Cette ligne qui traverse la France du Nord au Sud sur une distance de 1 060 kilomètres acheminera à terme 30.000 camions par an et évitera les émissions de CO2 qui y sont liées. L'économie de CO2 est estimée par le ministère français à 80 % par rapport à une liaison routière. Elle permettra en outre aux transporteurs routiers de réduire la durée du trajet (14h30 contre 17 à 22 heures par la route), le coût du transport d'environ 10 %, et de soulager les axes autoroutiers (A6, A7, A9, A31) parmi les plus saturés de France. Grâce à un aller-retour quotidien, l'autoroute ferroviaire permettra de transporter 30.000 remorques par an, soit environ 10 % du trafic réalisant le trajet complet entre la frontière espagnole et le Luxembourg, indique le ministère des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer dans un communiqué. L'objectif poursuivi à l'horizon 2012-2014 est d'augmenter cette fréquence pour atteindre 10 trajets quotidiens soit 300.000 camions transportés par an sur cet axe.
La ligne sera exploitée par Lorry-Rail, société commune à la Caisse des dépôts et consignations qui en détient 42,6 %, au groupe Vinci (19,9 %), à la SNCF, aux Chemins de fer luxembourgeois, à Modalohr (12,5 % chacun) et à l'organisation professionnelle TLF (Transport et Logistique de France), détentrice d'une action. L'aménagement du gabarit de la voie, les équipements et les infrastructures représentent un investissement de 62,5 millions d'euros, dont 36 pour la France, 20 pour Lorry-Rail (la société qui exploitera la ligne) et 6,5 pour le Luxembourg.
Si la fédération France Nature environnement constate qu'il s'agit enfin de la traduction concrète en France du concept de ferroutage à longue distance, elle estime toutefois que cette ouverture de service de transport ne doit pas masquer toutes les difficultés et incertitudes de la politique actuelle des transports ferroviaires et le repli chronique de cette activité depuis de nombreuses années.
Alors qu'actuellement en France, la route absorbe 80 % du transport de marchandises contre moins de 12 % pour le rail, le ferroutage ne représente qu'une part infime, puisqu'il n'est a l'heure actuelle expérimenté que sur 175 km entre la Savoie et Turin, en Italie.
Cette autoroute ferroviaire alpine (AFA), exploitée depuis novembre 2003 par une société privée, filiale commune de la SNCF et de son homologue italienne Trenitalia a vu sa fréquentation augmentée en deux ans pour atteindre 20.000 camions sur l'année 2006. L'extension de cette autoroute est à l'étude vers l'agglomération lyonnaise et le nord de l'Europe et pourrait également être mise en réseau avec l'autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg.
D'autres autoroutes ferroviaires sont en projet, notamment le projet d'autoroute ferroviaire Atlantique. Il pourrait être développé dans un premier temps entre la frontière Espagnole et le Sud de l'Ile-de-France, puis prolongé vers le Nord de la France et vers l'Espagne après la mise en service du « Y basque », indique le ministère des Transports.
Rappelons qu'il apparaît nécessaire que le ferroutage prenne son élan en France car le système de transport* de marchandises actuel entraîne sur le plan environnemental des impacts significatifs en termes de bruit, de pollution de l'air, d'occupation de l'espace avec toutes les conséquences que cela entraîne sur la santé, la qualité de vie des populations et à plus grande échelle le climat de la planète. De plus une étude du ministère de l'équipement et des transports prévoit une augmentation du transport routier de marchandise de 50 % dans les 20 prochaines années ! Pour France Nature Environnement, vouloir mettre en œuvre une autre politique des transports de marchandises, répondant aux défis environnementaux, passe par des choix politiques beaucoup plus volontaristes avec, par exemple : des priorités d'investissements sur les modes alternatifs à la route (ferroviaire, fluvial, voire maritime), l'arrêt des projets autoroutiers en cours ou la mise en œuvre de l'éco-redevance sur le transport routier. La fédération attend d'ailleurs des engagements plus précis des candidats aux élections présidentielles sur ce sujet.
* Les transports représentent 21 % de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l'UE-15 (à l'exclusion du transport maritime et aérien international). Le transport routier constitue à lui seul 93 % du total des émissions liées au transport. Ce sont toutefois les émissions du transport aérien international qui augmentent le plus rapidement, affichant une hausse de 86 % entre 1990 et 2004. (Source AEE)