippeb81 | 17 juin 2010 à 07h46 Signaler un contenu inapproprié
Ils l'appelaient la "Reverdie"...

Dans les années 70, ils ont amené des bulldozers en crête, ils les ont fait descendre jusqu'en bas de la pente, arrachant et poussant devant eux les hêtres et les chênes auxquels ils ont mis le feu l'année suivante, quand ils furent secs. Ils ont planté des épicéas à la place, et aujourd'hui, ils nous arrivent par kilos chaque semaine dans nos boîtes aux lettres, sous forme de prospectus pour acheter des produits inutiles...
Ils appelaient ça la "Reverdie"...

philippeb81 | 17 juin 2010 à 08h51 Signaler un contenu inapproprié
reboisé oui, mais pas en monoculoture

C'est bien beau de vouloir reboisé mais si c'est pour faire comme dans les Landes et ailleurs et avoir des forets en monoculture très pauvres du coup en biodiversité..;aucun intérets...surtout que ces foret en monoculture tombent comme un chateau de carte des qu'il y a une tempête....l'homme est bête et irresponsable parfois souvenez vous apres la tempête de 1999...une catastrophe...eh bien on a replanté sans diversité en ligne...résultat: les arbres a nouveau par terre...c'est pas grave les assurances payent.....

vincent79 | 17 juin 2010 à 09h06 Signaler un contenu inapproprié
Mon beau sapin...

I have a dream... des sapins ici, là, partout, avec des boules et des guirlandes qui clignotent, ce sera Noël toute l'année, quelle joie !

philippeb81 | 17 juin 2010 à 09h28 Signaler un contenu inapproprié
Des petits rappel

Plus ça va, plus on est capable de dire des bêtises : l'enrésinement au vingtième siècle a été fait à tort et à travers sur des endroits non aproprié, donnant lieu à des déperissements majeurs (cas des plantation d'épicéa en plaine). Ces plantations étaient payées par le FFN (fond forestier national) qui n'existe plus aujourd'hui. Par ailleurs, il serait temps de se poser les vrais questions : la plantation est-elle le meilleurs moyens de regénérer les peuplements? On se pleint qu'il y ait de moins en moins de plantation, mais on omet de dire que de plus en plus, on regénère naturellement les peuplements : ce qui donne des peuplements plus résistants, plus écologiques. Quelle erreur de ne pas prendre cela en compte!!!
On cherche à artificialiser la forêt : la tempête de 99 et xynthia n'a-t-elle pas fait réfléchir tout ces messieurs? Ils peuvent spéculer sur les risques d'une tempête en encourageant les plantations, des modes de gestion ultra-productif, mais qui payera la note au premier problème: le propriétaire, pas les industriels!
Les professionnels du secteur de la transformation demandent beaucoup de choses, mais omettent qu'ils boudent le pin noir d'autriche qui est un peu plus difficile à scier, qu'il y a du volume à sortir, mais sur des terrains plus accidentés, ou il faut mettre le prix (ce qu'il ne font pas) pour sortir les bois. Pourquoi pas leur donner le bois?
On parle de plus en plus d'écologie, mais lorsque l'on voit un tel article et les pressions de l'industrie, on se dit qu'on est loin du compte.

jeannot | 17 juin 2010 à 11h04 Signaler un contenu inapproprié
et les feuillus?

Faire des forêts Francaises des usines à bois de résineux, qui sont exploités avec des méthodes destructrices des sols pour adapter la mobilisation de la ressource à la demande industrielle est dénuée de toute approche sur le long terme. Lorsque les sols seront épuisés par des coupes à blanc répétées , que plantera-t-on ? Les résineux pourquoi pas à condition que l'on utilise la régénération naturelle quand c'est possible, qu'ils ne soit pas coupés à 40 ans comme c'est le cas le plus souvent, que des essences feuillues soit intégrées au peuplement. Est- ce que l'on peut appeler forêt la plantation photographiée ci-dessus, pour moi c'est une plantation comme toute plantation agricole, une forêt c'est un écosystème diversifié avec des arbres de tous âges et un mélange d'essences

Lucienne | 17 juin 2010 à 17h56 Signaler un contenu inapproprié
RESINEUX PRECIEUX

Les bois du nord sont ils moins onéreux ? Les populations de grand gibier avec la multiplication des zones interdites de chasse sous la poussée ecolocratique n'auront rien a crouter si on ne replante pas au plus vite plantez vite vi les RBI

PAPY FIRMIN | 18 juin 2010 à 06h16 Signaler un contenu inapproprié
Forêt ou usine à bois ?

est-ce bien une forêt que nous voyons sur la photo ? certainement pas c'est une plantation comme toute plantation agricole . exploiter à outrance la forêt afin de répondre à la demande de l'industrie est choquant et dévastateur de la biodiversité . Nous avons déjà l'exemple avec l'incitation de l'Etat dans les années 60 à planter des résineux qui ont remplacés les peuplements variés, stables , irréguliers, alors que les monocultures de résineux sont vulnérables aux maladies et aux aléas climatiques . Les décideurs ont la mémoire courte et ne voit la forêt que comme usine à bois

Lucienne | 19 juin 2010 à 13h48 Signaler un contenu inapproprié
Ils auraient tort de ne pas essayer !

bien sûr : privilégier une méthode qui enrichit les pépiniéristes à grand renfort de subventions publiques plutôt que de miser sur la régénération naturelle des forêts, méthode beaucoup trop... naturelle ? peu onéreuse ? favorisant la biodiversité ?

etpuisquoiencore | 19 juin 2010 à 21h49 Signaler un contenu inapproprié
Re:reboisé oui, mais pas en monoculoture

ce ne sont pas les assurances qui payent, c'est l'Etat !

etpuisquoiencore | 27 juin 2010 à 12h25 Signaler un contenu inapproprié
Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes

"Ce qui ne permet [pas] de renouveler les surfaces exploitées annuellement en coupe rase [...]" ... On rêve ? Ce qu'ils disent c'est "on veut des subventions pour compenser et pouvoir continuer nos mauvaises pratiques" ! ; la coupe rase est vraiment l'archétype de la gestion crétine ; ça ressemble aux producteurs de fraises espagnols, qui commencent la saison par asperger le sol d'acide nitrique pour détruire toute vie et produire des nitrates... Ils seraient en droit de demander des subventions pour compenser les effets évidemment nuisibles de ces pratiques (et leur payer l'acide nitrique en plus) ?! En gros, ces gens veulent que nos impôts les enrichissent parce qu'ils détruisent notre environnement ?! Quel culot !

aquoibon | 27 juin 2010 à 12h32 Signaler un contenu inapproprié

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