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Actu-Environnement

Éolien : améliorations techniques et bridage réduisent les nuisances sonores

Les nuisances sonores sont probablement l'un des impacts des parcs éoliens les plus critiqués par les riverains. Si la technologie progresse, le bridage, voire l'arrêt, des machines reste parfois la seule solution pour respecter la réglementation.

Energie  |    |  P. Collet

À l'occasion d'une table ronde sur l'acoustique des éoliennes, organisée par le Bureau franco-allemand de coordination des énergies renouvelables, deux spécialistes du sujet ont présenté différentes pistes pour concilier l'implantation d'éoliennes et la réduction des nuisances sonores.

"Soyons honnêtes nous n'avons pas toujours été bons", concède Denis Grelier, directeur technique chez Vestas, qui reconnaît qu'à proximité des parcs éoliens "il y a du bruit" précisant cependant que ce bruit "reste faible." Un point de vue partagé par Roger Drobietz, responsable de la recherche en acoustique pour GE Wind Energy, qui fait part de son expérience personnelle : "je viens de l'aviation et franchement le bruit des éoliennes n'est pas comparable."

Reste qu'indépendamment de la réalité des nuisances, il est essentiel de tenir compte du vécu des riverains afin d'améliorer l'acceptabilité de parcs.

Retours des infrasons

Fin juin 2011, une association a déposé plainte contre un parc éolien érigé à proximité de Laprugne (Allier). Elle s'appuie sur des recherches menées en Suisse sur l'impact sanitaire des nuisances sonores des éoliennes, et tout particulièrement celui des infrasons, pour poursuivre l'opérateur du parc pour mise en danger de la vie d'autrui. "En 2006, le rapport de l'Académie de médecine avait clos le débat", indique Denis Grelier, qui reconnaît néanmoins qu'"il faut étudier les impacts à long terme, notamment s'agissant du stress et des solutions possibles."
En l'état des connaissances, les impacts des infrasons sur la santé seraient anecdotiques. Malgré tout, Denis Grelier reconnaît que "le sujet monte fort parmi les préoccupations des riverains."
Reste que pour le représentant de GE Wind Energy, les infrasons générés par les éoliennes sont bien inférieurs aux infrasons urbains ou côtiers. "Je ne dis pas que ce n'est pas un problème, mais plutôt qu'il faut approfondir les études" conclue Rogier Drobietz.
Impacts sonores des parcs éoliens

Le bruit des éoliennes se décompose en deux catégories : les bruits mécaniques et aérodynamiques. S'agissant des bruits mécaniques, ils sont causés par l'ensemble des équipements embarqués dans la nacelle. Il s'agit d'un bruit globalement stable qui peut être atténué en améliorant les composants, en les confinant et en les isolant. Quant aux bruits aérodynamiques, il est lié à la rotation des pâles. Il est généré par l'interaction de la pointe et des bords d'attaque et de fuite des pâles avec les turbulences de l'air. Ces bruits croissent avec la vitesse de rotation des pâles.

Selon Roger Drobietz, il existe aujourd'hui "une contradiction" entre la volonté des législateurs européens de limiter les nuisances sonores et les travaux des constructeurs d'éoliennes visant à proposer des machines de plus en plus imposantes avec des vitesses de rotation des pâles croissantes pour produire plus d'électricité. Quant au cumul des éoliennes associé à la construction de parcs géants, Denis Grelier estime que "l'impact ne sera pas très différent de celui d'un petit parc" car les nuisances sonores suivent une échelle logarithmique.

Limiter l'émergence

Face à ces nuisances, la France a choisi une voie réglementaire originale. Plutôt que de limiter la nuisance sonore à un niveau fixe exprimé en décibels (dB), la question est traitée par la notion d'"émergence" de la nuisance. Il s'agit de considérer l'écart entre le bruit ambiant et le bruit d'un parc éolien, afin que la nuisance sonore d'un parc éolien ne dépasse pas le bruit ambiant de plus 5 dB en journée et de plus de 3 dB de nuit.

Avec une telle règle, "le mécanisme français est précurseur" estime Roger Drobietz qui juge que "la législation française fera des émules dans d'autre pays."

Concrètement, le bruit ambiant varie en fonction de la végétation alentour et de la météo, rendant chaque situation unique. Ainsi, plus le vent est fort et plus le bruit ambiant augmente, notamment du fait du bruissement de la végétation. Finalement, c'est lorsque le vent est faible qu'il est le plus difficile de limiter l'émergence liée au parc, car si le bruit des pâles est faible, le bruit ambiant ne masque pas les bruits mécaniques relativement stables des équipements de la nacelle.

Les avancées technologiques

Les réponses apportées par les industriels visent tout d'abord à améliorer les performances sonores des éoliennes. En matière de bruits mécaniques, la principale méthode de réduction des nuisances est l'application des "solutions classiques", explique Roger Drobietz. Il s'agit du recours à la ventilation naturelle, afin de limiter l'usage des ventilateurs, de la réduction des vibrations des pièces mécaniques, de l'amélioration des équipements et du confinement des équipements de la nacelle.

S'agissant des bruits aérodynamiques, réduire la vitesse des pâles, affiner leur profil et modifier les bords d'attaque et de fuite, permet de limiter les nuisances. De même, l'optimisation de la conception des pointes des pâles permet de réduire jusqu'à 5 dB le bruit sur certains prototypes, selon des tests effectués par GE Wind Energy. Finalement, les progrès en aérodynamique, conjugués à l'accroissement de la taille des pâles, permettent de produire des éoliennes plus puissantes sans augmenter les nuisances sonores, selon Roger Drobietz et Denis Grelier.

Limiter le fonctionnement des éoliennes

Reste que dans certaines circonstances, le bridage des machines reste la seule solution pour respecter la législation. Il s'agit en particulier de brider la vitesse de rotation des pâles, en pilotant leur inclinaison, à un niveau qui limite l'émergence des nuisances. Une solution qui peut aller jusqu'à l'arrêt complet des machines en cas extrême. Pour Denis Grelier, cette option est "une solution adaptée au marché français, en particulier à faible puissance de vent."

Concrètement, le bridage est piloté selon la vitesse du vent, sa direction et les critères horaires définis par la législation afin de limiter le bruit lorsque le vent souffle en direction des habitations. En premier lieu il s'agit de réaliser un zonage des habitations et de paramétrer des scénarios types en fonction de la vitesse et de la direction du vent.

Si le bridage est simple à réaliser, il coûte cher car sa mise en œuvre implique une réduction de la production électrique. "Il s'agit donc d'appliquer la bonne technique au bon endroit", estime Denis Grelier qui juge qu'actuellemeent aucune technologie ne peut répondre à toutes les situations.

Réactions7 réactions à cet article

Le principal est d'installer les machines, après, les riverains s'y feront...
Les promoteurs le savent bien. Le principal est d'obtenir le PC.La suite, c'est du bavardage.

Bernard | 18 juillet 2011 à 20h23 Signaler un contenu inapproprié

Et si on les enterrait ?
Plus de pollution, ni visuelle, ni sonore…
Quoi ?
Pas bonne mon idée ?
Bon, je la remets dans ma culotte…

Tireman | 19 juillet 2011 à 09h46 Signaler un contenu inapproprié

Une mesure plus radicale: pas d'éoliennes. Elles sont peu efficaces, très couteuses pour le contribuable, destructrices de l'environnement et du lien social par les tensions qu'elles génèrent, ruineuses pour les riverains qui voient leur biens immobiliers perdrent de leur valeur, voir devenir invendables..mais très juteuses pour les promoteurs. Est-ce cela le développement durable?... un développement économique respectueux de l'environnement et qui intègre la dimension sociale?..Oui aux énergies renouvelables respectueuses des êtres humains, oui à la rénovation énergétique des bâtiments créatrices d'emplois localement...arrêtons de maquiller de bonnes intentions le commerce éolien qui n'est que spéculation.

Maggy | 19 juillet 2011 à 23h15 Signaler un contenu inapproprié

pourquoi ne pas préférer les EnR qui ne rencontrent pas d'opposition? peut-être parce que l'éolien c'est très rentable.

G le grand | 19 juillet 2011 à 23h32 Signaler un contenu inapproprié

cet éolien industriel q'il soit sur terre comme sur mer ...c'est inacceptable . inefficace pour tout ...tous comptes faits .....on coure aprés plusieurs lièvre à la fois ...beaucoup plus rapide que nous , c'est aussi du clientélisme politique qui va coûter des dizaines de milliards pour rien car on ne solutionne rien ....mauvais choix , mauvaise stratégie économique et écologique .

hvidsten | 20 juillet 2011 à 09h02 Signaler un contenu inapproprié

On voudrait des éoliennes sans les dommages . Pure vue de l'esprit , ces machines de par leur gigantisme ne sont pas adaptées à nos sites.Ni par leur taille , ni par leur fonctionnement .
Alors que l'énergie des mers ne présente aucun inconvénient , qu'elle est constante, universelle, propre, multiforme, on attend toujours la volonté politique de sa mise en oeuvre.
Mais peut-être est -elle bien moins rentable pour les affairistes des énergies renouvelables?

sirius | 20 juillet 2011 à 10h28 Signaler un contenu inapproprié

L'éolien Off-shore peut être une bonne solution : plus de vent, moins de nuisance, des réserves halieutiques. Les soucis sont les coûts de mise en œuvre et de maintenance (l'atmosphère salin est très sollicitant pour la mécanique).
De plus, je pense que toute solution est meilleure pour l'environnement que le nucléaire.
Mais il faudrait surtout que les français soient plus économes en énergie.
On sait construire des maisons passives pour un surcoût modique, qu'attend-on pour les rendre obligatoires?

Xavier | 21 juillet 2011 à 22h35 Signaler un contenu inapproprié

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