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AccueilCatherine RongeL'innovation durable à l'origine de nouveaux business models ?

L'innovation durable à l'origine de nouveaux business models ?

Catherine Ronge, Présidente de weave AIR, nous explique en quoi l'innovation durable est source d'opportunités, à condition d'oser la rupture pour inventer de nouveaux business models.

Publié le 23/07/2013

Aujourd'hui, les entreprises sont confrontées à de nouveaux enjeux qui remettent en question leurs modèles économiques : réchauffement climatique, raréfaction des ressources naturelles, vieillissement de la population, appauvrissement de certaines classes sociales… Il est donc urgent de réconcilier innovation et développement durable pour imaginer de nouveaux business models, créateurs de valeur partagée1 au sens porterien du terme.

C'est précisément l'objet de l'étude « Innovation + Développement Durable = Nouveaux Business Models 2» que le cabinet weave AIR a menée en partenariat avec l'Institut pour l'Innovation et la Compétitivité i7 de ESCP Europe.

Innover ? Oui mais pas trop…

Parmi les grands enseignements de cette étude, il apparaît que dans un environnement contraint, tant d'un point de vue concurrentiel qu'écologique, les contraintes peuvent être transformées en opportunités, à condition d'anticiper et d'innover.

80 % des dirigeants interrogés pensent que l'innovation durable sera l'une des cinq priorités stratégiques de leur entreprise dans les cinq ans à venir. Or, il ressort très clairement de l'étude que les démarches d'innovation durable sont, malgré la pression et l'urgence de la situation, encore abordées de façon incrémentale. L'innovation durable inclut au mieux quelques éléments sociaux et environnementaux, au pire seulement quelques éléments « green », sans jamais remettre en question les processus et modèles en place. Il est temps  aujourd'hui d'oser la rupture stratégique pour inventer de nouveaux modèles. Economie circulaire, économie de la fonctionnalité, économie collaborative… à chacun d'imaginer un modèle qui est propre à son ADN et la nature de ses activités.

A titre d'exemple, le service de location des batteries pour véhicules électriques proposé par Renault pourrait bouleverser le marché mature de l'automobile. Cette alternative, liée à l'économie de la fonctionnalité, substitue un service à un produit, ce qui génère de nouveaux modes de tarification, une adaptation de la logistique et requiert l'adhésion des consommateurs, souvent attachés à la propriété des véhicules.

Sine qua non, la condition

En parallèle, ces nouveaux modèles demandent à l'entreprise de repenser ses modes d'organisation et d'évaluation, ce qui la déstabilise voire la décourage de s'engager dans ce type de démarche.

En matière d'organisation interne, les structures en silo qui prévalent aujourd'hui aboutissent à des réponses parcellaires aux enjeux complexes du monde contemporain. Un décloisonnement des fonctions permet une hybridation des compétences, source de créativité et de motivation. CEMEX, entreprise mexicaine spécialisée dans les matériaux de construction, a ainsi développé la plateforme Shift, un réseau social d'entreprise dédié à l'innovation durable. Il permet aux salariés, répartis dans plus de 50 pays, d'échanger plus facilement via des communautés d'intérêt, des blogs et des wikis. Un outil formidable pour fédérer et innover !

Et ces interactions sont d'autant plus riches qu'elles impliquent également des parties prenantes externes. Raisonner au-delà des frontières de l'entreprise, sur le principe de l'innovation ouverte, apporte un regard neuf sur les projets et oblige l'entreprise à sortir de sa zone de confort. Sans parler de la richesse intellectuelle qui naît de la confrontation des expertises et expériences…

Ces nouveaux business models requièrent également une redéfinition de la notion de valeur et des critères d'évaluation. Pour preuve, seuls 17 % des projets d'innovation durable ont des seuils de rentabilité moins élevés que ceux des projets classiques. Les calculs de rentabilité financière sont donc par essence réducteurs et oublient une part importante de la création de valeur, qu'elle soit sociale ou environnementale. Tant à l'échelle macroéconomique à travers le PIB qu'à l'échelle de l'entreprise, les indicateurs de performance gagneraient à inclure les dites externalités positives pour encourager les entreprises à se lancer.

L'entreprise ré-entreprise

Finalement, si la rupture stratégique et le changement de business model sont si déstabilisants, c'est parce qu'ils questionnent l'entreprise en profondeur. Au-delà de son modèle économique, c'est sa définition, son organisation, son périmètre qui doivent évoluer pour faire face aux mutations de la société et de l'environnement.

Inutile de reparler de l'expérience Nokia qui n'a pas su réagir à temps avec l'arrivée du smartphone, sans doute par manque d'anticipation. Le fabricant finlandais a connu des temps difficiles, liés à sa peur d'innover et de perturber son activité phare, les feature phones. Nokia semble aujourd'hui remonter la pente en misant sur l'innovation technologique.

Conclusion : c'est précisément lorsque tout va bien qu'il faut se remettre en question, pour prendre une longueur d'avance, sur les marchés et la concurrence. Pour reprendre les termes du dessinateur Denis Pessin, les entreprises hésitent aujourd'hui entre innover et se planter ou ne rien faire et disparaître… Certes un peu radicale, la formule a néanmoins le mérite de nous faire réfléchir.

Avis d'expert proposé par Catherine Ronge, Présidente de weave AIR.

1 Le concept de « shared value » ou « valeur partagée » fait référence aux pratiques ou politiques de l'entreprise qui cherchent à la fois la performance économique pour l'entreprise et l'amélioration des conditions sociales et économiques des communautés dans lesquelles l'entreprise mène ses opérations (Porter et Kramer, 2011).
2 Télécharger l'étude complète.
http://www.weave-air.eu/publication-de-letude-innovation-durable

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5 Commentaires

Bernard

Le 24/07/2013 à 11h39

Je souscris à cette vision. Ne confondons pas PIB avec l'augmentation de l'énergie consommée; c'est une croyance destructrice, inhibitrice! L'Intelligence Humaine avec ses capacités de créativité est LA ressource de croissance de laquelle naîtra le PIB de 2030.
Bien des process Industriels sont encore basés sur le socle d’une
CONSOMMATION NON RÉGULÉE de l’ÉNERGIE ET DES MATIÈRES PREMIÈRES.
UNE NOUVELLE INDUSTRIE EST A IMAGINER CONSTRUITE SUR
DES MINIMAS DE CONSOMMATIONS D'ÉNERGIES ET DE MATIÈRES PREMIÈRES.
La FRANCE a toute sa place dans cette Nouvelle Industrie pressentie par de nombreux experts, philosophes, … construite sur les deux axiomes :
- Croissance d'UTILISATION de l'INTELLIGENCE HUMAINE,
- Décroissance simultanée de l’Énergie et des Matières Premières consommées par Unités produites intégrant le Transport.
2013 Produit A0 = 15 Intelligence + 70 Matière + 15 Énergie cout X0
2030 produit A1 = 50 Intelligence + 42 Matière + 8 Énergie coût X1
VOILA LA CROISSANCE DES PROCHAINES DÉCENNIES

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Maitre Yoda

Le 25/07/2013 à 7h46

Pas besoin d'aller au Mexique ! La Société Générale a également mis en place un réseau social interne "SG Communities". Il permet au salariés du monde entier d'échanger idées et compétences. Tout récemment il a servi de plateforme à un challenge innovation qui a recueilli pour de 1000 propositions autour de la transition numérique.

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Jean-Claude HERRENSCHMIDT

Le 25/07/2013 à 8h51

Excellente réflexion, Bernard ! A laquelle je souscris pleinement. Il faut toutefois la prolonger par une méthode de valorisation de l'INTELLIGENCE HUMAINE. Ce qui est, de toute évidence, une question extrêmement ardue, non seulement dans son principe, mais aussi (et surtout ?) par les rigidité culturelles qu'il faudra surmonter. Raison de plus pour ne pas attendre, enfoncer le clou comme vous faites, et répandre ces idées avec obstination et persévérance.

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Bernard

Le 25/07/2013 à 12h59

En réponse partielle à Jean Claude, l'ampleur des évolutions technologiques, TIC, Électronique et Matériaux est telle que bien des TPE PME ETI n'ont plus les moyens de s'approprier les connaissances et technologies pour en imaginer des développements. La diffusion des technologies disponibles est impossible tant l'acquisition de nouveautés consomme des ressources.
CRÉONS au cœur des territoires UNE "ÉCOLE" DE L'OUT-NOVATION et des TRANSFERTS DE TECHNOLOGIES

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Noel

Le 26/07/2013 à 11h31

mes propos son un peu loin de cet article. en réalité j'ai appris que certaines usines recherchent les coquilles de noix de palmes. j'aimerais en connaitre plus sur son utilisations car nous en avons dans notre région et que je pouvais leurs en fournir. merci de m'aider dans mes recherches.
Noel

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