Sachant que le renouvellement du parc est d'environ 1% par an, il ne faut guère compter sur les constructions neuves pour atteindre cet objectif. La rénovation de l'existant est la principale voie de réussite. Mais ce ne sera pas chose aisée car cela concerne plus de 30 millions de logements et plus de 814 millions de mètres carré de bâtiments tertiaires chauffés. L'Etat a prévu de montrer l'exemple avec ses bâtiments publics et a récemment mis en place une réglementation thermique pour les bâtiments de plus de 1.000 m2. Mais pour les logements privés et notamment les maisons individuelles, l'atteinte de l'objectif va reposer sur la bonne volonté des propriétaires à investir dans des travaux.
Un marché dynamique mais insuffisant pour atteindre les objectifs
En France, les maisons individuelles représentent plus de 13 millions de logements. Jusqu'à maintenant le marché de la rénovation a été très dynamique. Selon une étude du cabinet « Développement Construction », il a représenté en 2007 plus de 60,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour les entreprises du bâtiment, soit 45 % de l'ensemble de l'activité du secteur. Le montant des travaux réalisés dans les maisons individuelles a atteint 23,9 milliards d'euros. Ces travaux consistent principalement à améliorer l'habitat en matière de salubrité, de sécurité, d'isolation ou d'accessibilité, de remettre la maison en conformité avec les réglementations ou encore d'améliorer la performance énergétique.
Cependant, selon une étude de l'Observatoire Permanent de l'Amélioration Energétique du logement moins de 10% des logements rénovés atteignent un niveau de performance énergétique en accord avec les objectifs fixés. En effet, cette préoccupation n'est pas encore primordiale pour les ménages qui désirent rénover leur maison et bien souvent ils ne font pas appel à un professionnel capable de leur proposer une enveloppe de travaux globale mais à un artisan ou des entreprises souvent spécialisées dans un seul corps de métier.
De plus, les professionnels ne conseillent généralement pas à leurs clients une maîtrise globale de l'énergie et se limitent aux désirs du client. Par exemple, pour les chauffagistes, l'absence d'installation d'une chaudière performante est principalement liée au fait que le client décide de remplacer sa chaudière à l'identique. Seuls 9 % des artisans ou entreprises ayant installé une chaudière standard ont proposé un produit plus performant.
L'approche de la rénovation va devoir évoluer
Mais il va surtout falloir encourager les propriétaires à rénover et à se tourner vers les professionnels formés. C'est dans cet objectif que les professionnels du secteur se sont regroupés autour de l'organisme certificateur Cequami pour mettre au point une certification de travaux baptisée « maison rénovée ». Filiale du CSTB et de l'association Qualitel, Cequami veut proposer d'ici quelques mois une certification permettant de garantir aux clients la qualité des travaux et par conséquent les économies énergétiques dont il pourra bénéficier.
Les professionnels ont défini un premier référentiel qu'ils vont tester pendant plusieurs mois sur le terrain dans le cadre d'une dizaine de chantiers de rénovation. Ce référentiel regroupe plus de 25 exigences en terme d'organisation, de qualité des services et de qualité technique des maisons rénovées auxquelles les maîtres d'ouvrage devront se conformer pour qu'au final la maison soit certifiée. Cequami vérifiera le bon respect de ce référentiel pendant toute la durée du chantier, de l'état des lieux à la livraison, par des audits sur site et des enquêtes de satisfaction.
Cette certification sera ouverte à tous les professionnels du bâtiment qu'ils soient artisans, architectes, ou constructeurs de maison individuelle du moment qu'ils prouvent leur capacité à proposer une solution globale et efficace à leur client et à s'y tenir au moment des travaux. S'ils ont convaincu, ces professionnels seront porteurs de la certification. Autrement dit tous les chantiers qu'ils réaliseront par la suite seront certifiés « maison rénovée ». Cequami s'assurera que le professionnel continue par la suite à appliquer le référentiel.
Une certification à plusieurs niveaux d'exigences
Les professionnels auront le choix entre plusieurs niveaux d'exigences : certification « de base », option Haute Qualité Environnementale (HQE) et option Bâtiment Basse Consommation (BBC). Concernant la performance énergétique, la certification de base impose de gagner au minimum une classe selon la classification du Diagnostic de Performance Energétique (DPE). Pour les maisons très consommatrices classées E (231 à 330 kWh/m2/an), F (331 à 450 kW/m2/an) et G (> 450 kW/m2/an), les travaux devront systématiquement aboutir à la classe D (151 à 230 kW/m2/an).
Avec cette certification, les professionnels espèrent structurer le marché de la rénovation énergétique : on est aujourd'hui sur un marché de niche, il faut en faire un marché de masse, explique Patrick Nossent, Président de Cequami. Cette expérience va servir à nos professionnels pour offrir un vrai service aux clients, estime Patrick Liebus, Vice président de la CAPEB.
Pour les artisans et autres professionnels, cette certification sera surtout un moyen de se démarquer alors que pour les clients, elle devrait garantir des économies d'énergie. Cequami espère également que la certification servira de preuve aux clients souhaitant obtenir des financements. Rappelons que pour encourager la rénovation, l'Etat est en train de mettre en place un éco-prêt à taux zéro de 30.000€. Sachant que selon les premières rénovations conduites dans le cadre du projet MITECH porté par la fondation Batiment-Energie, il faut compter 15.000€ pour changer de classe de performance énergétique, l'éco-prêt semble suffisant pour répondre aux exigences de la certification.
Cette certification devrait être opérationnelle pour septembre prochain.