© Syctom
Pour la CPDP, le projet fait l'objet d'un quasi-consensus des collectivités. Seule la mairie d'Ivry ne s'est pas encore prononcée officiellement sur le sujet. Le Conseil général du Val-de-Marne demande quant à lui qu'il y ait une coordination entre les projets des 3 usines du département : Créteil, Ivry et Rungis, pour ''une adéquation des capacités de traitements aux objectifs du Plan régional''.
Les syndicats d'exploitants et les salariés soutiennent ce projet. Du côté des associations et du grand public, ''il n'y a pas d'objection majeure ni d'opposition constituée à la reconstruction du centre de traitement des déchets sur le même site, mais plusieurs caractéristiques du projet font en revanche l'objet de critiques'', note le compte-rendu. Certains participants ont néanmoins regretté que seules 3 déclinaisons du même projet leur aient été présentées, sans véritable alternative. Cela ''a amoindri l'utilité du débat, le projet apparaissant comme ficelé''.
La CPDP déplore en effet une mobilisation décevante du public, qui pourrait s'expliquer par ''le fait qu'il s'agit d'une reconstruction et non d'un nouveau projet, que le projet est très avancé et ne propose pas d'alternatives et enfin que le débat est intervenu trop tard dans le processus de décision''.
Divergences sur les capacités de traitement du prochain centre
Pour les associations ayant participé au débat public et regroupées au sein du collectif 3 R (réduire, réutiliser, recycler), ''le projet proposé par le Syctom s'inscrit dans la continuité de l'existant, en donnant la priorité à l'incinération, malgré une diminution apparente du tonnage, au détriment de la prévention, de la réutilisation et du recyclage''.
Le Syctom pour sa part considère ''son projet comme une réponse indispensable à la demande de traitement des déchets ménagers du bassin versant à l'horizon 2020''. Pour le syndicat, les 600.000 tonnes annuelles envisagées se justifient par les prévisions du Plan régional d'élimination des déchets ménagers et associés (Predma), les caractéristiques propres du bassin d'Ivry (croissance démographique) et les incertitudes quant aux résultats des actions en faveur de la réduction des déchets. Il rappelle que le projet diminue de 20 % la capacité globale de traitement par rapport à l'installation actuelle et divise par deux la capacité d'incinération.
Pour les associations, le Syctom sous-évalue les objectifs du Predma qui prévoit une diminution du volume de déchets à traiter par habitant de 50 kg entre 2005 et 2019. Le syndicat table lui sur une diminution de 42 kg par personne entre 2008 et 2020. Le Conseil régional a tenu à rappeler que les objectifs du Predma étaient des moyennes régionales qui ne peuvent pas s'appliquer à un bassin versant.
Le Syctom prévoit large car il se dit inquiet d'une éventuelle sous-évaluation des capacités qui conduiraient à une augmentation de la mise en décharge en Grande-Couronne (300.000 tonnes/an actuellement). Il rappelle néanmoins que si le volume des déchets à incinérer venait à diminuer, la charge de chacun des fours peut être baissée de 30 % et les déchets peuvent être remplacés par de la biomasse.
Pour les associations, l'objectif de 600.000 tonnes a été calculé selon le besoin de chauffage collectif (100.000 équivalents logements) alimenté par la valorisation énergétique des déchets, ce qui détourne les collectivités de ''ce qui devrait être leur première préoccupation : la prévention''.
Enfin, quant au principe de solidarité territoriale affiché par le Syctom afin de diminuer l'enfouissement des déchets à l'extérieur du territoire et optimiser l'utilisation de ses équipements, les associations succombent au syndrome Nimby (Not in my back yard = pas chez moi !). Le nouveau centre pourrait en effet accueillir pour l'incinération 110.000 tonnes/an issues des usines de Romainville et du Blanc-Mesnil. Les associations ont tenu à rappeler que le centre d'Ivry recevait déjà les déchets d'une partie de Paris et de sa région Sud-Est et que la commune avait déjà ''suffisamment contribué à la solidarité intercommunale depuis la mise en service de l'incinérateur en 1969''.
Prévention, méthanisation, incinération : de nombreux désaccords
Si tous les acteurs s'accordent sur la priorité donnée à la prévention, les associations reprochent au Syctom de ne pas assez s'engager sur le sujet. Le syndicat, tout en rappelant consacrer ''un budget important à la prévention'', indique que la compétence revient aux communes. La région Ile-de-France affirme qu'une meilleure cohérence des politiques de prévention pourrait être obtenue en reconsidérant la répartition actuelle des compétences entre les collectivités.
Si le principe de méthanisation en complément de l'incinération semble accepté par tous, une partie du public s'est inquiété des contraintes de volumes de stockage du biogaz inhérentes à ce projet et les risques de nuisance olfactive.
De nombreuses réticences ont été émises quant au recours au tri mécano biologique des déchets (procédé énergivore, compost de moindre qualité). Pour sa part, le syndicat souligne la nécessité d'avoir recours à ce procédé en attendant la mise en place généralisée de la collecte sélective des biodéchets sur le territoire.
Concernant les risques sanitaires liés à l'incinération, les associations demandent qu'un comité de suivi impliquant la société civile, avec des contrôles fréquents et indépendants, soient mis en place. Le Syctom propose en réponse de créer un indicateur accessible à tous, la mise en place de sentinelles volontaires et de déléguer aux associations l'organisation et la maîtrise d'un contrôle annuel des émissions.
Quelle suite ?
Pour prolonger la concertation, le Syctom propose de rester sur la base du comité de concertation qui sera installé entre juin et octobre 2010. Les associations préféreraient la création d'une structure permanente de concertation. Elles demandent également la mise en place d'un garant indépendant, proposition auquel le syndicat n'est pas opposé si sa désignation fait l'objet d'un consensus.